Est-ce que l’Allemagne glisse vers la gauche ?

Après être passé par une phase de pré-négociations, le SPD, les Verts et le FDP entrent maintenant dans les « vraies » négociations en vue de la formation d’une coalition gouvernementale. Cela prendra un peu de temps…

Les Verts, conduits par Annalena Baerbock et Robert Habeck, arrivent à inscrire pas mal de points dans le nouveau programme gouvernemental. Foto: Bündnis90/Die Grünen Nordrhein-Westfalen / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – L’avenir politique de l’Allemagne passera très certainement par une coalition dite « de feu de circulation », entre le SPD, les Verts et le FDP. Les trois partis veulent créer un gouvernement de l’innovation et il y a de très fortes chances à ce qu’ils arrivent à trouver un accord. Plusieurs points feront l’objet de ces négociations et les disputes concernant la distribution des portefeuilles de ministres ont déjà commencé…

En effet, le prochain gouvernement allemand mènera une politique plus à gauche que l’ancienne « Grande Coalition » CDU/CSU-SPD. Le premier grand point sera l’augmentation du salaire minimum à 12€/h, une mesure que même les libéraux du FDP ont fini par gober. Tout comme les Verts ont du accepter que la limitation de vitesse générale à 130km/h sur les autoroutes ne sera pas faisable avec le FDP et le SPD. Et le SPD, lui, a du faire un grand écart pour accepter le projet des Verts et du FDP de légaliser le cannabis. Ainsi, chacun des futurs partenaires doit faire des compromis, mais ça, c’est le propre d’une coalition dont le but est de refléter au mieux les souhaits de la population. Mais il y a aussi pas mal de points sur lesquels les trois partis sont d’ores et déjà d’accord.

Ainsi, la modernisation de l’état et la digitalisation des services publics fera partie des « projets phares » du prochain gouvernement et cette modernisation est vraiment nécessaire. Les infrastructures allemandes sont vétustes et il faudra profiter de cette modernisation pour y intégrer dès le départ les structures numériques nécessaires. Sur ce point, les trois partis sont parfaitement d’accord, même si la question du financement reste pour l’heure ouverte.

Là où on constate un « vent de gauche », c’est dans le programme concernant la protection du climat et de la mise en œuvre d’une économie de marché sociale ET écologique. Les trois partis sont d’accord de lancer un « programme immédiat » comportant « les lois, directives et mesures nécessaires ». Dans ce cadre, le nouveau gouvernement prévoit d’avancer la sortie du charbon, énergie des plus polluantes, non pas en 2038 (comme décidé par le gouvernement précédent), mais « idéalement » déjà en 2030. Là, on voit la griffe des Verts…

L’augmentation du salaire minimum à 12€/h est un projet cher au SPD et il semble normal que le parti vainqueur de l’élection du 26 septembre dernier, puisse également faire valoir son programme dans ces négociations. Et le SPD ne compte pas s’arrêter là, une « commission salaire minimum » sera en charge de préparer d’autres étapes d‘augmentation. Les trois partis sont également d’accord pour encourager les employeurs de mettre en œuvre des systèmes de temps de travail plus flexibles que dans le passé.

Au niveau social, des changements substantiels s’annoncent également. Les trois partis promettent de ne pas toucher aux retraites et de ne pas augmenter l’âge du départ à la retraite. De plus, les aides sociales (« Hartz IV ») seront remplacées par un « Bürgergeld » (« salaire citoyen ») qui lui, devra regrouper différentes aides pour alléger l’administration de la pauvreté. Si ce « Bürgergeld » ne constitue pas encore un « salaire minimum inconditionnel », il représente un grand pas dans cette direction. L’objectif étant de ne plus se limiter à administrer la pauvreté, mais de la combattre.

Il est également prévu de renforcer le système hospitalier, d’y améliorer les conditions de travail et la rémunération, et en vue des problèmes démographiques en Allemagne, il est prévu de créer des conditions permettant d’engager des soignants à l’étranger.

Pour le volet Enfance, Famille et Education, les trois partis sont également décidés de réaliser des progrès. Parmi les points déjà évoqués, la digitalisation des établissements scolaires, le renforcement des jardins d’enfants accueillant des enfants toute la journée et l’inscription des Droits des Enfants dans le « Grundgesetz », la constitution allemande.

Dans le domaine de l’économie, un accent sera mis sur le soutien des PME-PMI et des artisans pour que ceux-ci puissent devenir acteurs de la « transformation socio-écologique ». 3,5% du PIB seront consacrés à la recherche. En ce qui concerne un impôt sur les grandes fortunes, comme l’avaient souhaité autant le SPD et les Verts, c’est le FDP qui a déjà émis son véto. Donc, pas d’impôt sur les grandes fortunes.

Bien d’autres points figurent déjà sur la liste du programme d’une coalition SPD – Verts – FDP et le fait que les trois se chamaillent déjà autour des ministères à pourvoir, est plutôt un bon signe que les trois sont déterminés à gouverner effectivement ensemble. Dans l’ensemble, ce programme en devenir est certainement un programme plus « à gauche », mais à un moment où « gauche » et « droite » ne veulent plus dire grande chose, on peut s’attendre à un gouvernement d’innovation.

On verra maintenant le temps que ces négociations prennent, mais plus vite ce nouveau gouvernement sera en place, mieux ça vaudra pour l’Allemagne. Il y a beaucoup de chantiers dont le nouveau gouvernement devra s’occuper…

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