Et si le « Putsch » en Turquie était de la « légitime défense » ?

Le Commissaire Européen responsable pour l’Extension de l’Union et la Politique de Voisinage, Johannes Hahn, a relevé l’existence des listes d’opposants établies par l’administration d’Erdogan AVANT le putsch.

L'existence de "listes noires" relevée par le Commissaire Johannes Hahn a été confirmé par le vice-premier turc Simsek. Ce qui donne à réfléchir. Foto: European People's Party / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Depuis le « putsch » en Turquie, tout le monde essaye de comprendre ce qui s’est passé. Toutes les théories pensables sont actuellement discutées, mais l’information donnée par le Commissaire Européen Johannes Hahn et confirmée hier par le ministre des finances et vice-premier Mehmet Simsek, jette une toute autre lumière sur ce « putsch ». L’administration Erdogan avait préparé depuis un bon moment des « listes noires » de milliers et milliers d’opposants – et si ce « putsch » était une tentative désespérée d’éviter la « purge » qui allait inévitablement arriver ?

Mehmet Simsek n’a même pas essayé de nier l’existence de ces listes, établies dans l’unique but de faire taire l’opposition. Au contraire – le membre du gouvernement turc qui a arrêté de milliers de personnes, chassé de milliers de juges, enseignants, militaires, qui vient de lancer un nouveau mandat d’arrêt contre 42 journalistes qui déplaisent au régime Erdogan, a déclaré que le coupable pour ces agissements serait, bien sûr, le prêtre Fethullah Gülen qui lui, vit aux Etats-Unis. « Nous en avons les preuves. Et c’est pour cela que nous avons identifié depuis des semaines, des adhérents de ce mouvement dans l’armée et la police ». Difficile de croire que Gülen ait pu faire adhérer plus de 60.000 personnes depuis son exile américain…

Mais cette information donne lieu à un autre soupçon. Puisque les agents d’Erdogan ont donc travaillé pendant des semaines sur l’établissement de ces « listes noires », il y a de fortes chances à ce que ce « travail » ait été repéré par quelques-unes des personnes visées, par exemple dans les services secrets de l’armée. Sachant que cette « purge » se préparait, les militaires auraient donc décidé de passer à l’acte avant qu’elle n’intervienne de toute façon, ce qui expliquerait aussi le côté « amateur » de ce « putsch » qui n’a pas pu être préparé pendant longtemps. Une sorte de « légitime défense » ?

En vue de ce qui se passe depuis une dizaine de jours en Turquie, à savoir l’abolition de l’état de droit, incarcération en masse de l’opposition, prise de contrôle du gouvernement de tous les secteurs-clés de la société (armée, justice, enseignement, médias), on pourrait arriver à la conclusion que l’administration Erdogan ait sciemment provoqué ce « putsch » pour avoir un prétexte d’intervenir et de transformer la Turquie en une dictature présidentielle islamique. L’Europe, comme d’habitude, regarde les bras croisés ce qui se passe au Bosphore.

Kemal Atatürk se retournerait dans sa tombe en voyant ce que Recep Tayyip Erdogan est en train d’infliger à son pays.

2 Kommentare zu Et si le « Putsch » en Turquie était de la « légitime défense » ?

  1. Je vois que tu as évolué sur ce sujet, mon cher Kai !
    Bravo.

    • Eurojournalist(e) // 26. Juli 2016 um 13:39 // Antworten

      On apprend tous les jours, cher Gérard. Seuls les idiots campent sur meurs positions… :-) Merci !

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