Et demain, ça pourrait être vous…

L’affaire de Françoise Lillié-Fetet à Saint-Dié dans les Vosges prend une tournure de plus en plus dramatique. Au point où les mots manquent.

Jusqu'où est-ce que le bulldozer justice-administration poussera Françoise Lillié-Fetet ? Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – La déontologie voudrait que je vous relate ici des informations « techniques » concernant le cas de Françoise Lillié-Fetet à Saint-Dié dans les Vosges, mais ça, on l’a déjà fait.  Toutefois, quand on se trouve face à cette femme dont le cauchemar dure depuis 14 ans et qui risque de se terminer en drame dans quelques jours, on n’a plus envie d’énumérer les plus de 900 annexes de son dossier, un dossier dans lequel chaque document constitue un scandale et une preuve de dysfonctionnements administratifs ou juridiques flagrants. Je pourrais vous parler de cet ordre émanant de la chancellerie d’un ministère parisien de « détruire » la totalité des pièces contenues dans ce dossier ; des agissements d’un ex-mari qui, à l’aide d’un mandataire judiciaire et de l’ensemble des instances concernées, tente de chasser son ex-femme de la maison dont elle est propriétaire ; d’une administration qui après 14 ans de procédure comportant des éléments que des docteurs en droit estiment scandaleux, veut procéder à une expulsion probablement injustifiée et ce, à 12 jours d’une nouvelle audition censée déterminer si oui ou non, cette procédure est légale. Mais je ne vous parlerai pas de ces « éléments techniques », mais de Françoise Lillié-Fetet.

Lors de l’audition du 12 Avril 2018, Françoise Lillié-Fetet risque de ne pas être présente. Car, comme l’a indiqué le Préfet du Département des Vosges dans un dernier courrier, l’administration accorde le concours des forces de l’ordre à l’huissier mandaté pour l’expulsion de Françoise Lillié-Fetet de sa maison qui elle, ne fait pas l’objet d’une saisie, d’une liquidation judiciaire ou d’un autre titre justifiant une telle mesure. Sans oublier ce détail que l’ordre d’expulsion a été délivré par un Juge des Affaires Familiales (JAF), ce qui, selon des juristes-experts, n’est pas autorisé. Même si la Préfecture du Département des Vosges indique, sans pour autant apporter d’éléments concrets,  que ce genre de décision s’était déjà produit par le passé (justifiant donc une nouvelle erreur judiciaire par le fait qu’on l’avait déjà commise auparavant…), cette procédure après un calvaire de 14 ans pourrait conduire Françoise Lillié-Fetet à commettre l’irréparable, au cas où elle serait effectivement extraite de force de sa maison. Car Françoise Lillié-Fetet est au bout du rouleau. Elle n’aura plus la force de continuer à se battre contre des injustices flagrantes, si des hommes en uniforme la trainent hors de son foyer où les souvenirs d’une vie ne peuvent atterrir dans des cartons, pendant que le serrurier accompagnant immanquablement l’huissier dans ces expulsions, changera les serrures de SA maison. Elle pourrait rejoindre ces centaines d’anciens petits patrons qui se suicident chaque année en France. Mais je ne vous parlerai pas des « éléments techniques » de ce dossier, mais de Françoise Lillié-Fetet.

Elle a du courage, Françoise Lillié-Fetet, et contrairement à tout ce qu’on m’a dit lorsque je commençais mes recherches à Saint-Dié, elle n’est pas « folle ». Elle est désabusée, broyée par une machine judiciaire et administrative qui, très tôt, lors de son divorce, a pris position en faveur de celui qui l’avait trompée, car Monsieur fait partie des amis des « notables de la ville ». Dès le début de cette procédure, Françoise Lillié-Fetet a tout documenté, classé, commenté ; elle connaît la date de chaque courrier, extrait bancaire ou mise en demeure. Il est facile de constater, documents à l’appui, qu’elle a été exclue, de fait, des procédures. On a bafoué ses droits les plus fondamentaux et maintenant, on veut en finir avant que l’histoire ne fasse trop de vagues. Donc, à 12 jours du délibéré devant les tribunaux, la Préfecture accorde, en le communiquant par courrier officiel en date du 23 mars 2018, le concours de la force publique pour sortir Françoise Lillié-Fetet manu militari de sa maison. Le drame pourrait bel et bien intervenir à ce moment-là. Lorsque cette possibilité est évoquée, le regard de Françoise Lillié-Fetet se perd dans le néant. Et les larmes montent dans ses yeux.

Bien sûr, Françoise Lillié-Fetet n’a rien préparé, pas fait les cartons, pas vidé les armoires. Pourquoi le ferait-elle ? Si jamais on devait la déloger de chez elle, sa vie s’arrêterait là, car sa vie c’est son foyer, celui durement construit par des années d’un labeur honnête. Et faire des cartons pour l’au-delà ?… Et les yeux de Françoise Lillié-Fetet larmoient à ce stade très franchement et je partage son sentiment d’impuissance face à cette machine administrative qui s’est mise en marche, avec une dynamique terrible que rien, même pas le bon sens, ne semble pouvoir arrêter.

Il faudrait protéger Françoise Lillié-Fetet. La protéger d’une injustice qui n’en est plus une, des conséquences d’une série de dysfonctionnements où chacun des acteurs de ce dossier a tiré son épingle du jeu, au détriment de Françoise Lillié-Fetet. A partir du 1er Avril, l’huissier chargé d’exécuter cette peine capitale pour Françoise Lillié-Fetet pourra appeler les forces de l’ordre qui viendront alors avec deux ou trois camionnettes pour briser la porte d’entrée de sa maison, pour attraper de force une dame épuisée qui se débattra avec ses dernières forces et qui finira devant sa propre maison. Dans la mesure où l’ensemble des responsables dans ce dossier, a été dûment informé de la dangerosité de la situation pour la vie de Françoise Lillié-Fetet, il faudra alors poser la question de la responsabilité juridique pour ce qui risque de se passer ces prochains jours. Mais je ne vous parlerai pas de ça aujourd’hui. Aujourd’hui, je voudrais juste prendre cette femme martyrisée dans les bras pour lui dire que tout va bien se passer. Mais je n’ai pas ces mots pour elle, sachant que sauf un miracle, rien ne va bien se passer. Et dire que cela puisse arriver à chacun d’entre nous, n’a rien de rassurant non plus.

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