Et comment se porte la conjoncture ?

Augmentation des prix, manque de personnel et retards de livraison pèsent sur la reprise économique ! Alain Howiller vous explique la situation.

Même si la pandémie est tout sauf finie, les signes de reprise de l'économie sont encourageants. Foto: Teo Georgiev / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Alain Howiller) – L’optimisme, décidément, semble vouloir s’imposer et les uns après les autres, les membres de l’Union Européenne s’engagent dans le tortueux chemin du déconfinement : mais promis-juré, si jamais la pandémie devait s’accrocher malgré les progrès de la vaccination, si elle devait même se relancer, on en reviendra à des mesures restrictives voire à du reconfinement ! La guerre n’est pas encore finie que déjà on joue la victoire : la pression de l’opinion était trop forte et, en cette période où on vote un peu partout, on prend des risques calculés (dit-on), persuadé qu’on est au niveau des décideurs politiques, enfin « libérés de la tutelle »(!) des scientifiques, « ça ira mieux demain » chantait, hier, Annie Cordy !

Alors que, selon un sondage OpinionWay -réalisé pour le quotidien économique « Les Echos »- 39% des Français, éternels champions du monde du scepticisme, pensent que la pandémie va rebondir et que 35% d’entre eux estiment que l’épidémie vas se maintenir(!), le principe de précaution, auquel tant de chefs d’entreprises reprochent de peser sur l’innovation et derrière lequel les représentants du monde politique s’abritent si souvent, est en train de voler en éclats : l’avenir nous dira si c’est à juste raison !

Une croissance en hausse ! – Dans le domaine proprement économique, vaccination et plan de relance s’associent désormais pour soutenir ce propos de la Commission Européenne revoyant ses prévisions de croissance à la hausse (+4,3% en 2021, contre -6% l’année dernière) : « La reprise n’est plus un mirage : elle est en cours !… » Et comme le soulignait Paolo Gentiloni, Commissaitre Européen aux affaires économiques et monétaires, à la fiscalité et à l’union douanière : « L’ombre de la Covid-19 commence à se retirer de l’économie européenne. »

Pour le « Fond Monétaire International (FMI) », la croissance progresserait de +6% cette année (+3,6% en Allemagne, +5,8% en France), prévision accompagnée de ce constat : les effets de la pandémie seront moins graves que ceux de la crise financière de 2008.

France – Allemagne : d’accord. – Et quand, en France, gouvernement, INSEE et Banque de France se rejoignent pour prévoir une progression de la croissance autour de 5% cette année, en Allemagne, malgré un retour de croissance plus faible, Peter Altmaier, le Ministre de l’Economie, souligne de son côté : « Notre économie est forte, robuste et prête à rebondir ». A sa manière, Bruno Le Maire, son collègue français, ajoute : « J’en ai assez d’entendre des responsables politiques dire que la France est au bord de l’effondrement… Ma conviction profonde est que dès que nous aurons levé les restrictions sanitaires, la France surprendra par la vigueur de sa croissance ». Anticipation réaliste sur ce qui arrivera demain, méthode Coué – le Ministre table sur cette sorte « d’étonnante résilience » (Eric Albert, Le Monde du 21.04.21) qui demande à être confirmée ?

La reprise à laquelle on assiste, voit surgir des tensions auxquelles on ne s’attendait pas (ou plus !) : manque de personnel qualifié (renforcé par les mesures de restriction dans la circulation des personnes), augmentation des prix, retards dans la livraison de matériel, de pièces détachées voire de machines commandés dans des pays où la surchauffe s’est déjà installée (Chine et Etats Unis d’Amérique, par exemple). C’est ce sur quoi insiste la dernière note de conjoncture de la Banque de France en relevant, sur le plan national, pour le mois d’avril, une : « flambée des prix d’achat et la persistance des difficultés d’approvisionnement ».

Dans le Grand Est, une situation plus favorable. – La note souligne néanmoins une progression de l’activité dans l’industrie, avec une stabilité des effectifs qui devrait se poursuivre en Mai. Dans les services marchands, on a enregistré « une baisse du nombre de prestations et de la demande » avec l’espoir d’une reprise en Mai. Dans le secteur industriel, les chefs d’entreprises constatent toujours une activité de 10 points en dessous de la normale qui devrait marquer aussi bien Avril que Mai, dans les services, on compte, par contre, sur une évolution positive en Mai.

Finalement, l’appréciation de la situation conjoncturelle incite à la prudence : la reprise s’est esquissée, mais elle n’est pas encore assez forte, même si d’après l’échantillon représentatif de 8.500 chefs d’entreprises, ces derniers comptent sur une accentuation de l’amélioration, aussi bien dans l’industrie que dans les services.

Dans le Grand Est, la Banque de France, un peu plus optimiste, note pour le secteur industriel : « Nouvelle hausse de l’activité, en Avril, et envolée des prix des matières premières. Bonne tenue des carnets de commandes. Accroissement des cadences de production en Mai, avec un maintien des moyens humains ». Pour le troisième mois consécutif, l’activité industrielle a progressé, souligne l’analyse qui précise que la progression s’accompagne « d’effectifs globalement stables et de carnets (également globalement) très satisfaisants » (hors secteurs alimentaires et automobile).

Un deuxième plan de relance en France ? – Pour les services marchands dans le Grand Est, l’étude relève : « Une légère baisse de l’activité… une trésorerie confortable… » et un espoir de « reprise des courants d’affaires pour les semaines à venir » et des « effectifs se maintenant avec des perspectives de hausse. »

L’économie française est-elle, au vu des éléments soulignant une certaine reprise d’activité, « sur la bonne voie », comme le pense Bruno Le Maire ? Les semaines à venir vont être décisives, en particulier pour le marché de l’emploi dont l’évolution sera déterminante pour éviter cette crise sociale que tout le monde redoute.

Les échéances électorales qui se précisent (élections régionales, départementales puis, dans moins d’un an, présidentielles et législatives) seront, sans aucun doute, garantes d’une prudente levée des mesures d’accompagnement qui ont permis à l’économie de résister autant que faire se peut, aux conséquences d’une crise sanitaire d’une exceptionnelle gravité. Ce n’est pas sans raison que le gouvernement envisage d’avoir recours à un deuxième plan de relance qui relancerait la consommation, en attendant que le plan de relance de l’Union Européenne se concrétise malgré les retards accumulés !

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