Et l’Europe ? Silence radio, comme d’habitude…

La guerre en Syrie devient de plus en plus dramatique. Presque 2 millions de personnes sont enfermées à Alep et menacées par la famine, le manque d’eau, les bombardements et différentes armées.

Nous savons que la guerre en Syrie est terrible. Mais l'Europe ne fait rien. Foto: Voice of America News / Compilation Pereslavtsev / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – La photo du petit Omran fait actuellement le tour du monde, comme celle du petit Aylan il y a quelques mois. C’est terrible de voir ces petites victimes de la guerre, enfants qui n’ont rien demandé à personne et qui laissent leur vie et leur santé dans une guerre où plus personne ne comprend rien. Dès que cette guerre prend un visage humain, nous nous sentons concernés, mais non pas assez pour pousser nos responsables européens à prendre une position commune et forte vis-à-vis du dictateur syrien Bachir al-Assad, vis-à-vis de la Russie de Poutine et vis-à-vis de la Turquie d’Erdogan qui elle, fait son possible pour empêcher les Kurdes de combattre Daesh. Une fois de plus, on ne peut que déplorer l’absence d’une politique européenne.

Alep est en train de devenir une ville martyre. Encerclée par les forces du gouvernement syrien et l’armée russe, bombardée en permanence, coupée de vivres, de l’eau et de médicaments, cette grande ville se meurt sous les yeux du monde entier. On aimerait entendre l’Union Européenne s’insurger d’une seule voix contre les horreurs de cette guerre, on aimerait voir l’Union Européenne réagir sur le terrible rapport d’Amnesty International faisant état de tortures et meurtres systématiques commis par les troupes du dictateur Assad, on aimerait que l’Europe ne se limite pas à ce double rôle de spectateur et fournisseur d’armes. Mais l’Europe est la grande absente dans ce conflit, sauf pour les bombardements totalement inutiles dans le cadre de cette « guerre contre le terrorisme » qui en fin de compte, ne combat pas le terrorisme, mais les populations civiles.

Elle est où, cette Europe aux valeurs humanistes, cette Europe qui se veut « fief des Droits de l’Homme » ? Où sont les sanctions, les accords, la solidarité ? Que fait l’Europe pour aider concrètement les 2 millions de personnes à Alep qui sont condamnés si le monde devait continuer à considérer la situation là-bas comme un fait divers au JT le soir ?

Et que faisons-nous pour au moins aider ceux qui ont réussi à échapper à cette folie meurtrière ? Au lieu d’accueillir ces victimes, l’Europe préfère travailler avec un personnage aussi douteux que le président-dictateur Erdogan et l’Europe joue la montre pour ne surtout pas devoir partager ses richesses avec des gens qui ont réussi à fuir cette horreur. Les décisions du mois de Septembre 2015 concernant la distribution de 160 000 réfugiés arrivés en Grèce et en Italie sur les autres états-membre de l’Union n’ont toujours pas été mises en œuvre.

Le silence européen ressemble à celui en 1938. L’Europe ferme les yeux en espérant que des dictateurs fous n’iront pas au bout de leur folie. En baissant le regard, l’Europe répète l’histoire – car les dictateurs fous ne s’arrêteront pas là. Poutine a des ambitions territoriales importantes et il vient de trouver un allié de rang en la personne d’Erdogan. La perspective d’une intervention russe en Ukraine et ailleurs, soutenue par la Turquie qui elle aussi, a de fortes ambitions en vue de la mise en œuvre d’un « empire ottoman 2.0 », est inquiétante. Mais après tout, qu’est-ce qui empêcherait Poutine à lancer une nouvelle offensive contre l’Ukraine ? Depuis l’annexion de la Crimée, il sait que l’occident n’interviendra pas. La terrible guerre en Syrie n’est que le prélude de ce qui pourra suivre – et regarder ailleurs en discutant comment faire en sorte à ce que les réfugiés n’arrivent pas jusqu’en Europe, est une erreur monumentale. A quand les Etats-Unis d’Europe qui pourraient intervenir ?

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