Et maintenant ?

Pendant que la France a suivi avec attention le duel Macron – Le Pen pour déterminer qui est et sera le chef en France, les Européens et Européennes ont voté pour le nouveau Parlement Européen. Le voici.

Voilà la répartition des sièges au nouveau Parlament Européen. Les pro-Européens sont largement majoritaires. Foto: (c) Parlement Européen en collaboration avec Kantar

(KL) – Même si tous les résultats définitifs des 28 Etats-membres de l’UE sont encore attendus, on a déjà une idée assez précise sur la composition du nouveau Parlement Européen. L’époque de la « Groko européenne » entre le PPE et les Socialistes & Démocrates (S&D) est révolue ; désormais, il faudra chercher des compromis politiques avec d’autres groupes. La montée des libéraux de l’ALDE et des Verts/EFA obligera les partis traditionnels au Parlement Européen à s’ouvrir à un véritable dialogue politique et à trouver des positions que la majorité du Parlement pourra soutenir. Ce qui s’annonce comme un défi compliqué servira en fin de compte la démocratie européenne.

La majorité au Parlement Européen avec ses 751 sièges (du moins tant que les Britanniques font partie du club) se situe à 376 sièges – ce qui veut dire qu’aucune « coalition à deux » ne sera possible. Ceux qui se partagent le pouvoir au Parlement Européen depuis toujours, le PPE et S&D, totalisent ensemble 329 sièges et ne peuvent donc décider de rien sans l’appui d’au moins d’un troisième groupe. Tous les regards se tournent vers les libéraux de l’ALDE qui, grâce à l’appui de sa nouvelle recrue LREM (La République en marche) compte désormais 107 sièges. Les Verts, quant à eux, obtiennent 70 sièges ; et il sera difficile de trouver des majorités au Parlement Européen sans l’aval de ces 4 groupes.

La plupart des décisions politiques du Parlement Européen devront être prises par trois, quatre ou même plus de groupes politiques. Le PPE, lui, sera obligé de se concerter avec les autres groupes pro-européens et ne pourra pas se permettre de faire des « deals » avec les groupes euro-sceptiques ou même euro-hostiles. Même si ces groupes enregistrent davantage de député.e.s qu’après 2014, ils restent très clairement minoritaires au Parlement Européen et ne pourront peser sur les décisions européennes qu’à condition que les grands groupes commettent le péché originel qui consisterait à se mettre à coopérer avec ceux qui souhaitent abolir l’Europe.

Après une première analyse des résultats dans les 28 Etats-membres (analyse compliquée, car dans tous les Etats-membres, il y avait d’autres enjeux et d’autres formats d’élection), on constatera que la grande gagnante de cette élection sera – la Démocratie Européenne. Car désormais, la politique européenne ne pourra pas faire autrement que de trouver des solutions politiques consensuelles – l’époque où les deux mastodontes PPE et S&D pouvaient imposer ce qu’ils avaient décidé est révolue. Place au débat politique : face aux échanges thématiques, fini les décisions idéologiques !

On verra déjà au moment de la désignation du nouveau président de la Commission Européenne et des commissaires comment ce nouveau débat démocratique se déroulera. Dans une situation où le PPE et S&D ne pourront plus se mettre d’accord entre eux, les chances de Manfred Weber (PPE) et de Frans Timmermans (S&D) d’accéder à la succession de Jean-Claude Juncker s’amoindrissent. Puisque ni l’un, ni l’autre obtiendront une majorité, il convient de penser à d’autres candidat.e.s comme la Danoise Margrethe Vestager (ALDE) ou Ska Keller (Verts) – les débats s’annoncent passionnants.

Pendant que l’on discute encore les résultats au niveau national, le Parlement Européen prend corps pour sa nouvelle mandature. La diversité des groupes présents au Parlement ne constitue pas un problème, mais au contraire, un plus pour la démocratie européenne, car on entendra d’autres voix que seulement celles du PPE et des S&D. Non, l’Europe n’est pas tombée entre les mains d’extrémistes, non, l’Europe n’a pas déposé son bilan. Rien n’est perdu et maintenant, tout le monde doit se mettre au travail pour une Europe plus sociale, plus solidaire et plus humaine !

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