Encore 6 à 8 semaines – le grand sommeil européen

Tout le monde semble être d’accord sur au moins un point – il reste 8 semaines pour résoudre la crise des réfugiés, autrement l’Europe risque d’éclater. Mais personne ne bouge…

A Davos a lieu "l'EURO de la platitude politique"... Foto: World Economic Forum, Cologny, Switzerland / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – Les «puissants» de l’Europe sont d’accord – l’Union Européenne se trouve au bord du dépôt de bilan. Le Président du Conseil Européen Donald Tusk l’a dit, le Premier Ministre néerlandais Mark Rutte l’a dit et le Premier Ministre français Manuel Valls l’a dit, tout comme Alexis Tsipras ou Wolfgang Schäuble – d’ici 8 semaines, l’Europe doit trouver une solution à la question des réfugiés, car autrement… Alors, c’est quoi, ce «autrement» ? Tout le monde se regarde mutuellement, sans pour autant bouger. On attend. Avec fermeté et détermination. Et après avoir attendu pendant 8 semaines que quelqu’un d’autre ait résolu le problème, il se passera quoi alors ? Nous autres citoyens le savent – d’ici 8 semaine, l’Union Européenne n’aura rien résolu du tout.

Les platitudes que sortent les responsables politiques européens actuellement prouvent tout le manque d’idées et de créativité de ces gestionnaires du déclin. N’est-ce pas, Monsieur Valls ? Votre déclaration à Davos «nous avons besoin de plus d’Europe et non pas de moins d’Europe», nous l’avons déjà entendu 100 fois, 100 fois de trop. Nous savons que personne ne prendra cette initiative pour créer «plus d’Europe». A son homologue néerlandais Mark Rutte de nous mettre en garde : «Nous avons encore 6 à 8 semaines pour réussir à gérer la crise des réfugiés». Bien, on a compris. Et vous proposez quoi ?

A Davos, même un Alexis Tsipras n’est plus que l’ombre de lui-même. Non, le chef de la «Syriza» ne demande plus à ce que le les banques soient mises à contribution, il ne demande plus une révolution sociale, il ne défend plus les aides aux plus démunis. Et Wolfgang Schäuble, l’incarnation personnelle du concept de l’austérité, se limité à l’éternel «il faut établir des quotas de distribution des réfugiés» et «il faut mieux sécuriser les frontières extérieures de l’Union». Oui, Monsieur Schäuble, vous et vos collègues bricolent sur ces deux questions depuis des mois et des mois, sans être arrivé à autre chose que d’arroser le président turc Erdogan avec des milliards en espérant que lui, surtout lui !, règle le problème à votre place. Contre le timide plan européen de distribuer 120.000 ou 160.000 réfugiés (sur bien plus d’un million), la Slovaquie a porté plainte devant la Cour Européenne. Ça ne marchera jamais. Et augmenter l’étanchéité des frontières extérieures de l’Union relève de l’utopie. Qui pourra empêcher des réfugiés qui courent pour sauver leur vie, de prendre la mer sur des embarcations de fortune ? En attendant que les grands patrons de l’Europe trouvent mieux que ces phrases 100 fois rabâchées, on verra encore de nombreux petits Aylans échouer sur les plages de la terre promise qui est l’Europe.

Donc, nous sommes à, disons, «J-60», et aucune solution n’est en vue. Est-ce que les responsables seraient déjà en train de poursuivre d’autres stratégies puisque rien ne fonctionne ? Comme «la coalition des bonnes volontés», comme le dit Wolfgang Schäuble ? Sauver l’Europe en la condensant à 5 ou 6 pays sur les 28 ? Sauver l’Europe en acceptant qu’elle soit abolie ?

A «J-60», nous avons besoin d’idées et surtout, d’une véritable volonté politique – qui, en toute occurrence, n’existe pas. Wolfgang Schäuble sait pourquoi : «L’Europe est très complexe et bouge très lentement». Merci, Monsieur Schäuble, on n’aurait jamais trouvé tout seul. La seule responsable européenne ayant réagi et agi rapidement face à l’afflux des réfugiés, c’était la chancelière allemande Angela Merkel. Et elle est en train de payer le prix fort pour ne pas avoir adopté la même attitude résignée et paralysée de ses collègues.

Les 500 millions de citoyens et citoyennes européens et surtout les réfugiés qui arrivent des pays que nous bombardons actuellement, auraient mérité mieux que ces platitudes. Mais au lieu d’agir avec un minimum de courage, on préfère regarder la montée des extrémistes néonationalistes et xénophobes un peu partout en Europe. Si les responsables politiques l’ignorent, nous, on le sait – demain sera «J-59»…

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