En Islande, on séquestre le CO2 !

L’Islande produit 100% de son électricité de façon verte et durable, mais émet deux fois plus de tonnes de CO2 par habitant par an que la moyenne européenne ! Elle innove et expérimente une nouvelle façon de limiter cette production de gaz à effet de serre.

Les geysers, ici le geyser de Strokkur, sont l’une des nombreuses sources d’énergie géothermique d’Islande, mais font également partie des phénomènes naturels attirant de nombreux touristes. Foto: Anouchka Braig / CC-BY-SA 4.0int

(Anouchka Braig) – L’Islande est vraiment un pays attrayant… Les richesses naturelles de la « terre de feu et de glace » sont non seulement fascinantes pour les nombreux touristes venant les découvrir, mais sont aussi de formidables sources d’énergie !

La situation géographique surprenante du pays insulaire, sur la faille séparant les plaques tectoniques eurasienne et américaine, explique l’existence de phénomènes volcaniques et para-volcaniques importants. De plus, située quelques kilomètres à peine au Sud du cercle polaire arctique, l’île est recouverte à 11% de glaciers, dont la fonte naturelle est à l’origine de la formation de nombreuses rivières et hautes cascades. Ces deux caractéristiques environnementales permettent à l’Islande de produire 100% de sa consommation en électricité de façon durable et renouvelable.

Grâce à la géothermie et aux barrages hydroélectriques, l’Islande est presque indépendante pour ses besoins énergétiques, sans parler du considérable potentiel d’énergie éolienne, jusqu’ici encore inexploité !

Mais, car il y a un mais, produire une énergie verte, en grande quantité et bon marché, a forcément un inconvénient. Le forage des puits nécessaires à capter l’énergie géothermique du sol Islandais, produit une grande quantité de dioxyde de carbone. Le pays a également attiré l’industrie lourde. Nécessitant une quantité d’énergie énorme, bon marché sur l’île, elle n’allège pas l’empreinte carbone de l’activité humaine ! Enfin, l’explosion du tourisme, et donc des transports en commun et aériens vers l’île et ses merveilles, achève de noircir le tableau.

Seul pays au monde à produire 100% de son électricité avec des sources d’énergies renouvelables, l’Islande est moins bonne élève concernant l’émission de gaz à effet de serre…

Mais c’est sans compter sur la capacité des islandais à innover, et à mettre à profit l’environnement à disposition, pour transformer le CO2… en minéral !

Depuis 2012, une expérimentation nommée « CarbFix » permet de réduire d’environ 30% les émissions de CO2 produites par la centrale géothermique de Hellisheidi, non loin de la capitale. Le CO2, capté depuis l’usine émettrice, est acheminé via des pipelines vers l’usine de captage.

Il est ensuite ajouté à de l’eau douce, et injecté à environ 1km de profondeur, où il entre en contact avec le basalte, roche volcanique poreuse très présente en Islande. Par réaction chimique avec la roche, le CO2 se solidifie dans le basalte en environ deux ans.

Il s’agit d’un phénomène de minéralisation connu, qui prend habituellement des milliers d’années. De plus, il n’altère en rien l’écosystème. Le seul inconvénient est la nécessité d’une grande quantité d’eau douce, très précieuse, pour le procédé. Les ingénieurs de « CarbFix » travaillent actuellement à adapter la méthode avec de l’eau de mer.

D’ici 2030, environ un milliard de tonnes de CO2 sera stocké de façon permanente dans le sol. De plus, cette méthode de séquestration du CO2 serait applicable à tous les territoires riches en basalte, comme en Irlande, ou dans la moitié Nord de l’Allemagne.

L’Islande est donc en passe de réduire d’elle-même sa production de gaz à effet de serre. Il serait alors intéressant que l’île dispose d’un parc automobile entièrement électrique, afin de s’affranchir des énergies fossiles, limiter la production de CO2 liée au tourisme, et être entièrement autonome pour ses besoins énergétiques.

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