Et si on écoutait la jeunesse pour une fois ?

De dizaines de milliers de jeunes britanniques ont manifesté à Londres pour envoyer un message à leur gouvernement et à l’Europe – « Never gonna give EU up » ! Et si on les écoutait ?...

Il faut écouter aujourd'hui les jeunes Européens qui eux, ont des visions positives et constructives pour l'avenir de notre continent. Foto: John Cummings / Wikimedia Commons / CC0

(KL) – Depuis le 23 juin, l’Europe n’est plus la même. Le vote britannique en faveur du « Brexit » émeut l’Europe entière et surtout, les jeunes en Grande Bretagne. Plusieurs dizaines de milliers de jeunes britanniques ont manifesté ce week-end à Londres pour réclamer à ce que le gouvernement britannique n’invoque pas l’article 50 des Traités Européens qui déclencherait le processus de sortie de la Grande Bretagne de l’Union Européenne. Il n’est pas trop tard pour admettre que l’organisation de ce référendum était une erreur et de revenir sur une décision dont les conséquences seraient néfastes, autant pour la Grande Bretagne que pour l’Europe.

Sur le continent, depuis le 23 juin, on constate le manque de créativité des responsables politiques. Comme si rien n’était, les Schäuble, Juncker & Cie. continuent sur leurs lancées respectives, Schäuble avec sa proposition d’un contrôle européen central des budgets des états-membres, Juncker en voulant imposer le traité sur les libres échanges avec le Canada, le CETA, en souhaitant contourner les parlements nationaux. Et les prises de positions des uns et des autres sur le « Brexit » expliquent pourquoi les jeunes britanniques vont manifester dans les rues de Londres. Le « Brexit » devient de plus en plus un bras de fer entre les générations.

La génération des responsables politiques ayant transformé l’Europe en une sorte d’agent pour les intérêts des marchés financiers et les grands groupes multinationaux, est visiblement dépassée par les évènements. Prisonniers de leur logique politique qui veut qu’on se limite à faire ce qui pourrait influencer favorablement les prochaines échéances électorales, ils manquent de visions pour une nouvelle Europe – des visions que défend cette « génération Erasme » qui elle, a grandi avec une toute autre conscience européenne. Tous les jours, le clivage entre le monde politique et cette « génération Erasme » se creuse un peu plus.

Bien entendu, depuis le 23 juin, on entend sur tous les médias de vieux crocodiles de la politique qui nous informent d’une voix grave qu’il faut maintenant réformer l’Europe. Sans toutefois dire ce qu’ils veulent faire car dans le fond, ils n’ont pas d’idées. Et ce ne sont pas seulement les idées qui leur manquent, mais également la volonté. Or, pour vraiment réformer l’Europe, il faudra également sortir de l’éternelle logique des sensibilités politiques qui dessinent le monde toujours en noir et blanc, en « droite » et « gauche », ce qui ne correspond plus du tout aux réalités d’une Europe qui justement, n’est pas noir et blanche, mais haute en couleurs.

« Shame on you ! », scandaient les manifestants à Londres en défilant devant le 10 Downing Street, là où habite un certain David Cameron qui lui, avait déclenché ce malheureux référendum du 23 juin pour des raisons liées à ses ambitions personnelles.

Mais il n’est pas trop tard et il convient maintenant d’écouter ceux qui sont censés diriger l’Europe de demain. La « génération Erasme » qui a grandi non seulement en et avec l’Europe, mais qui vit pleinement dans le monde d’aujourd’hui, qui maîtrise, contrairement aux « vieux crocodiles », les outils technologiques issus de la « Révolution Technologique », doit être entendue avant qu’une quelconque décision soit prise. Et pour une fois, la Reine Elisabeth II. et même l’ancien chancelier allemand Helmut Kohl ont raison en demandant à ce que l’on prenne le temps pour réfléchir, au lieu de se précipiter dans le gouffre.

Avant d’entériner cette décision du 23 juin, pourquoi ne pas organiser immédiatement, avec les moyens des institutions européennes, un grand « hearing » sur des plateformes Internet, pourquoi ne pas organiser immédiatement des « forums » permettant un vrai échange entre les responsables et les citoyens qui s’engagent pour l’Europe, pourquoi ne pas rédiger une « Charte des valeurs européennes », pourquoi ne pas écrire une « Constitution Citoyenne », pourquoi ne pas décréter un laps de temps pour que ces actions et réflexions puissent être menées ?

Il n’y a aucune raison d’aller vite maintenant, comme le réclament certains. Au contraire. C’est le moment de ne pas seulement déclarer « il faut réformer l’Europe », mais de le faire. Avant que l’Europe ne se fractionne définitivement en plusieurs douzaines d’états agissant les uns contre les autres au lieu de travailler ensemble pour la paix, la sécurité, la justice sociale, la solidarité et la prospérité partagée. Pour cela, il faudra remplacer probablement tous ceux qui ont contribué à transformer notre Europe en un monstre technocratique incapable d’agir dans le bon sens.

Il n’est pas trop tard, mais il faut agir. Maintenant.

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