Et ça se passe sous nos yeux…

La Grande Bretagne prépare un cadeau de taille à Donald Trump – l'extradition de Julian Assange. L'Europe aura-t-elle le courage d'empêcher cette extradition, par exemple par des sanctions ?

La Grande Bretagne s'apprête à faire un cadeau à son nouveau maître, les Etats-Unis. Foto: ScS Page FB de "Free Julian Assange"

(KL) – Parfois, les déclarations des responsables politiques veulent dire exactement leur contraire. Un exemple en est le ministre britannique en charge des affaires européennes et américaine, Alan Duncan. En déclarant que le lanceur d’alerte Julian Assange n’allait pas être extradé vers un pays où il encourt la peine de mort, il a, en principe, annoncé cette extradition vers les Etats-Unis où Julian Assange est menacé de 175 ans de prison. L’Union Européenne, qui se dit si fièrement « défenseure des lanceurs d’alerte », doit maintenant prouver qu’elle sert à quelque chose. En empêchant par tous les moyen qu’Assange soit jeté aux lions américains.

Le « crime » de Julian Assange est d’avoir informé le monde quant aux agissements américains en Afghanistan et en Irak. C’est grâce à lui que le monde a compris une partie du stratagème américain qui consiste à mener des guerres (au profit d’une industrie d’armement extrêmement puissante) en falsifiant des « preuves », et une fois sur place, les troupes américaines se comportent comme des envahisseurs en malmenant les populations locales. Beaucoup des choses relevées par Assange étaient déjà connues, mais Assange en a apporté les preuves irréfutables. Cet homme mérite des distinctions, et certainement pas la prison.

Le deal entre la Grande Bretagne et les Etats-Unis est clair – les USA garantissent qu’Assange ne sera pas condamné à mort, mais à 175 ans de prison, ce qui constitue un message clair à toute personne qui songe à publier des documents officiels américains. En Europe, et jusqu’à preuve du contraire, la Grande Bretagne en fait partie, nous sommes arrivés à la conclusion que les lanceurs d’alerte sont des personnes qui contribuent à la transparence de la politique, à l’éthique de nos pays, à rendre public des choses qui doivent être portées à la connaissance du public. Ainsi, l’an dernier, l’Union Européenne avait pris des « mesures » pour protéger les lanceurs d’alerte et maintenant, c’est le moment de prouver que ces belles déclarations n’étaient pas que du verbiage.

Lorsqu’il s’agit de la Russie, de l’Iran, de la Corée du Nord, la communauté internationale sanctionne souvent des comportements qualifiés comme non-indiqués par des sanctions. C’est le moment d’annoncer à la Grande Bretagne que si elle devrait extrader Julian Assange vers les Etats-Unis, elle serait également frappée de ce genre de sanctions. Tout comme les Etats-Unis en cas de condamnation de Julian Assange. On ne peut pas annoncer publiquement la protection des lanceurs d’alerte et en même temps fermer les yeux devant la lente mise à mort de celui qui est, avec Edward Snowden, le plus célèbre des lanceurs d’alerte.

Actuellement, Julian Assange est maintenu en détention isolée en Grande Bretagne, comme un criminel de droit commun – et ce, pour une histoire de visa expiré (que Julian Assange ne pouvait pas prolonger, puisqu’il a du se réfugier à l’Ambassade de l’Equateur à Londres). L’audition où la Grande Bretagne décidera si elle donne suite à la requête d’extradition soumise par les Etats-Unis est programmée au mois de février 2020. C’est maintenant qu’il faut agir et mettre la Grande Bretagne sous pression. Après, ce sera trop tard.

Si cette Europe qui connaît sa plus grande crise de confiance et de sens depuis la création de ses institutions veut garder un minimum de crédibilité, elle ne pourra pas continuer à faire semblant de ne pas suivre ce dossier. Tout le monde voit ce que préparent la Grande Bretagne et les Etats-Unis : la mise à mort d’un homme qui a eu l’audace d’informer le public sur les agissements de la super-puissance du monde.

Il faut sauver Julian Assange des griffes des Américains qui cherchent à statuer un exemple destiné à décourager toute personne qui pense à devenir lanceur d’alerte. Il faut empêcher Donald Trump et Boris Johnson de réaliser ce terrible « deal » – si nécessaire, avec des sanctions économiques lourdes. Et il faut se pencher sur ce dossier dès maintenant – au mois de février 2020, il sera trop tard.

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