Et l’Europe dans tout ça ?

Le discours du président français et le débat avec les eurodéputé.e.s hier, ressemblait surtout à une joute électorale. Dommage pour l’Europe…

Emmanuel Macron en pleine campagne électorale nationale - au Parlement Européen. Foto: Mathieu CUGNOT / © European Union 2022 : EP

(KL) – Hier, la campagne électorale française était en visite à Strasbourg. Outre le président Emmanuel Macron, qui tenait un discours devant le Parlement Européen, il y avait aussi les meetings de Jean-Luc Mélenchon (LFI) et de Yannick Jadot (Verts). Si le discours d’Emmanuel Macron au Parlement Européen était beau, lisse et sans engagement concret, de nombreux eurodéputé.e.s ont fait le constat que c’était surtout un discours électoral national.

Pourtant, Emmanuel Macron a immédiatement lancé une pique en direction de la nouvelle Présidente du Parlement, Roberta Metsola, en indiquant vouloir inscrire le droit à l’avortement, contesté par Metsola, dans la « Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne ». Pareil pour la protection de l’environnement que le président français veut également ancrer dans les droits fondamentaux. Sachant que de telles décisions nécessitent l’unanimité des 27 états-membres, il s’agit là de propositions faciles – l’unanimité requise, ne se matérialisera pas. Mais faire des propositions qui ne sont soit pas réalisables, soit qui n’engage personne à rien, ce n’est pas ça dont l’Europe a actuellement besoin.

Macron, le candidat non déclaré, semble craindre une ingérence « étrangère » (comprendre : russe) dans les élections françaises. Après, que faut-il penser de l’annonce « d’investissements européens pour créer des champions européens » ? Difficile d’imaginer que pendant les 5 mois que dure encore la présidence française, il sera possible de lancer beaucoup de chantiers concrets, surtout en considérant que le candidat non-déclaré aura d’autres chats à fouetter pendant le plus clair de cette présidence. Son intervention concernant le Brexit, ressemblait également davantage à un vœu pieu qu’à un programme politique. Macron s’attend à ce que la Grande Bretagne respecte les traités, surtout en ce qui concerne la pêche et la question de l’Irlande du Nord.

Bien sûr, on ne peut pas s’attendre à des miracles d’une présidence qui ne dure que 6 mois. Mais les Européens sont en droit de s’attendre à plus qu’une campagne électorale française sur le sujet de l’Europe, mais c’est exactement ce qu’il s’est passé hier dans l’hémicycle strasbourgeois. Les autres eurodéputé.e.s intéressé.e.s par les élections françaises, dont Yannick Jadot, Manon Aubry ou Jordan Bardella, n’ont pas fait mieux. Insistant sur le bilan d’Emmanuel Macron comme président français, les eurodéputé.e.s français étaient autant dans une joute électorale que le président français.

Cette présidence française de l’Union Européenne sera terminée plus vite qu’on ne le pense. Avec un président qui, plus tôt ou plus tard, devra quand même se déclarer, avec les élections législatives qui arrivent dans la foulée des présidentielles, la politique française n’aura pas beaucoup de temps pour se pencher sur les questions européennes. Mais puisque le sujet est un sujet électoral sympathique, on prend. Et si les autres 440 millions Européens ne sont pas contents, ils pourront le faire savoir après les élections. Donc, quand la présidence de l’UE sera passée entre les mains de la République Tchèque.

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