Ensemble contre les violences racistes et xénophobes

Ce soir, au FEC, Chantal Cutajar et Quentin Urban discuteront des solutions pour une situation de plus en plus marquée par des extrémistes.

Une conférence intéressante ce soir à 19h au FEC à Strasbourg, avec Chantal Cutajar et Quentin Urban. Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Tags racistes, profanation de cimetières juifs, chrétiens et musulmans, le rejet de « l’Autre », une ambiance profondément marquée par une violence montante. Que faire ? La maire adjointe à la démocratie locale Chantal Cutajar discutera avec l’enseignant-chercheur Quentin Urban des possibles solutions pour que la société retrouve le chemin vers la normalité. Car la haine qui s’est installée entre les différentes communautés est tout sauf la normalité. Interview.

Chantal Cutajar, ce jeudi 14 novembre, vous discutez à 19 heures au FEC avec votre collègue Quentin Urban de la xénophobie et des violences et incidents racistes qui se multiplient. Comment combattre ces deux fléaux qui commencent à faire partie du quotidien ?

Chantal Cutajar : C’est l’objet de la rencontre que nous avons voulu organiser avec Quentin Urban, parce-qu’il n’y a pas de recettes miracle pour combattre ce cancer. Nous proposons aux citoyens ce temps d’échanges pour tenter de comprendre les ressorts de ces actes, réfléchir sur le rôle du droit et de la justice dans la lutte contre le racisme, l’antisémitisme, l’islamophobie, le suprémacisme, le rejet des étrangers et favoriser l’émergence d’initiatives complémentaires à celles déjà déployées par d’autres.

Tags racistes presque tous les jours sur des bâtiments publics et les domiciles d’élus – la xénophobie se manifeste de plus en plus ouvertement – pendant que l’antisémitisme, l’islamophobie et même l’anti-christianisme se sont installés dans le quotidien. D’où vient cette haine de « l’Autre », surtout dans la mesure où « l’Autre » fait aussi partie de « nous » ?

CC : La multiplication de ces actes doit nous interpeller et, au-delà de l’indignation, nous amener à en rechercher les causes pour mieux les combattre. Cette fois-ci c’est la faculté de droit qui a été visée. Plusieurs explications peuvent être avancées. Celle de la délinquance d’opportunité : un beau panneau blanc offert à l’expression. Dans cette conception, la localisation ne serait pas signifiante, ce n’est pas la faculté de droit qui serait visée ni même l’Université. Une autre explication possible, et c’est celle que nous partageons avec Quentin Urban, serait au contraire, de dire que la localisation est le résultat d’un choix réfléchi. Tout d’abord, le choix de ce lieu n’est pas dû au hasard. Il y a dans la ville de nombreux espaces muraux qui peuvent servir de support à des tags. Ensuite, le campus est le symbole géographique de la vie universitaire. L’inscription « zone raciste » au sol en signe de démarcation signifie bien que les auteurs ont voulu faire de la faculté de droit un sanctuaire raciste et cela, nous ne pouvons pas l’accepter.

Pensez-vous que le législateur puisse résoudre ces problèmes ? Par exemple en aggravant les peines pour certains délits ? Où est-ce à l’exécutif et la justice d’intervenir ?

CC : Les violations répétées de sépultures juives, musulmanes et chrétiennes, les inscriptions racistes, anti-immigrés, antisémites, l’ouverture du Bastion Social, bar identitaire d’extrême droite, la montée en puissance de partis politiques anti-immigrés dans toute l’Europe, révèlent une société malade et ce n’est pas avec une aggravation théorique des peines encourues que l’on en viendra à bout. Le seul moyen que je connaisse d’y parvenir passe par la prise de conscience individuelle et collective que, loin de constituer une menace, l’« Autre », nécessairement différent, est en réalité une source d’enrichissement et que l’avenir de notre société passe par la refondation des relations sociales autour de ce qui nous unit, au-delà de nos différences, à savoir, notre Humanité. Ce sont l’acceptation des injustices, les renoncements du citoyen à s’engager pour une société plus juste qui permettent à la haine de se propager. La loi doit, pour être respectée, être l’expression de la volonté générale. La question que nous posons aujourd’hui est : quelle société voulons nous pour nous et nos enfants ? De la réponse naîtra la refondation du pacte social.

Sans vouloir anticiper sur votre conférence de ce soir, mais pensez-vous que l’état soit encore en mesure d’apaiser une société qui est autant en désaccord avec l’état et ses représentants qu’aujourd’hui ?

CC : C’est son rôle et sa raison même d’exister. C’est pourquoi il est urgent de combler le fossé qui ne cesse de se creuser entre les responsables politiques et les citoyens. La confiance est l’essence même de la démocratie. Pour qu’elle puisse exister, le citoyen doit consentir à donner son mandat à l’élu, mais il ne peut le faire que s’il a confiance en lui. L’urgence extrême est de créer les conditions pour que cette confiance puisse naître et s’épanouir, permettant ainsi de refonder le pacte démocratique et les liens de fraternité entre les citoyens.

Ensemble contre les violences racistes et xénophobes
Jeudi 14 novembre, 19h, FEC, Strasbourg
Conférence avec Chantal Cutajar et Quentin Urban

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