En dépit de la canicule… l’économie alsacienne attend un peu de – réchauffement !

Les années se suivent, l’optimisme meurt en dernier, mais les chiffres restent ce qu’ils sont – pas encore de nature à sabrer le champagne…

Où va l'économie en Alsace ? Fortement portée par l'export, l'Alsace risque d'être la première région en France à sentir un léger mieux... Foto: Stanislas Jourdan / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Par Alain Howiller) – Dans la traditionnelle interview du 14 Juillet, la «conjoncture internationale» longuement traitée, a permis à François Hollande d’éviter d’aborder la situation économique du pays. Exit donc la «conjoncture économique» qui s’est pourtant invitée dans le débat lorsque, répondant à «la» question enfin posée, le Président de la République a rappelé qu’il ne briguerait pas un second mandat présidentiel «si le chômage ne baissait pas» !

Rien de nouveau en somme, si ce n’est que tout porte à croire que le président, devenu prudent au contraire de ses ministres qui ne cessent d’annoncer une reprise imminente, ne s’attend pas à un redressement rapide. Il jugera de la situation en toute fin de mandat : c’est alors que les chiffres pèseront sur sa décision. En attendant, les mois, pour ne pas dire les années, se suivent et se ressemblent : l’année dernière, je titrais, ici même (eurojournalist.eu du 6 Août 2014) : «Economie alsacienne : le doute au cœur de l’été».

Emmanuel Macron à la Foire Européenne de Strasbourg ! – Il y a peu, je titrais «Espoirs et soucis de l’économie alsacienne» et voilà que deux études, tombées à quelques jours d’intervalle, relancent un sujet qu’on croyait rejeté à la rentrée d’automne après qu’Emmanuel Macron, le Ministre de l’Economie et des Finances, eut inauguré -le 4 Septembre- la 83ème Foire Européenne de Strasbourg. L’invitée d’honneur d’une manifestation traditionnellement placée sous le signe de la rentrée politique et, surtout, économique sera, cette année, l’Inde !

«La croissance de la production industrielle s’intensifie en Juin», relève la première étude qui poursuit : «La demande est certes sans relief sur le marché domestique, mais les carnets restent proches de la normale grâce à l’export. Une poursuite de la hausse de la production est envisagée en Juillet. Dans les services, l’activité et la demande stagnent. Amélioration en vue en Juillet. L’activité est stable dans le second œuvre et les travaux publics, le gros œuvre fléchit. Pas de reprise (dans ce secteur) d’activité envisagée pour le prochain trimestre, à l’exception du second œuvre qui bénéficie d’une meilleure visibilité !» (Extrait de la «conjoncture en Région Alsace», note établie par la direction régionale de Strasbourg de la Banque de France).

Le «frémissement» qu’on attend ? – La seconde étude repose sur un sondage, réalisé entre le 26 Juin et le 6 Juillet, auprès d’un échantillon représentatif, souligne que 21% (contre 22% lors du sondage précédent) des chefs d’entreprise pensent que leur activité va augmenter dans les trois prochains mois, alors que 54% (contre 58%) pensent qu’elle va se maintenir, 24% estimant (contre 28%) que l’activité va diminuer… 31% (contre 28%) s’attendent à une baisse de rentabilité… 12% des entreprises (contre 13%) s’attendent à augmenter leurs effectifs, 73% (contre 69%) pensent que les effectifs vont se maintenir alors que 15% (contre 17%) qu’ils vont diminuer (données tirées de l’Observatoire de l’Economie Alsacienne, créé par les DNA, le Crédit Agricole et l’Ecole de Management de Strasbourg).

Espoirs relatifs donc sur les effectifs et sur une croissance d’activité grâce notamment à l’exportation qui représente… 53% du PIB de la région alsacienne (soit plus du double de la moyenne nationale, alors qu’elle représente 31% du PIB de la Région Lorraine et 28% en Champagne-Ardenne, futurs partenaires dans la «méga région fusionnée de l’Est)… En pleine canicule estivale, l’économie alsacienne espère pouvoir vivre un… réchauffement salutaire !

C’est ainsi que, selon la note de conjoncture de la Banque de France : «La production industrielle enregistre une progression en Juin qui concerne la quasi-totalité des grands secteurs à l’exception des équipements électriques (dont, note de la rédaction, l’activité devrait pourtant se renforcer dans les semaines qui viennent), les équipements électroniques et mécaniques (ce secteur connait, notamment dans l’automobile, une bonne visibilité jusqu’à l’automne)… Les livraisons s’inscrivent également en hausse dans l’industrie (20,7% des actifs). La fabrication de denrées alimentaires», poursuit la note, «et de boissons ainsi que le secteur automobile connaissent les mouvements les plus amples. A l’approche de la période estivale, les effectifs se renforcent graduellement par l’appoint d’intérimaires ou de saisonniers…».

Ce que pensent les chefs d’entreprises ! – Et la note de préciser : «Les Chefs d’entreprise anticipent la poursuite d’une hausse de la production dans les prochaines semaines. Les plus fortes attentes se situant dans les équipements électriques, électroniques et dans le secteur dit ‘autres produits industriels’». (Note de la rédaction : sous cette dernière appellation, on regroupe le travail du bois, le papier, l’imprimerie, le caoutchouc, le plastique, la métallurgie et la fabrication de produits métalliques : l’ensemble de ces activités représentant près de 50% des actifs).

Le frémissement enregistré dans les entreprises et la progression chiffrée de l’appel à des intérimaires confirment ces approches : amorceront-elles enfin une régression du chômage ? Il faudra attendre les chiffres qui seront publiés à l’automne pour pouvoir l’apprécier éventuellement. Aura-t-on, enfin, cette inversion de la courbe du chômage qu’on promet depuis des années ? Pour que cette inversion ait lieu, il faudra que se retrouve, chez les chefs d’entreprise comme chez les consommateurs, une constante qui ne se décrète pas : la confiance. Viendra-telle soutenir le «frémissement» ? L’amplifiera-t-il ? Les ressorts psychologiques seront, sans doute, déterminants dans la reprise attendue. Professeur d’économie politique à la Faculté de Droit de Strasbourg, Pierre-Louis Reynaud l’enseignait déjà, il y a un demi-siècle : les «penseurs de l’économie se moquaient, alors, de ses théories qui s’éloignaient tellement de «l’économie mathématique» dominante. De quel côté seraient les rieurs aujourd’hui?…

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