Est-ce qu’on joue à «qui est le meilleur Alsacien» ?

Les votes sont pris et tandis que les uns tentent de tourner le regard vers l’avant, d’autres essayent d’en profiter pour les campagnes électorales à venir.

Hormis les fautes d'orthographes, est-ce qu'il ne faut pas plus pour enterrer une région comme l'Alsace ? Foto: Paralacre / Wikimedia Commons / CC0

(KL) – Les débats n’étaient pas beaux à suivre. Les insultes ayant fusées pendant les derniers jours avant le vote décisif de l’Assemblée Nationale concernant la réforme territoriale en France risquent de rester gravées dans la mémoire des Alsaciens. Il est grand temps d’enterrer la hache de la guerre et de se lancer dans cette nouvelle aventure qui est l’organisation des nouvelles régions.

Si un Eric Strautmann (UMP) a lancé en direction des députés PS un «De toute manière, les socialistes n’ont jamais aimé l’Alsace», il dépasse sans doute les bornes, tentant de se démarquer comme «Super-Dupont alsacien» pour les prochaines élections. Comme si les Socialistes avaient voulu porter atteinte à l’Alsace.

Force est de constater que les défenseurs d’une autre option, soit Alsace-Lorraine, soit Alsace tout court, ont fait cause commune avec des autonomistes aux positions difficiles à cerner. Que veulent les autonomistes ? Une Alsace indépendante ? Un «état alsacien» ? Le probléme de fond, c’est amour propre de certains Alsaciens qui a pris un coup, estimant que cette réforme qui vise une plus grande efficacité administrative et des économies de taille, voulait «la mort de l’Alsace». Cette position, infondée, avait suscité du remous entre Wissembourg et Saint Louis, donc là où le référendum du 7 avril 2013 portant sur l’unification des administrations alsaciennes avait échoué.

Les seuls commentaires censés sont venus de la part du maire de Strasbourg Roland Ries et du Président de l’Eurométropole Robert Herrmann. Tous deux, on le sait, étaient favorables à une région Alsace-Lorraine ou bien, à une Région Alsace, mais maintenant que la France a pris cette décision, les deux appellent à tourner le regard vers l’avant et de construire ensemble, avec les nouveaux partenaires, l’avenir de l’est de la France.

Pendant ce temps, toujours dans le déni de ce qui s’est passé, les conservateurs préparent leur recours devant le Conseil Constitutionnel et tentent de tirer profit de la situation. Il faut bien se dire qu’ils le font dans un intérêt électoral – si vraiment l’avenir de l’Alsace leur tenait tant à cœur, ils commenceraient dès maintenant à travailler sur l’avenir, et non pas sur le passé de l’Alsace.

Si les UMP alsaciens comptent maintenant les jours jusqu’aux élections en 2017, ils feraient mieux de prendre enfin leurs distances par rapport aux extrémistes de la droite et aux autonomistes – car ils sont en train, eux aussi, de pousser l’électorat vers le Front National.

5 Kommentare zu Est-ce qu’on joue à «qui est le meilleur Alsacien» ?

  1. Serait il honteux de penser que la France pourrait donner plus de marge de décision aux régions ? Voire même les consulter lors des réformes territoriales en parallèle d’études d’impact ?

    Cet «article» traite de réactionnaire les opposants à cette réforme qui n’a jamais eu pour objectif de réaliser des économies ou l’efficacité administrative (où sont les études dans ce sens ? nul part car c’est très incertain…).

    Depuis des décennies l’Alsace tente de réaliser une cohérence économique, géographique, dans les transports, dans l’enseignement… et on va perdre tout ça d’un coup, sans consultation ni justification. Merci la politique sans queue ni tête du gouvernement actuel…

  2. justement – ne pensez vous pas que des régions ayant plus de poids puissent devenir le berceau de plus de démocratie en france ? et qui vous dit que “vous allez perdre tout cela” ? l’unité alsacienne ? celle que l’alsace a rejeté le 7 avril 2013 ? je crois que le moment est venu de regarder vers l’avant.

  3. Les régions auront plus de poids ?!? Même ma boule de cristal ne sait me prédire ce qui viendra dans la future loi qui traitera des compétences des régions…

  4. Je ne compends le position de l’article, surtout venant d’un journaliste franco-allemand et pro-européen. N’a-t-on pas fait voter par référendum dans le Brandenbourg pour une éventuelle fusion avec Berlin ? Que dirait-on si l’Etat fédéral décrétait l’union de Hambourg ou de Brême avec la Basse-Saxe ? Surtout pourquoi traiter ceux qui souhaitent maintenir l’entité adminstrative alsacienne et qui souhaiteraient avoir droit au chapitre de réactionnaires ou de passéistes. La position en retrait et en faux fuyant du PS alsacien vous paraît censée ? Comme le rapporteur le loi qui qualifie d’irrationnels les arguments des élus régionauux à l’Assemblée nationale ? Tout ceci n’est qu’abus de pouvoir. Même si “la France a pris cette décision” (en fait un majorité gouvernementale fragile), faut-il pour autant encore une fois céder devant la volonté du plus fort, comme cela a été le cas dans le passé ?

    • Antoine, je comprends ta position, mais je crois que ta critique est un critique assez générale concernant l’organisation de la Ve République qui, je l’ai écrit assez souvent, n’est pas très démocratique dans le sens premier du terme. Là-dessus, je te donne entièrement raison. Mais ce n’est pas exactement le même débat que celui de la réforme territoriale. Prends comme exemple une question qui nous touche particulièrement dans le Rhin Supérieur – la centrale nucléaire de Fessenheim que toute la région, hormis les habitants du village de Fessenheim, voudrait bien fermer, comme cela était annoncé lors de la campagne pour les dernières élections présidentielles. Là aussi, il aurait été bien de demander l’avis à la population de la région concernée.
      Mais pour rompre avec un état centraliste, il faut le réformer. A mes yeux, cette réforme représente une opportunité de le faire. De mon côté, je m’étonne que cette critique de fond vienne s’ajouter au débat une fois que le processus politique soit terminé.
      Le débat, tel qu’il a été mené en Alsace, était un amalgame de positions autonomistes, d’un amour propre blessé, d’une craine irrationnelle de voir l’Alsace condamnée à disparaître de la carte et beaucoup d’erreurs ont été commises de la part de ceux qui défendaient une Région Alsace seule.
      L’Alsace, au sein d’une grande Grande Région, pourra même gagner du poids, tandis que les régions pourront s’organiser de manière à peser beaucoup plus dans la politique nationale. La VIe République démarrera au niveau de ces nouvelles grandes régions – la voie vers une démocratie plus directe en France passera par là.
      S’arrêter à des lamentations du genre “on enterre l’Alsace” ne seront que contre-productive. Et si à la fin, la France sera un peu moins centraliste, tout le monde pourra s’y retrouver.

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