Est-ce que la France confirme l’annexion de l’est ukrainien ?

Moscou et Paris annoncent des choses différentes concernant la livraison du porte-hélicoptères «Vladivostok». Les «conditions non remplies» évoquées par Paris ne constituent pas vraiment un empêchement pour cette livraison.

La France produit de jolis portes-hélicoptères comme le Jeanne d'Arc. Aussi pour la Russie. Foto: Yannick Le Bris / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Si Paris a démenti l’annonce russe selon laquelle la livraison du «Vladivostok» serait prévue pour la mi-novembre, le Ministre-Président adjoint russe Dimitri Rogosin est formel – il a reçu une invitation pour la livraison à cette date, information confirmée par «Le Figaro» qui a pu mettre la main sur la lettre d’invitation. Entre temps, 400 soldats russes s’entraînent au chantier naval de Saint Nazaire pour piloter ce bâtiment de guerre. Les «conditions pas encore remplies» évoquées par le gouvernement français semblent faibles.

Parmi ces «conditions» figure le cessez-le-feu entre séparatistes et forces ukrainiennes qui est quotidiennement violé. Mais ces «conditions» n’englobent pas le retrait de soldats russes du territoire ukrainien et la Crimée, annexée par la Russie, n’est même pas mentionnée. Ce retour à la normale dans les marchés d’armement confirment dans les faits cette annexion, tout comme l’existence des «RépubliquesPopulaires de Donetzk et de Luhansk». L’Ukraine a perdu une partie de son territoire par le biais d’une annexion armée et nous normalisons nos relations avec la Russie en lui vendant des armes de guerre sophistiqués.

Bien sûr, on comprend la dimension commerciale de ce deal. En cas de non-livraison, la France devrait faire face à des pénalités allant jusqu’à 1,2 milliards d’euros. Ajoutez la perte d’image comme fournisseur d’armes fiable – pas bon pour le 4e exportateur d’armes au niveau mondial. Mais est-ce que cela suffit pour justifier la livraison d’armes de guerre à un pays qui est en train d’annexer des territoires ne lui appartenant pas ? Est-ce vraiment le moment de cautionner la politique de Vladimir Poutine en lui fournissant les moyens pour s’attaquer à d’autres cibles ?

La position de l’OTAN est aussi faible – au lieu de collecter les fonds nécessaires pour acheter ce porte-hélicoptères pour les casques bleus, l’OTAN se limite à critiquer la livraison. Pourtant, ces temps-ci, les états dépensent des sommes bien plus importantes pour des choses largement moins censées.

Le «Vladivostok», c’est un bâtiment rapide pouvant transporter 16 hélicoptères, 13 tanks et 450 soldats – l’instrument idéal pour soutenir des invasions par une vraie force de frappe maritime. Idéal pour, par exemple, organiser une invasion en Transnistrie, autre territoire dans le collimateur de la Russie.

Cela fait penser au géant industriel allemand Krupp. Lors de la première guerre mondiale, ce groupe industriel avait livré des munitions à l’ensemble des belligérants. Avec une clause cynique – ainsi, les Anglais devaient verser 10 marks en or à Krupp pour chaque soldat allemand tué par une balle «made in Germany». Trois blessés étaient comptabilisés comme un mort. Est-ce que la France a prévu une clause similaire au cas où la Russie devait utiliser le «Vladivostok» un jour contre l’Ouest ?

1 Kommentar zu Est-ce que la France confirme l’annexion de l’est ukrainien ?

  1. Attention à l’amalgame casque bleu et OTAN ;-)

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