Est-ce que l’organisation de la semaine de travail est un anachronisme ?

La fédération du patronat allemand (BDA) vient de surprendre tout le monde avec une proposition de modifier le temps de travail quotidien. La devise : plus de flexibilité !

Le patronat allemand lance un débat de société qui contraste avec les visions de la politique qui ressemblerait davantage à des vision à la Jules Verne. Foto: Bundesarchiv / Bild 102-11217 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

(KL) – A un moment où la politique se distingue surtout par une incapacité ahurissante de résoudre les problèmes de notre époque, ce sont les chefs d’entreprises qui se mettent à réinventer la société. Une nouvelle initiative du BDA (Bundesvereinigung Deutscher Arbeitgeberverbände) demande au gouvernement d’abolir la semaine de 40 heures, tout en proposant un nouveau système largement plus en phase avec les réalités de la société du 21e siècle.

Là, les patrons allemands s’attaquent à un sujet qui est sacré en Allemagne. Depuis presque toujours, on travaille 40 heures par semaine, organisées en 5 jours ouvrables à 8 heures de travail. C’est comme ça. Et pourquoi il en serait autrement ? La réponse est simple – parce que le monde a changé et nous ne vivons plus à l’époque du «Wirtschaftswunder», mais à l’époque de la Révolution Technologique qui, à l’instar de la Révolution Industrielle, génère d’énormes changements au niveau de la société. Ce que la politique refuse de comprendre, les chefs d’entreprise le vivent dans le quotidien et demandent, en toute logique, que ce système soit remis en question.

A la place des 8 heures du lundi au vendredi, le BDA demande un temps de travail hebdomadaire pouvant être effectué sur le lieu du travail, mais aussi à la maison – le monde numérique permettant de travailler aussi á d’autres endroits qu’à l’usine. Si l’objectif principal des chefs d’entreprise n’est certes pas un altruisme poussé, mais la possibilité de disposer de la force de travail au moment où on en a besoin, évitant ainsi les temps morts au bureau, cette approche pourrait aussi profiter à la population active.

Une plus grande flexibilité dans l’organisation du travail permettrait aux jeunes familles de s’organiser mieux, ce qui, à une époque où il est nécessaire d’inscrire les enfants à la maternelle avant même la naissance, pourrait contribuer à une vie plus détendue pour beaucoup de monde. Si les syndicats et partenaires sociaux arrivent à éviter qu’à l’avenir, les employés doivent être disponibles pour leur patron 24/24, n’importe où ils se trouvent.

Travailler moins, mais de manière plus efficace, ce ne serait pas une erreur. Beaucoup d’employés de bureau savent qu’ils ne travaillent pas 8 heures par jour. Des experts estiment que le travail vraiment constructif dans un bureau ne dépasserait pas 2,5 heures lors d’une journée de bureau typique. Ajoutez à cela le temps de trajet entre le lieu du domicile et le lieu de travail, et les temps morts et pas productifs se multiplient. Pourquoi pas lancer un débat de société sur la question ?

C’est-ce que vient de faire le BDA – en proposant une autoroute à un gouvernement composé de vieilles personnes aigries pour qui Internet constitue encore une «terre inconnue» («Neuland», selon Angela Merkel) et qui dirigent nos pays sans comprendre le fonctionnement de la société du 21e siècle.

Un haut fonctionnaire du patronat allemand, Eric Schweitzer, le président de la fédération des chambres de commerce et de l’industrie, a expliqué que «le temps de travail flexible devient de plus en plus important face à la nécessité de mieux harmoniser le travail et la famille». S’il convient de rester vigilant de ne pas arriver à une situation où le risque d’une charge de travail régulière soit passé de l’entrepreneur à l’employé, il s’agit là d’un débat qui vise la modernisation de la société. Ce qui contraste agréablement avec la tentative de la politique d’adapter le monde aux règles définies à une autre époque, au lieu d’adapter les règles aux réalités d’un monde en pleine mutation.

Il s’agit là d’un débat qui vaut le coup d’être mené.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste