Enfin !

Dans la nuit de vendredi à samedi, le premier réacteur de la centrale nucléaire de Fessenheim sera arrêté. Il était temps...

Personne n'aurait pu être évacué en cas d'accident à Fessenheim... Foto: BUND Regionalverband Südlicher Oberrhein / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Pendant de longues années, les responsables de la centrale nucléaire de Fessenheim et toute la commune ont vécu dans le déni – en pensant que leur centrale allait tourner pour l’éternité. La centrale la plus vieille de France, qui a enregistré d’innombrables « couacs », est arrivée à sa fin. Et toute la région (sauf dans la commune de Fessenheim) pousse un grand « ouf » de soulagement.

Depuis 1978, la centrale de Fessenheim n’a jamais cessé de faire parler d’elle. Située en plaine rhénane, elle constituait autant une menace pour l’Alsace que pour le Pays de Bade, surtout pour la ville de Freiburg. Implantée dans une zone à activité sismique, derrière des digues qui la protégeaient contre des inondations, elle était une source de souci permanente. Qui ne se souvient de ces images de personnes qui, en été et par temps de canicule, arrosaient la coupole avec des tuyaux d’arrosage pour maintenir ce produit high-tech à une température sûre ?

La population du Rhin Supérieur réclamait depuis des décennies la fermeture de cette centrale, de nombreuses organisations luttaient contre cette centrale, de nombreux procès étaient menés, mais rien ne pouvait arrêter cette centrale qui, en cas d’accident, aurait rendu la vallée du Rhin Supérieur inhabitable pour des millénaires. Les gouvernements se succédaient, promettaient cette fermeture tant attendue, on nommait des « commissaires à la fermeture » et rien ne se passait.

Cette nuit, on siffle la fin de la partie. A Fessenheim, la population s’indigne. On détruit des emplois, on met en péril une zone rurale, une reconversion prendra des années et des années, comme l’a expliqué Monsieur le Maire sur les ondes de Radio France Bleu Alsace. Le fait que la commune de Fessenheim commence maintenant à se pencher sur la question de l’organisation de « l’après-Fessenheim » est pathétique. Les habitants avaient des décennies pour se préparer au jour J ; ils avaient presque 10 ans pour discuter la proposition faite en 2012, à savoir de transformer la centrale en un centre de formation international pour le démantèlement de centrales nucléaires.

Cette excellente idée n’a jamais fait l’objet de considérations sérieuses. Pourtant, ce projet aurait non seulement assuré l’emploi dans la centrale, mais il aurait placé Fessenheim sur la carte du monde, car ces prochaines années, un grand nombre de centrales nucléaires doit être démantelé. En Allemagne, où on a déjà fermé 13 des 19 centrales nucléaires (les six centrales restantes seront arrêtées en 2021 et 2020), on constate les difficultés liées au démantèlement de telles centrales et surtout, au stockage définitif des déchets radioactifs.

A entendre les plaintes en provenance de Fessenheim, on ne peut que leur exprimer notre compassion et leur poser la question : comment les administrations, EdF et l’Etat ont-elles préparé le temps après la fermeture ? Il serait tout de même surprenant que personne n’avait élaboré un vrai plan, surtout dans la mesure où il y avait des projets qui auraient pu assurer un avenir économique à cette centrale. La première adresse pour se plaindre, c’est EdF, qui reçoit une « indemnité proche de 400 millions d’euros et un supplément pour ‘manque à gagner’ jusqu’en 2041 ».

En tout cas, lorsqu’on considère que 930 000 personnes vivent dans un périmètre de 30 km autour de la centrale, il a toujours été irresponsable de faire courir un risque mortel à toute cette population. Pendant la nuit de vendredi à samedi, on entendra les bouchons sauter entre Bâle et Karlsruhe, entre Saint-Louis et Wissembourg. 42 ans de danse sur le volcan se terminent, même si la grande fête n’aura lieu qu’au mois de juillet, lorsque le deuxième réacteur sera également arrêté. Mais l’arrêt du premier réacteur, c’était le top départ que toute la région attendait depuis 42 ans.

1 Kommentar zu Enfin !

  1. Das ich wieder e guueter Artickel vum Kai Littmann (desmol allerdings uf Franzeesch… dafer as die Herre vu Pàris uns ändlik verstehn… was si doch nit màche: allô Paris, Alsace bobo… KRANKreich AKW Fessenheim àbschàlte… si ca pète, c’est pas chez nous, tampis pour les boches… La frontière s’arrête au Rhin. Salut bissàme !

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