Et l’élection législative en Allemagne ?
Dans exactement un mois, les Allemands sont appelés aux urnes pour l'élection législative anticipée. La campagne est courte et incompréhensible pour les électeurs.

(KL) – Bien sûr, les sondages ne sont que des sondages. Mais à quatre semaines de l’élection législative en Allemagne le 23 février, il n’y a qu’un semblant de campagne, un « sloganisme » insupportable, un vide politique énorme. La seule chose qui semble acquise, c’est que le prochain chancelier allemand s’appellera Friedrich Merz (CDU) qui mène largement dans les sondages, malgré le fait que les trois quarts de l’électorat ne veulent pas de Merz à la tête du prochain gouvernement.
D’abord les chiffres : Actuellement, les conservateurs de la CDU/CSU se situent à 31% des intentions de vote, suivis par l’extrême-droite AfD avec 19%, le SPD avec 16%, les Verts à 13% et derrière, 4 partis risquent de ne pas dépasser les 5% qui sont nécessaires pour pouvoir envoyer des députés au Bundestag : le FDP (4%), le BSW (4%), Die Linke (3%) et les Freie Wähler (3%). Si les sondages devraient se confirmer aux urnes, la CDU/CSU aurait le choix de gouverner soit avec le SPD, soit avec les Verts, même si ces coalitions constitueraient des « mariages contre nature » et ne pourront compter que sur une courte majorité.
Le SPD d’Olaf Scholz ne réussit pas sa « remontada » annoncée, même si Olaf Scholz annonce beaucoup de mesures sociales pour rappeler à l’électorat que le SPD est un parti « de gauche ». Mais concernant des projets comme le salaire minimum de 15€ annoncé par Olaf Scholz, de nombreuses personnes se posent la question pourquoi de tels projets n’ont pas été discutés et mis en œuvre pendant les trois ans pendant lesquels Olaf Scholz était au pouvoir. Ce genre d’annonce tombe un peu dans la catégorie « les promesses n’engagent que ceux qui y croient »…
L’AfD continue sa montée vers le pouvoir doucement, mais sûrement, même si cette fois, le « mur coupe-feu » fonctionnera encore une fois, comprendre : il sera possible de former un gouvernement sans la participation de l’AfD qui elle, est soutenue autant par Elon Musk que par des cadors du Kremlin. Mais l’AfD, un peu comme le RN-ex-FN en France, n’est pas pressé de prendre le pouvoir, car l’extrême-droite sait que son heure viendra. Peut-être pas aujourd’hui, mais certainement demain.
Étonnant, la « nouvelle star » du paysage politique allemand, le « Bündnis Sahra Wagenknecht », s’éteint déjà. Crédité, il y a quelques semaines à peine, de jusqu’à 11% des intentions de vote, ce parti dont on ne sait toujours pas exactement s’il fait partie de l’extrême-gauche ou de l’extrême-droite, se situe aujourd’hui à 4% et son entrée au Bundestag est tout sauf sûr. La « guerre fratricide » entre « Die Linke » (dont Sahra Wagenknecht était longtemps la cheffe) et le « BSW » risque de coûter cher aux deux partis qui pourraient tous deux ne plus faire partie du prochain Bundestag.
Même son de cloche pour les libéraux du FDP, dont le fantasque candidat et chef du parti Christian Lindner n’arrive pas à mobiliser un électorat. Après avoir fait sauter le dernier gouvernement, de nombreux électeurs se posent la question à quoi le FDP peut bien servir. Pour l’instant, les libéraux n’ont pas encore répondu à cette question et il y a des chances à ce que le FDP disparaisse aussi du Bundestag.
Si le chaos politique en Allemagne n’a pas encore atteint le même niveau qu’en France, on constate un manque d’orientation inquiétant dans les programmes des partis. Si on sait que la CDU/CSU veut revenir sur de nombreux points décidés par le gouvernement sortant, les conservateurs n’ont pas de vrai concept non plus pour relancer le pays. Le SPD, les Verts et aussi le FDP viennent juste de montrer qu’ils ne sont pas en mesure de diriger l’Allemagne au milieu des nombreuses crises internationales qui ont aussi des conséquences au niveau national, le BSW n’arrive pas à avoir un profil clair et les plus petits partis n’ont aucune possibilité de convaincre les électeurs pendant une campagne à peine digne de ce nom.
La faiblesse de la politique allemande, avec le chaos politique en France, est une lourde hypothèque pour une Europe qui est de moins en moins présente et performante. Dans cette situation, l’Europe, la France et l’Allemagne n’auront pas grande chose à opposer aux USA et à la Chine qui risquent de partager le monde prochainement en deux sphères d’influence. Dans une telle évolution, l’Europe et donc aussi la France et l’Allemagne, n’auront qu’un rôle de spectateurs. Cela promet…
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