Et maintenant ?

Jamais dans son histoire, l’Allemagne Fédérale n’avait eu de telles difficultés pour former un nouveau gouvernement. Actuellement, il existe trois options – et aucune parmi elles n’est convaincante.

La chancellerie fédérale à Berlin - qui sera le prochain locataire ? Foto: Manfred Brückels / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – L’Allemagne politique ne sait plus sur quel pied danser. Depuis que les libéraux du FDP ont brusquement mis un terme aux discussions avec la CDU/CSU et les Verts, l’Allemagne se trouve dans une véritable crise politique. Les nerfs à vif, les responsables des partis se pointent mutuellement du doigt et à l’intérieur des partis conservateurs, de la CDU et de la CSU, l’autorité des chefs Angela Merkel et Horst Seehofer est remise en question. Les Verts sont frustrés, le FDP se plaît dans le rôle du « parti de la conscience », le SPD regarde tout ce chaos avec un sourire malin, Die Linke rêve d’une unification de la gauche et l’extrême-droite de l’AfD se frotte les mains face à ce spectacle inhabituel dans une Allemagne par ailleurs connue pour sa stabilité politique. Les trois options qui s’offrent désormais à la politique ne sont guère enthousiasmantes.

La Constitution allemande, le Grundgesetz, prévoit maintenant une procédure compliquée. La nouvelle Assemblée Nationale, le Bundestag, doit procéder à un premier tour d’élection du chancelier. Pour être élu, un candidat doit obtenir la majorité absolue, donc 50% + 1 voix. Si aucun candidat n’obtient un tel score, le Bundestag dispose dans la deuxième phase de deux semaines pour élire un autre candidat ou une autre candidate. Pendant ces deux semaines, il incombe au Bundestag de décider s’il veut voter chaque jour, une ou plusieurs fois – à condition qu’un candidat soit élu. Si tel n’est pas le cas au bout de deux semaines, le Bundestag votera dans la troisième phase et élira le candidat ou la candidate qui obtient une simple majorité des votes. A ce moment, le Président Fédéral interviendra et soit, il nomme le vainqueur de cette élection chancelier fédéral (et ce dernier doit accepter sa nomination), soit il dissout le parlement et appelle à des élections anticipées qui doivent être organisées dans les 60 jours après la dissolution du parlement. Mais d’ici là, plein de choses peuvent encore se passer.

Sans aucun accord entre les partis, déjà le premier tour de l’élection au Bundestag sera intéressant. Comment se comporteront les différents partis ? Et si plusieurs élus de l’extrême-droite, des libéraux et même des Verts votaient avec les élus de la CDU/CSU ? Du coup, Angela Merkel aura été élue avec les votes de l’extrême-droite qui elle, gagnerait une toute autre importance au parlement allemand et la politique allemande connaîtrait son pêché originel. Etre élue avec des votes de l’AfD constituerait pour Angela Merkel la pire des possibilités.

Pendant tout ce temps, bien entendu, rien n’interdit aux partis de négocier, d’essayer de trouver des accords, de former d’autres coalition. Ainsi, il serait théoriquement possible que le SPD, après s’être fait prier pendant des mois, assume enfin sa responsabilité politique et revienne à la table des négociations. Après tout, une « Grande Coalition » CDU/CSU-SPD disposerait mathématiquement d’une majorité au Bundestag. Seulement, le SPD ne veut pas. On dirait presque que les social-démocrates prennent un plaisir malin à regarder les autres partis se débattre – mais à terme, cette attitude pourra aussi coûter cher au SPD. Mais, qui sait, il n’est pas exclu qu’en début de l’année prochaine, on retrouve soudainement la CDU/CSU et le SPD autour de la table. Mais les Allemands ne sont plus vraiment friands de cette « Grande Coalition ».

Vient donc la fin de la deuxième phase. Si aucun candidat ou aucune candidate n’a obtenu la majorité absolue, on procède donc à la phase trois, avec un scrutin qui désignera à la majorité simple, le nouveau chancelier ou la nouvelle chancelière. Dans ce cas de figure, le candidat ayant obtenu le plus grand nombre de votes, devra encore accepter son élection – s’il refuse, par exemple parce qu’il considère qu’il ne peut pas conduire un gouvernement minoritaire (une forme de gouvernement que l’Allemagne n’a jamais connue), le Président Fédéral n’aura d’autre choix que de dissoudre le parlement.

En cas de dissolution du parlement, des élections anticipées doivent être organisées dans les 60 jours. Sauf les partis extrémistes, aucun parti ne peut avoir un réel intérêt de se lancer à nouveau dans une campagne. Le chaos politique pourrait une nouvelle fois chambouler le paysage politique et le résultat d’un tel scrutin serait totalement incertain. Mais, il s’agit de l’option la plus réaliste, en vue du comportement des partis depuis quelques mois et surtout, pendant les 5 semaines de négociations en vue de la formation d’un nouveau gouvernement. L’Allemagne s’est manœuvrée dans une vraie crise politique dont personne ne peut prévoir l’issue aujourd’hui.

1 Kommentar zu Et maintenant ?

  1. On se tient les pouces…pour l’Europe !

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