Et l’Europe ferma les yeux…

L’Union Européenne se demande pourquoi les Européens n’adhèrent pas au projet européen. Peut-être parce que nos responsables trahissent ce projet en permanence ?

Avant l'arrivée de l'armée turque, on mourait déjà à Afrin. Maintenant, on meurt encore bien plus. Foto: Zlatica Hoke / VOA / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Afrin. Ah oui, Afrin. Un coin perdu dans le nord-ouest de la Syrie. Selon les médias, un « fief des rebelles ». Quelle expression! Des « rebelles », ce sont des gens qui dérangent un ordre établi, qui sèment le trouble, qui ne sont pas à prendre au sérieux. Les Kurdes d’Afrin, l’Occident les a toujours désignés comme des « rebelles », des « insurgés ». Avant de fermer les yeux face à l’agression du dictateur turc Erdogan. Qui, lui, fêtait hier la prise de la ville, de concert avec son nouveau meilleur ami, Bachir al-Assad, ce président meurtrier qui tue son peuple pour se maintenir au pouvoir. L’Europe, comme dans d’autres situations autour de la Méditerranée, a déposé le bilan humaniste. Non, l’Europe n’est plus le fief des Droits de l’Homme, l’Europe s’est cachée dans les rangs des belligérants du monde et a trahi le peuple kurde, celui qui a combattu pour nous l’Etat Islamique, avant que ce dernier prenne assez de pouvoir pour pouvoir concrétiser ses menaces formulées à l’encontre de l’Europe.

Il était fier, Recep Tayyip Erdogan, en annonçant dimanche que son opération, qui porte le nom cynique de « rameau d’olivier » ait abouti : « Les unités de l’armée syrienne libres, soutenues par les forces armées turques, ont pris le contrôle total du centre-ville d’Afrin à 8h30 du matin. » Quelle victoire ! Les malfrats du monde se liguent contre les derniers qui avaient le courage de combattre « Daesh », pour nous, pour éviter que « Daesh » prenne davantage d’assise sur les pays du Proche et du Moyen Orient, pour empêcher que la guerre de « Daesh » se décale de plus en plus vers l’Europe. Quelle façon de remercier les Kurdes d’Afrin de leur soutien. Quelle honte pour cette Europe qui, dans l’intérêt des grands lobbys, coopère avec des régimes criminels, finance des tyrans et criminels de guerre, organise la mise en œuvre de camps de concentration en Lybie – cette Europe-là, il ne faut pas s’étonner qu’elle ne fasse plus l’unanimité.

Au lieu de se montrer solidaire avec le peuple kurde, allié de circonstance tant que cela nous arrangeait, la diplomatie européenne a choisi de fermer les yeux pour ne pas froisser les dictateurs qui, dans cette région du monde, se mettent à commettre leurs crimes de concert.

Bien entendu, l’Union Européenne a ses propres intérêts, mais ces intérêts n’ont rien de noble, rien d’humaniste. L’Europe veut empêcher à tout prix des réfugiés de gagner l’Europe et nous nous inclinons devant un dictateur fou qui affiche maintenant des ambitions dans les pays voisins.

L’Europe a créé le poste d’une « ministre des affaires étrangères européenne », en la personne de l’Italienne Federica Mogherini. Mais quelle politique défend-t-elle ? Celle des bandes libyennes qui vont à la pêche des réfugiés dans les eaux internationales pour ramener les réfugiés en Lybie où ils disparaissent dans des camps de torture, où il sont vendus sur des marchés d’esclaves, violés, malmenés, tués. Avec l’aide généreuse de l’Union Européenne.

Et Afrin ? Les centaines de civils morts, les combattants kurdes massacrés ? Cela ne nous regarde pas ? Si, cela nous regarde, car la politique européenne est menée en notre nom. Ce sont nous, les 500 millions d’Européens et Européennes qui permettent à nos responsables politiques de mener une telle politique. Il y aura un seul moyen pour changer cette politique honteuse : en 2019, il faut élire un nouveau parlement européen et ceux qui sont responsables de cette politique honteuse, ne devraient pas être réélus. C’est aussi simple que ça. Il faut sauver l’Europe avant que l’Union Européenne ne se transforme définitivement en une sorte d’association de malfaiteurs géante.

 

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste