Et si le Teide se réveillait ?

Un essaim sismique détecté sous le volcan Teide, il y a une dizaine de jours, donna alors lieu à des commentaires variés sur les réseaux sociaux.

Le Teide, vu de la côte est de l’île, émerge des nuages et domine Tenerife. Foto: Greenx / Wikimedia Commons / PD

(Jean-Marc Claus) – Il y a une dizaine de jours, l’Instituto Volcanológico de Canarias (Involcán) annonçait que vendredi 17 juin, entre 01:50 et 04:10 heure canarienne, un essaim de quelques 300 événements sismiques ayant lieu sous le volcan Teide, a été identifié par les capteurs en assurant la surveillance. Un phénomène aux caractéristiques très similaires aux essaims enregistrés le 2 octobre 2016 et le 14 juin 2019.

Selon les volcanologues canariens, les mouvements de fluides tels que gaz, eau et vapeur, circulant dans le système hydrothermal du volcan, en sont responsables. Ce qui n’implique pas une plus grande probabilité d’éruption à court et moyen terme, mais rappelle que Tenerife reste une île volcanique, comme le souligne le communiqué de l’institut.

Ce qui a déclenché une série de commentaires des plus variés sur le compte Facebook d’InVolcan, les plus pessimistes disant que ça a commencé comme ça à La Palma, les plus humoristiques supposant que le volcan proteste contre les projets touristico-commerciaux du gouvernement local. Le parallèle avec l’éruption de la Cumbre Vieja à La Palma est des plus hasardeux, quant à la protestation du volcan, elle souligne une inquiétude légitime.

Inquiétude du Teide, peut-être, mais inquiétude d’une partie de la population certainement, car l’attraction touristique de ce volcan ne devrait pas en faire une machine à cash. Or, c’est bien ce qui se produit, lorsque le tourisme de masse est privilégié par les gouvernements, au détriment de l’environnement et des populations locales.

Lanzarote a eu l’artiste César Manrique et le président du « cabildo insular » (gouvernement local) Pepin Ramírez, pour défendre la préservation de sa spécificité, quand d’autres îles se transformaient en parcs à touristes. La Graciosa, dépendant de Lanzarote, est pour l’instant préservée, car sa petite taille fait qu’elle a très peu d’infrastructures. La Gomera a, par chance, un relief trop accidenté pour les grands projets touristiques. El Hierro, classée réserve de la biosphère par l’UNESCO en 2020, opte pour un développement réellement durable.

Mais il n’en va pas de même pour La Palma, Fuerte Ventura, Gran Canaria et surtout, de Tenerife. Ce qui explique l’inquiétude d’une partie de la population de la plus grande île de l’archipel canarien, et peut-être aussi l’agacement supposé du Teide. Évidemment, le parc national qui l’entoure sur près de 190 km², soit environ 9% de la superficie de l’île, contribue à sa préservation. Quid alors d’une éventuelle éruption du Teide ?

En juillet 2021, Pedro Martín, président du « calboldo insular » de Tenerife, a présenté un plan d’action insulaire face au risque volcanique, conforme aux dispositions du plan spécial en vigueur dans la Communauté Autonome des Canaries. Rappelons que l’éruption de la Cumbre Viela à La Palma, a eu lieu en septembre. Quant au Teide, sa dernière éruption remonte à novembre 1909.

La conseillère insulaire à l’environnement Isabel García, a souligné la nécessité d’informer et de former la population à ce risque, car le risque volcanique est trop faiblement perçu dans l’île. Ce plan a été l’objet de deux années de travail en collaboration étroite avec les municipalités de l’île. Des zones à risque ont alors été identifiées.

Nemesio Pérez, coordinateur d’Involcán, avait rappelé que les plans d’urgence reposent sur trois piliers : renforcer la communication de l’alerte, lancer un programme éducatif sur les risques volcaniques et des exercices répétés. Des centres de regroupement pour la population sont prévus dans d’importantes infrastructures : un à Puerto de la Cruz, un à San Cristóbal de La Laguna et cinq à Santa Cruz de Tenerife,

Donc, personne ne peut dire qu’à Tenerife, le risque volcanique est négligé, ou qu’il a fallu l’éruption de la Cumbre Vieja à La Palma, pour que les autorités s’en préoccupent. Par contre, le tourisme de masse dont l’île est l’objet, reste problématique en cas d’éruption volcanique, même si elle ne se produira pas sans signes avant-coureurs que le réseau de surveillance d’Involcán ne manquera pas de détecter.

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