Et en Islande ?

Insularité, population réduite, aide massive de l’Etat

Les chiffres en Islande au 21 mars Foto: Ester Helgadottir/Eurojournalist/CC-BY-SA/4.0Int

(Marc Chaudeur) – Nous recevons, à Eurojournalist, des nouvelles de nos amis de toute l’Europe. Hier, des nouvelles de l’Islande, après celles venues de Sicile. Dans la grande Ile du Nord, nombre restreint d’habitants, nombre relativement élevé de personnes touchées par le virus, et une certaine hésitation sur les mesures à prendre : les Islandais… eux aussi, ont le goût de la liberté. Et puis sans aucun doute, si un jour le coronavirus est maîtrisé, de grands changements quant à l’orientation de l’économie nationale, beaucoup trop impactée depuis dix ans par un tourisme massif.

Les Islandais sont inquiets ; comme partout ailleurs en Europe. Hier, le virus n’avait fait encore qu’une seule victime : un touriste australien malade de pneumonie ; on ne sait donc pas si son décès est du au virus ou non puisque, apparemment, on ne l’a pas autopsié. Hier, dans toute l’Ile, il y avait 473 personnes atteintes, 5448 personnes en quarantaine, 6 personnes en danger de mort… et 22 personnes guéries. Des chiffres non négligeables par rapport à la population totale, qui est d’environ 370 000 habitants.

Pour l’instant, le gouvernement a adopté des mesures peu strictes et peu contraignantes : les malades doivent rester le plus longtemps possible chez eux ; ils sont (très bien !) surveillés par les médecins et le personnel soignant, qui généralement, les appellent plusieurs fois dans la journée. Mais on prépare apparemment des mesures plus rigoureuses, qui auront des conséquences beaucoup plus importantes qu’actuellement pour la vie économique de l’Islande.

Ce qui s‘accompagnera d’une puissante aide de l’État aux particuliers (aux ménages, donc) et aux entreprises menacées de faillites : la première ministre Katrín Jakobsdóttir, le ministre des Finances Bjarni Benediktsson et le ministre des Transports Sigurður Jóhannsson ont annoncé que l’État lâcherait 230 milliards de couronnes (1,6 milliard de dollars) qui paieront 75% des salaires, des réductions d’impôts pour les entreprises, une refonte de la TVA pour les projets de construction, des investissements renforcés pour le renouvellement des infrastructures techniques, et une accélération des projets publics.

Des mesures qui vont tout à fait, comme on voit, dans le sens du keynésianisme et du renforcement de cet Etat-providence tant décrié partout durant toutes les années récentes de spéculation et de boursicotage triomphants – et destructeurs, et irresponsables.

Là où le bât blesse vraiment, c’est dans le secteur du tourisme. L’Islande a investi dans le tourisme de masse, malheureusement. Et de manière très décevante par rapport à ce qu’on pouvait attendre d’un pays doué d’immenses potentiels pour un tourisme écologique et responsable ! Mais par les effets du COVID-19, cette source de revenus très ambivalente et à terme, très destructrice s’effondre littéralement. Le tourisme, curieusement, avait connu un boom en 2010, après l’éruption du volcan Eyafjallajökull (si,si). En 2018, presque 3 millions de touristes, venus du monde entier (beaucoup de Chinois) ont séjourné dans l’Ile ! C’est beaucoup trop pour un biotope aussi fragile. En 2019, pourtant, premier effondrement après la faillite de la compagnie d’aviation Wowair. Et maintenant, le virus…

Espérons donc que le gouvernement islandais saura prendre des mesures de confinement adéquates ; qu’il accompagnera suffisamment et palliera les faillites et les grands trous dans l’économie nationale. Et qu’il saura profiter de cette tragique occasion, de ce kairos, pour préparer une reconversion fondamentale de cette économie, qui pourra reposer sur beaucoup plus de discernement et de respect qu’il ne l’a fait ces dernières années.

Merci à Ester Helgadóttir

 

 

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