Entrera, entrera pas ?

Le Kosovo en questions à l’Association Parlementaire Européenne

Dhurata Hoxha, Ministre de l'Intégration Européenne au Kosovo, et Lukas Mandl, parlementaire européen, président de l'Association Autriche-Kosovo Foto: Rédaction

(MC) – L’Association Parlementaire Européenne a invité, hier soir, Madame Dhurata Hoxha, Ministre de l’Intégration Européenne au Kosovo, et Monsieur Lukas Mandl, membre du parlement Européen et président de l’association d’Amitié Autriche-Kosovo. Le thème était : The Western Balkans during Austria’s Presidency (Les Balkans occidentaux pendant la présidence autrichienne) . En réalité, on a parlé exclusivement du Kosovo, qui qui est un peu regrettable puisque cette région comprend 6 Etats…

Les intervenants et le public ont donc discuté des chances du petit Kosovo d’entrer dans l’Union européenne. En 2025 ? Ou bien quand l’Europe sera peuplée de migrants vénusiens à la cuisine malodorante ? L’acceptation de cet Etat à l’histoire tragique, puis favorisé par la politique internationale à la fin des années 1990, paraît bien malaisée – surtout si l’on envisage la composition possible de la Commission et du Conseil ces prochaines années…

Comme les 6 pays de l’Ouest des Balkans, le Kosovo est un pays européen – quels que soient les problèmes historiques et culturels liés à la définition d’une telle expression. Il utilise comme monnaie notre cher euro. Mais il ne fait pas partie de l’Union. On sait pourquoi : le poids de l’Histoire passée et toute récente est écrasant. Ce petit pays, peuplé majoritairement d’Albanais et détaché récemment du territoire serbe, connaît de graves problèmes. Mais il a aussi ses chances.

A ce propos, Madame Hoxha a présenté une version optimiste et lucide à la fois. Pour elle, le Kosovo est comme un élève sage auquel on aurait demandé de faire ses devoirs. Eh bien, ses devoirs, il les a faits, et bien : les 95 critères que l’UE lui demandait de satisfaire, il les a tous réalisés, affirme-t-on. Il mérite un bon point. Reste un problème politique : la reconnaissance du Kosovo par la Serbie, son ancien Etat de tutelle ; les Serbes considèrent comme on sait le territoire kosovar comme une partie historique de la Serbie, ce qui est exact, ce qui est la source de ce problème, et ce qui demeure le terrible épouvantail qu’agite le nationalisme serbe bien moins aujourd’hui qu’hier, cependant.

Lukas Mandl, qui parcourt le Kosovo depuis bien des années, se montre lui-même optimiste, en considérant les progrès réalisés en matière de droits depuis maintenant presque 30 ans. Il évoque l’ « European flair »  que l’on hume autour de Priština, et aussi la longue histoire d’ « amitié » (dit-il) entre son pays et cette région des Balkans ; et encore, mutatis mutandi, les encouragements ardents que lui a prodigués son Chancelier, Sebastian Kurz. Ces pays des Balkans, ces 6 pays, affirme Lukas Mandl, sont une partie nécessaire, inséparable de l’Europe : comme le mur Sud Est de la Maison Europe. Un mur un peu négligé, moins propre, moins pimpant que les autres, mais qu’il faut absolument prendre en considération aujourd’hui . Et cela, de façon moins bureaucratique.

Dhurata Hoxha et Lukas Mandl s’entendent sur l’analyse et sur les nécessités de l’action. Pour commencer, il faut que les rapports entre les pays des Balkans trouvent de vraies solutions durables ; ce qui est particulièrement vrai pour celles, douloureuses, entre Serbie et Kosovo – ce qui, précisions le, inclut les relations des minorités serbe au Kosovo et kosovar/albanaises en Serbie. Difficile… On a cependant assisté récemment, voici quelques mois, à une prometteuse intensification du dialogue au sommet. A la clé : l’intégration de la Serbie dans l’UE, également.

Pressons, pressons !, dit en substance la Ministre kosovar. L’Union Européenne procède de manière beaucoup trop lente. Tout le monde n’est pas de cet avis, et le sera encore moins si les députés populistes envahissent les institutions. Mais voilà : incontestablement, la Paix est au bout du tunnel. Et le Kosovo a besoin de pouvoir prévoir, d’envisager de vrais projets d’avenir.

Argument massue, enfin, qui peut convaincre presque tout le monde : le vide politique et économique que risque de laisser l’UE sera bien vite comblé par d’autres puissances, très présentes déjà ; on imagine lesquelles. La Chine, la Russie, la Turquie n’attendront pas. Surtout pas la Chine.

Enfin, le problème général apparaît clairement : c’est celui du cercle bien connu. Le Kosovo n’est pas prêt, trop peu d’investissements, des moeurs encore largement archaïques, etc ? Eh bien, l’UE est apte à apporter ce qu’il faut. Si elle ne le faisait pas, cela relèverait d’une négligence criminelle. Si elle le fait, on connaîtra quelques problèmes mineurs et passagers.

Le choix est vite fait : le Kosovo n’est pas un dépôt chinois, ni un appendice de la Turquie malgré sa religion majoritaire, ni une annexe de la Russie parce que revendiqué encore par beaucoup de Slaves serbes. Au travail, donc !

 

 

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