Et on attend (comme toujours) le «sursaut républicain»

Comme déjà en Autriche, les Français aussi désavouent les partis traditionnels. Ce sera à un marcheur entre les mondes politiques de sauver la France (et l'Europe) du pire.

Pour le deuxième tour le 7 mai, le choix est assez évident. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – Le SPÖ et l’ÖVP, les deux grands partis populaires autrichiens, ne croyaient pas leurs yeux. Il y a un an jour pour jour, le 24 avril 2016, que leurs candidats aux élections présidentielles étaient éliminés dès le premier tour avec 11% chacun. Pour deux partis qui formaient le gouvernement dans une « grande coalition », un résultat désastreux. Ce sont un écologiste sans étiquette, Alexander van der Bellen et un populiste d’extrême-droite, Norbert Hofer, qui arrvaient dans un deuxième tour houleux. C’était le début de la fin des « partis populaires » en Autriche. Un an plus tard, la même chose est arrivée en France.

Emmanuel Macron et son mouvement « En Marche » doivent donc constituer le dernier barrage pour la candidate du Front National Marine Le Pen qui se hisse donc au deuxième tour où, justement, elle devra faire face à ce qui devient de plus en plus une nécessité en France, le « sursaut républicain ». Inventé en 2002, lorsque la gauche française avait mal au ventre à porter Jacques Chirac à l’Elysée pour empêcher Jean-Marie Le Pen d’accéder à la présidence, le « sursaut républicain » constitue de plus en plus souvent le dernier rempart avant que l’inimaginable n’arrive – une prise du pouvoir par l’extrême-droite. Le dernier « sursaut républicain » en date, c’était lors des élections régionales au mois de décembre dernier lorsque le FN était arrivé en tête dans trois régions lors du premier tour.

Alors, cette fois, il faudra que ça fonctionne à nouveau. Aussi paradoxal que cela puisse paraître – là, où aucun candidat ne réussit à fédérer les Français, Marine Le Pen y arrive. Encore hier soir, les joutes entre « adversaires politiques » cessaient pour faire place au sursaut contre « l’ennemi de la République », donc, le FN, comme l’exprimait Benoît Hamon en recommandant de voter pour Emmanuel Macron au deuxième tour. Quelques instants plus tard, il aua été rejoint dans cette recommendation par François Fillon et par Alain Juppé – Marine Le Pen aura donc même réussi à réconcilier Fillon et Juppé sur une position commune.

Le choix lors du deuxième tour n’en est pas vraiment un. - D’un côté, l’option d’une aventure ultralibérale ou pas, sociale ou pas, sécuritaire ou pas, mais pro-européenne et d’autre côté, l’option du nombrilisme national, de la xénophobie, de la haine, de la sortie de l’Union Européenne et de la monnaire commune et sans entrer dans les détails, ce choix se fait quasiment tout seul. Donc, il est temps pour un nouveau « sursaut républicain » le 7 mai. Ou pour le dire ainsi – on ne sait pas exactement ce qui nous attend avec Emmanuel Macron et ceux qui expriment des doutes, ont d’excellentes raisons de le faire. Mais de l’autre côté, on sait exactement ce que Marine Le Pen veut faire – conduire la France et l’Europe vers une catastrophe annoncée.

L’implosion des partis traditionnels, en France comme en Autriche, devrait donner à réfléchir à ces partis qui doivent se réinventer très rapidement sous peine de disparaître de l’échiquier politique. Le 21e siécle reclame d’autres structures politiques que ces appareils poussiérieux qui ne servent plus les peuples, mais uniquement les ambitions personnelles des uns et des autres.

Est-ce que Macron sera celui qui apportera cette modernisation nécessaire à la France ? Pour l’instant et face à un programme difficile à cerner, personne ne peut le dire. Mais dans le pire des cas, même s’il ne devait pas être celui qui modernisera la France pendant les 5 ans à venir, il aura été au moins le déclencheur d’une telle modernisation. Mais même 5 années d’ultralibéralisme seraient toujours largement mieux que de voir la France tomber entre les mains de ceux qui représentent un réel danger pour la cohésion sociale, nationale et européenne. Donc, chers amis français, on vous attend le 7 mai pour un exercice que vous maîtrisez depuis 15 ans – le « sursaut républicain ». Merci.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste