Enfin !
Il fallait attendre neuf ans avant qu'un tribunal n'établisse le caractère antisémite de la profanation du cimetière juif à Sarre-Union. Mais mieux vaut tard que jamais.
(KL) – Le 12 février 2015, le cimetière juif de Sarre-Union a été profané par des mineurs. 250 tombes furent à l’époque dévastées, plus de la moitié de toutes les tombes se trouvant sur ce cimetière, ainsi que le mémorial aux morts juifs pendant la guerre. Les auteurs de cette profanation étaient rapidement identifiés, mais mineurs, leur procès tournait en une sorte de rappel à la loi, sans chercher plus loin. Pourtant, plusieurs associations et personnes s’étaient constituées parties civiles en interjetant un appel au jugement de première instance qui avait soigneusement évité de se prononcer sur les réseaux néofascistes et surtout, le caractère antisémite de cette profanation. Le 23 septembre, la Cour d’Appel de Metz, Chambre des Mineurs, a délivré un nouveau jugement qui lui, met de la lumière sur ce qui s’était réellement passé. A noter : aucun des auteurs de cette profanation n’a estimé nécessaire de se rendre à l’audience, ils étaient tous représentés par des avocats et leurs parents qui légalement, devait répondre pour les actes de leurs enfants.
Pendant l’audience, le récit de ce qui s’était passé sur le cimetière juif de Sarre-Union le 12 février 2015, était glaçant. La Cour a établi une orgie néonazie et antisémite, parlant de saluts nazis, de slogans nazis, des profanateurs qui urinaient sur les tombes, qui cassaient les pierres tombales, qui se livraient à une frénésie de destruction sur fond de musique métal. En vue de ces récits, on a du mal à comprendre comment les instances inférieures aient pu qualifier cette folie néonazie et antisémite de « bêtise de jeunesse ».
Mais l’enquête allait plus loin cette fois, prenant en compte tous les éléments. Ainsi, les enquêteurs avaient trouvé des matériels néonazis sur l’ordinateur d’au moins l’un des inculpés, ainsi que des conversations à caractère antisémite sur les téléphones portables de plusieurs parmi eux. De plus, pendant les interrogatoires, ces mineurs avaient indiqué qu’ils avaient commis ces actes par antisémitisme. Enfin, au bout de neuf ans, la Cour d’Appel de Metz a souligné le caractère antisémite de cette profanation, chose dont personne n’avait douté dès le lendemain des actes.
Visiblement, ces jeunes et leurs familles n’ont pas trop de remords. Non seulement, tous les auteurs de cette profanation n’ont pas participé à l’audience devant la Cour d’Appel de Metz, en plus, leurs avocats ont tenté à plusieurs reprises de stopper la procédure en demandant à ce que les anciens jugements soient confirmés, histoire de clôturer la procédure devant la Cour d’Appel.
L’antisémitisme s’installe de plus en plus en Alsace, force est de constater que les auteurs des profanations des cimetières juifs à Herrlisheim le 10 décembre 2018, à Quatzenheim le 18 février 2019 ou à Westhoffen le 3 décembre 2019 n’ont jamais été identifiés et à l’époque, on n’avait pas l’impression que les autorités avaient fait du zèle pour élucider les profanations dans ces villages.
Il est évident et la Cour d’Appel l’a constaté, qu’il existe des réseaux néonazis en Alsace où des jeunes sont endoctrinés à la haine et aux idées nazies, car il est évident qu’aucun jeune n’ait des idées antisémites et néonazis sans que des adultes les leurs enseignent.
Les autorités doivent être plus vigilantes quant à l’existence de ces réseaux qui sont aujourd’hui aussi actifs qu’en 2015. L’antisémitisme n’est en aucun cas une « opinion », mais il constitue un délit et ce, particulièrement aujourd’hui, à un moment où cette « haine du juif » conduit presque quotidiennement à des actes et agressions antisémites, en Alsace et partout en France.
Non, le 12 février 2015 n’était pas une « bêtise de jeunesse », mais un acte antisémite et néonazi et c’est très bien que la Cour d’Appel de Metz ait établi ces faits clairement. Mais comment est-ce possible qu’il faille attendre 9 ans avant que la Justice dise clairement les faits ? Comment est-ce possible que ces réseaux puissent continuer à exister et fonctionner ? Et comment est-ce possible que les auteurs de ces actes et leurs familles ne montrent pas le moindre remord et n’aient pas réparé les dégâts ? Si le jugement de la Cour d’Appel de Metz du 23 septembre est important, il sera aussi important que les autorités interviennent de manière déterminée contre ces réseaux de la haine.
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