En route vers le deuxième tour des municipales

Cette semaine, Eurojournalist(e) vous donne une appréciation très personnelle des trois listes qui espèrent remporter le deuxième tour des élections municipales. Aujourd'hui : la liste de Jeanne Barseghian (Verts/EELV).

Jeanne Barseghian, femme du terrain, vainqueur du 1er tour - l'avenir de la politique strasbourgeoise ? Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Avec plus de 28% des votes, la liste de Jeanne Barseghian avait largement remporté le premier tour. S’il convient d’interpréter les chiffres avec prudence, puisque 2 électeurs ou électrices sur 3 avaient boudé ce premier tour le 15 mars dernier, il n’en reste pas moins que c’est Jeanne Barseghian qui l’a gagné. On connaît la suite : Jeanne Barseghian et Catherine Trautmann (PS) n’avaient pas réussi à se mettre d’accord sur une liste fusionnée et cela conduit, le 28 juin, à une triangulaire.

Jeanne Barseghian est la seule tête de liste qui parle parfaitement l’allemand. A un moment de crise qui nécessitera le renforcement de la coopération transfrontalière avec l’Allemagne et la Suisse, il serait intéressant d’avoir une maire qui pourrait communiquer avec les partenaires dans la région du Rhin supérieur sans interprète interposé…

Les Strasbourgeois auront un véritable choix à faire – les trois têtes de liste représentant tous des approches politiques différentes, des valeurs différentes et des idées de gouvernance différentes aussi. Tout dépendra de la capacité des trois listes à mobiliser leur électorat, car une nouvelle fois, on doit s’attendre à un fort taux d’abstention.

Ce qui parle POUR Jeanne Barseghian : D’abord, il faut dire que tout comme Catherine Trautmann, Jeanne Barseghian est une femme brillante. Avec curriculum et des expériences axées sur la coopération transfrontalière, Jeanne Barseghian fait partie d’une génération ayant grandi dans une « Europe Erasme » – et en vue de l’importance que revêtira la coopération transfrontalière pour pouvoir faire face aux crises qui arrivent, cette expérience peut être très importante. Réaliste, Jeanne Barseghian propose un projet écologique pour Strasbourg qui tienne compte de ce qui peut être réalisé avec un budget impacté par les crises.

Résolument pro-européenne, la candidate Barseghian s’opposera à certains ténors parisiens de son parti – elle a toujours défendu le Parlement Européen à Strasbourg. Sans aucun doute, Jeanne Barseghian représente un changement fondamental de la politique strasbourgeoise et on verra si les Strasbourgeois.e.s veulent ce changement maintenant.

Ce qui parle CONTRE Jeanne Barseghian : Le monde a beaucoup changé depuis le premier tour le 15 mars. Beaucoup de sujets de prédilection des Verts, comme le réchauffement climatique ou la protection de l’environnement, sont passés au deuxième plan face à la crise sanitaire et économique. Même si ce serait le moment pour ne pas freiner, mais au contraire, multiplier les efforts dans le domaine de l’écologie, les électeurs et électrices risquent de se tourner davantage vers l’expérience et la compétence économique. Le fait que Jeanne Barseghian propose la création de 10 000 emplois « verts » ne passe pas très bien au niveau de la communication.

Un malus certainement aussi dans la communication peu respectueuse de la part des autres listes : les commentaires de ceux qui ont visiblement peur des « écolos-communistes » sont souvent d’une grande violence verbale. Pourtant, Jeanne Barseghian représente la tendance « réalo » des Verts – et elle veut construire et non pas introduire des interdictions comme le craignent ses adversaires politiques.

Il serait malhonnête de ne reconnaître à la vainqueur du premier tour que des chances d’outsider. La liste Barseghian a devancé toutes les autres listes d’au moins 8% ; et si son équipe arrive à mobiliser l’intégralité de son potentiel électorat, ses chances d’arriver en tête le 28 juin sont intactes.

Le 28 juin, tout se jouera à quelques centaines de votes près. Si on peut facilement comprendre les nombreux abstentionnistes qui refusent de cautionner cette Ve République qui se trouve sur sa dernière ligne droite, il conviendra quand même de réfléchir qui on veut voir sur le siège du maire pour les années à venir. Les Strasbourgeois et Strasbourgeoises auront un vrai choix à faire, entre des styles de gouvernance différents, des projets pour la ville différents et des personnalités très différentes. Le seul moyen pour choisir, c’est d’aller voter. Même si on n’est pas content de la politique en général. On s’attend alors à une soirée électorale à suspense le 28 juin !

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