Et l’Europe regarde ailleurs…

Aujourd'hui, la justice britannique rendra son verdict dans le dossier Julian Assange. De ce procès politique et honteux dépend la vie du lanceur d'alerte – et celui de l'Union Européenne.

Aujourd'hui, la justice britannique décidera du sort de Julian Assange. Foto: Elekhh / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – 175 ans. Voilà la peine qu’encourt le lanceur d’alerte Julian Assange si la justice britannique devrait décider aujourd’hui de son extradition vers les Etats-Unis où 175 ans de prison pour « espionnage » attendent celui qui avait, par le biais de WikiLeaks, rendu public des crimes de guerre américains. Si on doit considérer que la Grande Bretagne ait quitté la voie des « valeurs européennes » pour se soumettre au diktat américain, l’Union Européenne a laissé passer toutes les occasion de se faire fort pour que Julian Assange soit protégé de ses prédateurs américains.

Après 8 ans enfermé à l’ambassade de l’Equateur à Londres et plus d’un an dans la prison de haute sécurité de Belmarsh (pour des infractions concernant son statut d’étranger sur le sol britannique, un prétexte aussi construit que ridicule – l’homme a du se réfugier dans l’ambassade de l’Equateur pour se protéger contre de fausses allégations de viol en Suède, une affaire classée sans suites depuis), la Grande Bretagne entend présenter la tête de Julian Assange au grand frère américain, dans l’espoir d’obtenir en échange, un traité sur des libres échanges.

L’ONU estime que le traitement réservé à Julian Assange par les autorités britanniques, était de la torture. Indigne d’un état de droit, indigne d’un état européen, indigne d’un potentiel partenaire de l’Union Européenne. Mais en dehors des belles paroles des responsables européens, qui ont l’habitude de s’auto-congratuler pour le « super-travail » en faveur des lanceurs d’alerte, l’Union Européenne a laissé passer toutes les occasions d’exercer de la pression sur Londres en vue d’une libération immédiate de Julian Assange.

Pourtant, l’Union Européenne aurait les moyens pour faire changer la Grande Bretagne d’avis. Là, il s’agit d’un cas de principe – si les Britanniques veulent continuer à bénéficier des bienfaits du commerce avec l’Europe, qu’ils libèrent Julian Assange. Cela aurait pu être une condition sine qua non pour continuer à négocier avec le régime de Boris Johnson qui est en train de violer les fondamentaux des Droits de l’Homme en ce qui concerne Julian Assange.

Indépendamment du verdict que rendra la court britannique aujourd’hui, l’Union Européenne doit immédiatement proposer l’asile politique et humanitaire à Julian Assange et insister que toute négociation avec le Royaume Uni serait suspendue le temps que Julian Assange arrive en sécurité sur le sol européen. En vue de l’inertie européenne dans le dossier Assange, on peut se poser la question si les responsables européens souhaitent réellement la libération de Julian Assange. Tant que ce dernier n’est pas arrivé sur le sol américain, il n’est pas trop tard pour agir en ce sens.

Par contre, si les Américains et les Britanniques devraient terminer leur sale boulot de la mise à mort d’un journaliste et lanceur d’alerte, il faudra frapper les deux pays de sanctions. Si la protection de la liberté de la presse et de la liberté de l’expression ne figurent plus sur la liste des « valeurs européennes », l’Union Européenne devra se poser de sérieuses questions quant à sa raison d’être. Se rendre complice de crimes comme celui commis à l’encontre de Julian Assange, ne peut pas être la mission de l’Union Européenne.

Le silence étourdissant des instances européennes concernant Julian Assange est plus qu’irritant. La crédibilité de l’Union Européenne est en jeu et il n’y a plus une heure à perdre. Le monde entier a le regard tourné vers Londres aujourd’hui, mais aussi vers Bruxelles et Strasbourg. C’est aujourd’hui que l’Union Européenne doit apporter la preuve qu’elle est plus qu’un simple agent des marchés financiers et des intérêts de Big Business. Si Julian Assange devrait réellement être jeté aux lions américains, il deviendra alors très difficile de défendre l’avenir de l’Union Européenne. Qui voudrait s’engager pour des complices de gens qui malmènent les Droits de l’Homme ?

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