Et nous ?

Il semblerait que l'Union Européenne et la Grande Bretagne aient trouvé un accord sur les modalités du « Brexit ». Le tout dans une opacité totale. Et nous, dans tout ça ?

Et si la majorité des Britanniques ET des Européens souhaiteraient voir la Grande Bretagne rester européenne ? Foto: Ferdivg / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – On approche de la date fatidique : la date de la sortie de la Grande Bretagne de l’Union Européenne. La plus grande bêtise politique depuis la IIe Guerre Mondiale en Europe. Après des mois et des mois de négociations infructueuses entre les Britanniques et les Européens, les intéressés ont déclaré cette semaine avoir trouvé un « compromis ». Qui lui, doit maintenant passer tous les obstacles en Grande Bretagne, du conseil des ministres à la population, en passant par le Parlement. Et nous autres citoyens et citoyennes européens, pourquoi on ne nous consulte pas sur une question aussi fondamentale que la décomposition de l’Union Européenne ?

Le peu que l’on sait du « deal » qui remplit 500 pages indique qu’il s’agit avant tout de permettre à Theresa May de garder la face. Au fond, le « compromis » est surtout le report du Brexit, l’aveu qu’on ignore comment s’y prendre. Pour faire court, la Grande Bretagne resterait temporairement dans l’union douanière, ce qui permettrait de gagner un peu de temps dans l’espoir de trouver une solution pour la question inextricable des deux Irlande – donc, le Royaume Uni reste encore un peu dans le marché unique. Une commission paritaire devrait ensuite décider du moment de la rupture définitive. Cette commission sera composée par des représentants britanniques et européens au nombre égal, plus une « personnalité extérieure ». Une sorte de « tribunal politique des familles » – mais à qui confiera-t-on la garde de l’Irlande du Nord ? A l’Eire, Etat membre de l’Union ? A la Grande-Bretagne, sachant que cela crée une frontière extérieure de l’Union sur l’île irlandaise ?

Ce « compromis » qui n’en est pas vraiment un n’enthousiasme personne. Pour les défenseurs d’un Brexit dur, les faucons britanniques, ce « compromis » constitue une sortie de la sortie, pour ceux qui s’opposent à cette bêtise qui est le Brexit, il va trop loin, constituant l’étape suivante dans un processus que l’on aimerait abandonner. Et à la fin ? Que décidera le parlement britannique ? Rien n’est moins clair, pour l’instant. Ensuite, est-ce que les Britanniques auront l’occasion de s’exprimer dans le cadre d’un « Final Say Referendum » que réclament de millions de Britanniques ? Et last, but not least, quid des Européens et Européennes ?

Les seuls à qui personne n’a demandé son avis, ce sont les 500 millions d’Européens et Européennes ? Souhaitons-nous vraiment voir les Britanniques quitter l’Union Européenne ? Est-ce notre intérêt de voir l’Europe affaiblie par la sortie d’un des membres les plus importants ? Est-ce que nous voulons assister les bras croisés à regarder l’implosion d’une Union Européenne qui se porte déjà assez mal comme ça ? Pourquoi est-ce que nous n’avons pas droit à un référendum sur le « deal » final que l’on nous présentera un jour ?

La cohésion européenne est aujourd’hui plus importante que jamais. Le monde en pleine mutation se trouve à l’aube de ces défis monumentaux que sont le changement climatique qui met en péril la Terre entière, la paix, la justice sociale et le développement durable – et pour pouvoir espérer être en mesure de gérer ces problèmes, l’Europe doit se serrer les coudes pour ne pas disparaître de l’échiquier de la politique mondiale.

Pourquoi ne pas profiter de l’élection européenne en mai 2019 pour poser la question à l’ensemble des Européens et Européennes ? Il est tout de même inconcevable que l’avenir de notre continent puisse dépendre de décisions d’une poignée de personnes qui elles, souvent, poursuivent des intérêts pas nécessairement en phase avec ceux des 500 millions citoyens et citoyennes européens. Il faut faire vite, car l’échéance approche à pas de géant. Et il ne serait pas une mauvaise chose d’empêcher une évolution qui pourrait mettre en péril ce qui reste de la cohésion européenne.

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