Et maintenant, ils sont tous fans du Conseil Unique d’Alsace

Si les Français n’avaient pas la fâcheuse habitude «d'abuser» des scrutins pour exprimer leur mécontentement général, le Conseil Unique d’Alsace serait une réalité. Si.

L'Alsace restera toujours l'Alsace. Mais Strasbourg ne sera pas forcément la capitale de la nouvelle région. Foto: JMRW / PD / Wikimedia Commons

(KL) – Soyons clair – le Conseil Unique d’Alsace ne verra jamais le jour. L’occasion unique pour l’avoir, c’était le 7 avril 2013. Ce jour-là, il aurait suffit de se déplacer dans son bureau de vote, de cocher «Oui» et l’affaire aurait été bouclée. Maintenant, il est trop tard. Et étrangement, ce sont ceux qui avaient voté «Non» ou qui se sont abstenus, qui sont les premiers à vouloir réanimer ce dossier enterré depuis plus d’un an.

Mais la réforme territoriale sur laquelle tricote le gouvernement et qui vise la fin du «mille-feuilles institutionnel», est en train d’en abolir un pour en créer un autre. Avec plus d’un an de retard, l’Alsace politique se réveille et donne ainsi tardivement raison à Philippe Richert. Mais il est trop tard. Aujourd’hui, plus personne n’entrera dans un dossier qui veut unir deux départements à un moment où les département ont vocation à disparaîre. Aujourd’hui, la seule question ouverte est : Alsace-Lorraine ou Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes ? Avec comme questions bonus – quid de l’Eurométropole ?

Etrange que des personnalités comme le maire de Mulhouse Jean Rottner reviennent avec ce sujet du Conseil Unique d’Alsace. Il fallait y penser au mois d’Avril 2013 et faire campagne à ce moment-là. Depuis, et il semble que tout le monde en Alsace n’a pas encore compris, il s’agit de voir comment l’Alsace pourra sauvegarder son identité dans une «super-région Est» dont Strasbourg risque fort de ne pas être la capitale. La ville de Metz a déjà fait connaître ses ambitions comme future capitale de cette nouvelle région qui place l’Alsace dans un voisinage direct avec l’Ile de France. Metz, geographiquement assez au centre de cette nouvelle région, a des atouts à faire valoir dont Strasbourg ne dispose pas. La capitale alsacienne se trouve totalement décalé par rapport au centre géographique de cette nouvelle région et il sera difficile de contourner cette réalité.

«Strasbourg est déjà capitale européenne», argueront les Messins qui seront certainement soutenus par Nancy – et la Lorraine prendra les commandes de cette nouvelle région. La Champagne-Ardennes ne verra pas Reims couronnée comme nouvelle capitale et tout indiquerait que la Lorraine se verra valorisée dans cette démarche. Avec ou sans la Champagne-Ardennes.

Et l’Alsace ? L’Alsace risque de se voir réléguée au rang d’une sous-région un peu exotique aux frontières de l’Est. Dans une telle «super-région», les élus alsaciens ne peseront pas lourd face aux élus des deux autres sous-régions. Pierre Klein, Président de l’Initiative Citoyenne Alsacienne (ICA) pose la bonne question : «Que deviendront les relations franco-allemandes, construites depuis des décénnies avec tant d’engagement le long du Rhin ?» La majorité dans le nouveau Conseil Régional ne s’intéressera pas plus aux relations franco-allemandes que nous nous intéressons aux relations franco-belges. Ou franco-luxembourgeoises. Est-ce que cette réforme ne risque pas d’anèantir le travail de tant d’années et ce, pour une promesse d’économies qui n’ont jamais été prouvés ?

Le problème de fond, c’est qu’en France, on ne vote jamais pour le sujet qui fait l’objet du scrutin. Lors des élections européennes, les électeurs voulaient donner un carton jaune foncé au Président de la République. Résultat : la France a gagné la réputation d’être le pays le plus en proie de l’extrême-droite en Europe. Lors du référendum sur la constitution européenne, la France a préféré montrer un doigt d’honneur à Jacques Chirac. Résultat : l’Europe manque toujours d’une constitution qui aurait pu faire avancer l’Europe. On se trompe trop souvent de cible et étrangement, on continue à voter pour ceux qui sont responsables des misères qui font souffrir les Français. Cela engendre des occasions manquées, comme celle du 7 avril 2013.

Il est donc totalement inutile de revenir en arrière. Ce qui est passé, est passé et ne reviendra plus. Maintenant, il faut tourner le regard vers l’avenir pour tenter d’éviter le pire – une région commune avec la Champagne-Ardennes. Ce n’est pas en rêvant des occasions loupées que l’Alsace y parviendra.

2 Kommentare zu Et maintenant, ils sont tous fans du Conseil Unique d’Alsace

  1. 3locations // 22. Juli 2014 um 8:21 // Antworten

    Enfin la centralité n’est pas forcément une nécessité:
    – Washington DC pour les USA.
    – Nantes pour les Pays de Loire.
    – Rennes pour la Bretagne.

    Et en ce qui concerne l’accessibilité, quelque soit le mode de transport, il n’y a pas photos. Seule la ville de Strasbourg dispose de lignes aériennes directes vers les autres métropoles en-dehors de Paris: Nantes, Bordeaux, Toulouse, Lyon, Nice, Marseille et Lille. Pour l’aéroport de Metz-Nancy (et pourtant Metz est déjà la capitale de la Lorraine) c’est le cas uniquement pour Lyon et Marseille.

  2. Vous semblez bien sur de vous!
    Moi je pense qu’un retour du conseil unique est possible.

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