Est-ce que Freiburg était le centre du dopage allemand ?

La commission d’enquête chargée d’analyser le passé «dopage» ouest-allemand des années 70 et 80, a publié des informations surprenantes. Le football et le cyclisme sont en cause.

Tout semble indiquer que Freiburg était le centre du dopage en RFA - un phénomène touchant autant le football que le cyclisme. Foto: richardelainechambers / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Depuis l’année 2006, lorsque le Tour de France démarrait à Strasbourg sans les vedettes comme Jan Ullrich ou Ivan Basso, pris en flagrant délit après avoir fait un crochet par Freiburg et l‘institut du Professeur Armin Klümper, on savait que son «Service spécial de traumatologie sportive» avait à peu près la même fonction que le cabinet du Docteur Fuentes en Espagne – permettre aux sportifs de haut niveau d’aller un peu plus loin que leurs capacités physiques le permettaient. Des résultats partiels de cette enquête viennent d’être publiés et mettent en cause non seulement le cyclisme, mais également le football. Des joueurs du VfB Stuttgart et du SC Freiburg auraient été dopés dans les années 70 et 80. Délicat – à cette époque, le sélectionneur allemand Jogi Löw évoluait au milieu du terrain du SC Freiburg…

L’un des membres de cette «commission d‘évaluation», Andreas Singler, a publié ces résultats partiels, à l’insu de la présidente de cette commission Letitzia Paoli. Avait-il peur que l’on puisse essayer d’étouffer ces résultats ? Toujours est-il que Paoli a confirmé l’exactitude de cette information. L’anabolisant «Megagrisevit» aurait été consommé systématiquement par les joueurs du VfB Stuttgart (alors pensionnaire de la Bundesliga) et ponctuellement par les joueurs du SC Freiburg (alors en Ligue 2). Cet anabolisant, d’ailleurs, avait été consommé par une autre athlète allemande, Birgit Dressel (heptathlon), suivie par le Professeur Klümper et décédée en 1987 suite à la prise d’un «cocktail anabolisant».

Si personne n’est réellement surpris par le révélations concernant le cyclisme, le dopage par anabolisants est relativement inconnu dans le monde du football. Du moins, on l’ignorait jusqu’ici. Pourtant, les preuves semblent être matérielles et les anciens joueurs du VfB Stuttgart avaient eux-mêmes contribués à nourrir ce soupçon. Même si, après la publication, ils clament avoir été mal compris et mal cités. Ainsi, l’ancien international Karlheinz Förster (81 sélections, 311 matchs en Bundesliga entre 1977 et 1986), avait déclaré dans une documentation du SWR : «Lorsque nous étions sous pression, on a dit ’Allez, Professeur, samedi je dois assurer‘ et parfois, on a fait des choses peu raisonnables». Toutefois, après la publication, Förster s’est dépêché de déclarer : «Les citation dans cette documentation n‘ont rien à voir avec ce sujet».

Pour les deux clubs mis en cause, cette affaire est embêtante, car il est difficile de reconstituer ce qui s’est passé il y a 30 ans et plus. Le SC Freiburg a immédiatement déclaré vouloir «tout faire pour pouvoir élucider ce qui s‘est passé à l‘époque», tout en soulignant que le club «refuse tout abus de médicaments et toute méthode visant illicitement l‘augmentation des performances». Même son de cloche chez les Suabes du VfB Stuttgart : «Nous souhaitons, dans l‘intérêt d’un sport propre, que la lumière soit faite sur cette affaire».

On sait aujourd’hui que dans les années 80 (et après), le dopage était assez systématique et les révélations d’anciens sportifs dessinent un contexte marqué à la fois par un sentiment d’impunité et même un sentiment de justice – «si les autres le font, je rétablis l’équilibre en dopant aussi…». A une époque où les organismes de lutte contre le dopage ne disposaient pas de moyens financiers et technologiques suffisants, cette attitude était considérée comme étant «sans risque».

Aujourd’hui, les choses ont évoluées et le dopage est considéré non seulement comme un fléau, mais dans certains pays, même comme un délit justifiant des poursuites judiciaires. Le VfB Stuttgart et le SC Freiburg, deux clubs réputés pour leur travail avec les jeunes, ne sont pas en cause – on peut partir du principe que les deux clubs aient une attitude irréprochable vis-à-vis des jeunes du club et il est improbable que les pros des deux clubs puissent toucher aux substances illicites. Après tout, le SC Freiburg est avant-dernier de la Bundesliga, le VB Stuttgart dernier. Pas vraiment une indication pour un dopage quelconque…

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