Est-ce que la Turquie peut rester dans l’OTAN ?

En concluant un contrat avec la Russie concernant l’achat du système de défense aérien S-400, la Turquie s’éloigne maintenant aussi de l’OTAN.

En achetant le système S-400 de la Russie, la Turquie s'éloigne désormais aussi de l'OTAN. Foto: Vitaly Ragulin / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – La Turquie fait partie de l’OTAN, mais elle ne se comporte pas comme on pourrait s’y attendre de la part d’un membre de ce pacte de défense transatlantique. Ankara vient, comme l’a annoncé le président turc Recep Tayyip Erdogan, le plus grand contrat militaire jamais conclu entre les deux pays et portant sur l’acquisition du système de défense aérien russe S-400. Ankara aurait même déjà effectué un premier paiement et maintenant, on se pose la question pourquoi un membre de l’OTAN dépense des milliards d’euros pour acheter un système de défense contre des armes – de l’OTAN.

Erdogan, dirait-on, a peur de la solitude. Il s’éloigne de plus en plus de l’Europe, l’organisation des pays arabes lui a clairement fait comprendre qu’on ne lui fait pas vraiment confiance, donc, il se tourne de plus en plus vers la Russie qui elle, n’est que trop contente de trouver un nouveau partenaire entre l’Asie et l’Europe. Surtout lorsque ce partenaire achète des armes.

Mais tout cela ne répond pas à une question cruciale – que fera la Turquie avec un système de défense aérien russe ? Est-ce que la Turquie craint réellement une attaque venant de la part des pays de l’OTAN ? Jusqu’à nouvel ordre, une coopération militaire entre les états-membres de l’OTAN et la Russie ne figure pas sur le programme de l’OTAN – quel est donc le message envoyé par la Turquie à l’OTAN ?

Les Etats-Unis avaient, en amont de ce contrat, formulé des objections, indiquant qu’une telle coopération militaire entre la Turquie et la Russie pouvait poser problème. Car il est impensable que dans le cadre d’une telle coopération, des secrets militaires ne soient pas divulgués, dans les deux sens, d’ailleurs.

Il est temps de repenser les relations avec la Turquie à tous les niveaux – non seulement au niveau des négociations quant à une éventuelle adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, mais également au niveau du Conseil de l’Europe et – de l’OTAN. Un pays partenaire dont les relations avec la Russie, mais également avec « Daesh » et des pays comme l’Arabie Saoudite, sont tout sauf claires, ne peut pas être considéré et traité comme avant. Mais Erdogan ne souhaite pas parler, il crée des réalités. Et s’il pense que le salut de son pays se trouve du côté de Moscou, il faudra en tirer les conclusions – on ne peut pas coopérer militairement avec la Russie tout en étant membre de l’OTAN. En concluant son contrat S-400 avec la Russie, Erdogan a fait un choix. Celui de la Russie. Et non pas celui de l’OTAN. Dont acte.

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