Erdogan à Strasbourg ? Non, merci !

Le Zénith à Strasbourg ne doit pas servir comme scène pour la propagande d'Erdogan. Foto: Seven / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – On ne va quand même pas refaire l’Histoire. Déjà au mois d’octobre 2015, en amont des élections législatives en Turquie, Recep Tayyip Erdogan avait pu intervenir au Zénith à Strasbourg devant une foule impressionnante. Maintenant, il souhaite remettre ça, au mois d’avril, peu avant son référendum qui lui donnerait les pleins pouvoirs et qui scellerait le sort de la Turquie comme dictature présidentielle. Contrairement à 2015, où le meeting d’Erdogan avait pu avoir lieu à Strasbourg malgré de nombreuses protestations, cette fois, il faut l’empêcher. Strasbourg ne peut pas devenir la tête de pont du régime Erdogan en Europe occidentale. Un moment donné, il faut aussi savoir dire « non ! ».

Pour Erdogan, Strasbourg serait l’endroit idéal pour son meeting. Environ un quart des 700 000 Turcs vivant en France réside dans le Grand Est et la proximité avec l’Allemagne permettrait à de nombreux supporteurs d’Erdogan résidant en Allemagne (ou en Belgique), de faire le déplacement à Strasbourg. Seulement voilà, il est inconcevable de refaire la même erreur qu’en 2015 en permettant au dictateur-président turc d’établir une base opérationnelle dans la capitale européenne. Cette fois, Strasbourg ne pourra plus accepter de servir les intérêts de celui qui est en train d’abolir les valeurs fondamentales dans son pays.

Si le maire de Strasbourg Roland Ries s’est dit hostile au meeting d’Erdogan à Strasbourg, on aurait aimé entendre une position un peu plus forte. De manière anticipative, la ville de Strasbourg se cache déjà derrière l’état en indiquant que la décision finale quant à ce meeting, incombe à l’état. Il faut donc espérer que l’état aura le courage d’interdire tout simplement ce meeting de propagande d’un état totalitaire sur le territoire français.

Si les exploitants du Zénith ont fait savoir que la date souhaitée par Erdogan ne convenait pas, il faut maintenant arrêter de chercher des prétextes pour interdire ces meetings de propagande. Est-ce qu’on aurait autorisé Hitler et le NSDAP à organiser un meeting au Zénith ? Non. Alors, il ne faut pas non plus le faire pour Erdogan.

Et il faut également éviter qu’Erdogan réussisse à diviser les états européens sur cette question de sa propagande. Après l’interdiction de plusieurs meetings en Allemagne et aux Pays-Bas, il convient maintenant que l’Union Européenne prenne une décision commune de ne pas accepter la tenue de meetings de propagande turque dans les états-membre de l’UE. Point à la ligne.

Et Strasbourg, capitale d’Europe, capitale des Droits de l’Homme, capitale de la démocratie, ne peut pas se permettre de soutenir l’AKP et Erdogan, donc un régime qui souhaite réintroduire la peine de mort et qui a une drôle de façon de gérer son opposition – en l’incarcérant.

Il est temps que toute l’Europe dise « non » aux agissements du calife du Bosphore – et Strasbourg doit se trouver en première ligne de ceux qui rejettent ce régime totalitaire. Erdogan à Strasbourg ? Certainement pas !