Enquête : Les Allemands pensent dominer l’Europe…

Une enquête montre que la majorité des Allemands approuve la politique européenne menée par Angela Merkel. Par conviction ou par simple ignorance ?

En Allemagne, le "nouveau nationalisme" est plus économique que politique. Foto: Pedelecs / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Cette enquête risque de réveiller de vieux préjugés en Europe – une étude menée par l’Institut TNS pour le compte du DER SPIEGEL montre que la majorité des Allemands considère que l’Allemagne domine l’Europe. L’attitude allemande vis-à-vis des autres pays européens ne déplaît pas non plus – 71% des sondés estiment que le gouvernement allemand ne doit pas se comporter «avec plus de retenue».

84% des sondés pensent que «l’Allemagne soit la nation dominante aux niveaux politique et économique en Europe et ce, plus que dans le passé» sans que cette position dominante n’engendre des responsabilités accrues – au contraire. L’attitude politique d’Angela Merkel est généralement considérée comme adaptée, ce qui est certainement du à une grande méconnaissance des conséquences de la politique d’austérité allemande dans les pays les plus touchés. Ainsi, seulement 27% des sondés estiment que l’Allemagne se comporte de «manière trop dominante» – la propagande allemande semble faire son effet.

De nombreux grands médias allemands, la BILD en première ligne, mènent depuis un bon moment, une campagne de dénigrement des états-membres du sud de l’Europe, en insinuant que des pays comme la Grèce, le Portugal ou l’Espagne se trouvent en difficultés à cause de la «fainéantise» des peuples concernés. A force de lire des choses comme «Nous avons assez payé pour ces Grecs avides», de nombreux Allemands pensent que le pays ait véritablement aidé les peuples dans ces pays et que ces derniers réclameraient toujours plus d’aides. Un débat sur ces «aides» n’a quasiment pas lieu en Allemagne et la majorité des Allemands ignore que l’argent mis à la disposition de la Grèce a surtout servi à satisfaire des banques allemandes, européennes et internationales ayant spéculé sur la dégringolade de l’économie de la Grèce.

Politiquement, l’Allemagne dort. Si dans d’autres pays, le nationalisme s’est «politisé» (comme en France avec l’essor du Front National), ce nationalisme se traduit en Allemagne par un manque d’intérêt pour ce qui se passe ailleurs. Le pire dans tout cela est que les Allemands se considèrent comme les «bienfaiteurs» de l’Europe et qu’ils estiment que le pays se comporte de manière solidaire avec les autres peuples européens. Ils ne se rendent pas compte que le relatif succès de l’économie allemande est du justement au fait que la crise ait frappé dans les pays du Sud, pendant que des pays comme l’Allemagne aient pu se refaire une santé sur la souffrance des autres.

Malgré les presque 16 millions d’Allemands menacés par la pauvreté, les Allemands vivent majoritairement dans une situation matérielle sécurisante. Ce (faux) sentiment que tout aille bien, est attribué à la politique menée par Angela Merkel, ce qui explique son succès électoral. Il ne faudra donc pas trop compter sur les Allemands pour lancer une «révolution sociale européenne» – lors des prochaines élections, les électeurs allemands continueront à plébisciter Angela Merkel et sa politique d’austérité. Et du coup, on se rend compte du pouvoir excessif des médias de masse qui se font porte-parole de la politique du gouvernement allemand – au niveau européen, l’Allemagne s’isole de plus en plus et les Allemands ne s’en rendent même pas compte.

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