Et l’Europe s’occupe des états d’âme britanniques…

Le monde se dirige vers une guerre opposant les Américains au monde arabe et la Russie, et pendant ce temps-là, l'Europe s'occupe des états d'âme britanniques et de Boris Johnson.

La "preuve" qui n'en est pas une - les nuages de fumée noire ne prouvent que la direction du vent au moment de la prise de la photo. Foto: (c) NASA Worldview

(KL) – Quand les Américains présentent des « preuves », il convient d’être prudent. On se souvient des « preuves » qui indiquaient la présence d’usines d’armes chimiques en Irak, qui étaient tous des « fakes », mais suffisant pour déclencher la guerre en Irak. Maintenant, le chef de la diplomatie américaine Pompeo « sait » que l’Iran se trouve derrière les attaques sur la production pétrolière de l’Arabie Saoudite, pays réputé être le soutien le plus actif et généreux de groupes de terroristes islamistes. En tant que troisième plus grand producteur de pétrole au monde, l’Arabie Saoudite est, bien entendu, le meilleur ami des Etats-Unis. Par conséquent, les USA ont déjà proposé de l’aide pour « l’auto-défense saoudienne », et Donald Trump a tweeté que les Etats-Unis se tenaient prêts et n’attendaient qu’une confirmation que l’Iran est responsable de ces attaques pour lancer une opération.

Et ces « preuves » ? Sur la photo de la NASA, on voit clairement les champs pétroliers d’Abkaik et de Churais en feu, avec des nuages de fumée noire visibles même depuis l’espace. Toutefois, si les Etats-Unis clament que cette photo constitue la preuve que les attaques sont venues depuis le nord-nord-ouest (donc, depuis l’Iran), cette photo ne constitue que la preuve qu’au moment de sa prise, le vent en Arabie Saoudite venait du nord-nord-ouest. L’attaque, elle, aurait pu provenir de n’importe quelle direction. Il convient donc d’être extrêmement prudent avec les « preuves » américaines.

En même temps, les présidents iranien, russe et turc, Ruhani, Poutine et Erdogan se retrouvent à Ankara – les coalitions se forment et se préparent à une guerre majeure. Pendant ce temps, l’attention européenne est accaparée par Boris Johnson et sa visite chez Jean-Claude Juncker.

L’Europe est de moins en moins un acteur sur l’échiquier mondial. Même la Turquie est un interlocuteur plus important pour les superpuissances que l’Union Européenne, et il convient de regarder cette évolution attentivement. Ruhani, Poutine et Erdogan forment un nouveau front, et il est évident que la Chine n’agira pas contre les intérêts russes, considérant l’excellente coopération dans le cadre du « BRICS », ce regroupement du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud. De l’autre côté, les va-t-en-guerre américains, certainement suivis par ce nouveau toutou qu’est la Grande Bretagne, qui s’attendent certainement au soutien de l’OTAN lorsqu’ils lanceront la « Guerre du Golf 3 ». Et si on renvoyait le fantasque Boris Johnson à la maison pour s’occuper des questions vraiment importantes ? Il veut casser son pays ? Qu’il le casse et qu’on arrête de concentrer toute l’attention européenne sur ce nombrilisme britannique !

L’impuissance européenne devient pathétique. Ce serait à l’Europe de raisonner les Etats-Unis qui cherchent depuis un bon moment un prétexte pour lancer une nouvelle Guerre du Golfe, une aubaine pour le plus grand producteur d’armes du monde. Une guerre, loin des terres américaines, est le meilleur moyen pour sécuriser l’emploi aux Etats-Unis et pour donner un coup de pouce à la conjoncture chez Uncle Sam.

L’Europe ne peut même pas parler d’une seule voix. La Grande Bretagne ne fera rien pour froisser les Etats-Unis, qui eux, pourraient être le garant de la survie économique du Royaume Uni après le Brexit ; la Pologne est devenu le grand ami des Américains : elle va même jusqu’à demander le stationnement de fusées américaines au pays. Et jamais l’Europe ne pourra lever sa voix pour dire « Stop ! » au déclenchement de la IIIe Guerre Mondiale.

Si l’Europe veut encore peser dans la politique internationale, elle doit se dépêcher. Lorsque la prochaine grande guerre sera lancée, il sera trop tard pour des initiatives de paix. Mais ceci n’est probablement qu’un vœu pieu – l’Europe s’occupera d’abord du Brexit et de Boris Johnson et de rien d’autre. Affligeant.

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