Est-ce que l’Allemagne mettra une fin à l’interdiction de la Marijuana ?

Justice encombrée, prisons surpeuplées, jusqu’à 30% de la population en infraction de la loi - les Verts au Bundestag proposent une nouvelle loi. Qui n’aboutira probablement pas.

En légalisant le cannabis, le législateur allègera les tribunaux et prison, tout en évitant de pénaliser jusqu'à un tiers de la population. Foto: Eric Fenderson / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Différents états, comme l‘Uruguay, mais également des états des USA comme le Colorado, ont montré la voie – en légalisant la consommation du cannabis, ils ont décriminalisé de nombreux citoyens, tout en s’ouvrant une nouvelle entrée d’argent dans les caisses d’état. Après avoir légalisé le cannabis, ces états ont défini des règles du jeu – en taxant les produits à base de cannabis. Ce faisant, ils ont asséché un marché jusqu’alors dominé par des cartels hautement criminels et ils ont réussi à séparer les marchés de la drogue dite «douce» et celui des drogues dures. Un peu comme aux Pays-Bas où les programmes de légalisation des drogues «douces» a eu comme conséquence que moins de jeunes en consomment que dans d’autres pays – il manque l’attrait de l’interdit.

Pour connaitre les réalités, il suffit de se rendre au «Görlitzer Park» à Berlin – le centre des dealers berlinois qui y entretiennent un grand marché. Tout y est mélangé et les dealers proposent à leur clientèle toute une gamme de produits, non seulement du cannabis. Voilà le plus grand problème de la politique actuellement menée – en interdisant l’ensemble des drogues, on a crée un «marché unique» où les jeunes se voient proposer autant de la drogue «douce» que des drogues telles que l’héroïne, la cocaïne, des métamphétamines ou du «crack» – donc des drogues qui peuvent tuer. Au niveau du cannabis, la dose théoriquement mortelle pour l’homme se situe à une consommation d’environ 280 grammes de THC pure – ce qui nécessite que la personne en question ingurgite plus de 2 kilos de haschisch ou de l’herbe. Pas un seul cas d’une dose mortelle n’est connue pour l’être humain – sans pour autant minimiser l’effet négatif du cannabis sur l’organisme des jeunes.

Mais pour préserver la jeunesse, l’interdiction n’est pas le bon outil. Considérant que plus de 35% des personnes en-dessous de 35 ans disent avoir déjà consommé du cannabis, cela veut dire qu’un tiers de la population allemande a commis un acte qui théoriquement, aurait pu avoir des conséquences juridiques. Cette criminalisation pénalise autant les personnes concernées que l’état – en devant subvenir aux besoins de toute une population incarcérée pour des délits liés à la drogue, il bloque les jeunes concernés pour toute la vie – une condamnation pour un délit de drogue sur le CV n’engage pas tellement à l’embauche.

Les Pays-Bas avaient tenté l’expérience avec leurs célèbres «coffee-shops» où il était possible d‘acquérir des drogues «douces» – les drogues «dures» y étaient interdites. Résultat – moins de jeunes étaient tentés de gouter au cannabis et le nombre d‘utilisateurs de drogues «dures» a largement diminué. Seul problème aux Pays-Bas – en vue de la législation prohibitive dans les autres pays européens, un «tourisme de la drogue» s’était développé, faussant non seulement les résultats de l’expérience, mais créant de nouvelles nuisances à la population néerlandaise.

La proposition de loi des «Verts» n’a pas de chance d’aboutir et les instigateurs le savent. Toutefois, comme l’indique Tibor Harrach, porte-parole des «Verts», «nous souhaitons soulever le débat». Comprendre : avant un quelconque changement en la matière, il faut d’abord changer les mœurs. Et pour cela, il faut qu’un débat puisse avoir lieu au sein de la société. Qui actuellement, n’a pas lieu. Le seul argument pour maintenir l’interdiction du cannabis avancé par les conservateurs, est le fait qu’il a été toujours interdit. Et, comme les adversaires d’une libéralisation de la politique en la matière soulignent, en cas de fort abus, des effets psychologiques pourraient intervenir. Ce qui est aussi le cas en ce qui concerne l’alcool et même le sucre.

En ce qui concerne le cannabis, il est temps que la législation change. L’état, qui gagne aussi pas mal d’argent sur les ventes d’alcool, drogue largement plus dangereuse et néfaste que le cannabis, pourrait non seulement vider les prisons, mais aussi gagner l’argent nécessaire pour la prévention de la consommation de drogues dures – en taxant les ventes de cannabis, tout en contrôlant la qualité des produits mis sur le marché. Ceci représenterait un sacré coup pour le crime organisé et pourrait, à terme, avoir un effet plus positif sur la consommation parmi les jeunes. A méditer.

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