Eté 2019 – la France garde des « détenus politiques » en prison

Après le journaliste allemand, arrêté et expulsé illégalement avant le G7, la France a incarcéré trois jeunes Allemands qui se rendaient à Hendaye au « contre-sommet ». Des « détenus politiques » ? En France ?

Lors d'une manifestation à Nuremberg, la libération des trois "détenus politiques" en France a été demandée. Foto: Solikreisautobahn

(KL) – Trois jeunes hommes originaires de la région de Nuremberg en Allemagne sont actuellement en train de faire plus ample connaissance avec les us et coutumes françaises. Non pas dans le cadre d’un échange « Erasmus », mais dans une prison du Sud-Ouest de la France. Arrêtés lors d’un contrôle policier en amont du « contre-sommet » à Hendaye, leur « crime » consistait à transporter dans leur voiture de la « littérature de gauche » – et dans le cadre d’une procédure en référé n’ayant rien à voir avec des standards d’un état de droit, ils ont été condamnés à 2 et 3 mois de prison ferme.

Les incidents juridiques dans le cadre du sommet G7 sont inquiétants. Les trois figuraient dans un fichier mis à la disposition des autorités françaises par les services secrets allemands, fichier qui contient de milliers de noms de personnes que l’on « soupçonne » de défendre les idées de la gauche – activistes, syndicalistes et également des « contacts », comme par exemple le jeune journaliste allemand de Radio Dreyeckland qui a vécu l’aventure de deux arrestations et deux expulsions en une seule semaine. Le député allemand Andrej Hunko (Die Linke) estime que ce fichier est aussi illégal que sa mise à disposition des autorités françaises ; et il convient de souligner que la participation au « contre-sommet » de Hendaye (qui s’est déroulé dans le plus grand calme) n’était pas illégale.

La procédure en référé a été surprenante. Les avocats des trois ont été empêchés de participer à l’audience ; les trois ont été « défendus » par des avocats désignés par la main publique. Pourquoi avoir interdit aux avocats français des trois d’assurer une défense digne de ce nom ? Est-ce que le but de cette procédure était d’émettre un signal fort à tous ceux qui n’adhèrent pas à la politique « mainstream » ? Ils avaient de la « littérature de gauche » dans leur voiture, et à ce qu’il paraît, aussi une cagoule et un spray lacrymogène. A la limite, on aurait pu comprendre qu’on leur interdise la participation à cette manifestation, la nouvelle loi « anti-casseur » permettrait une telle mesure. Les objets trouvés chez ces jeunes, ne constituent en aucun cas des armes ou du matériel susceptible à représenter un« danger public ». Mais force est de constater que ces trois jeune n’ont commis aucun acte, aucune agression, rien. Et cela vaut trois mois de prison ferme ?

Mercredi, une manifestation organisée à Nuremberg par l’organisation des jeunes du syndicat ver.di, des groupes de militants de gauche et des sympathisants de ces trois jeunes a demandé la libération immédiate de ces trois détenus politiques n’ayant commis aucun acte répréhensible. Evidemment, dans le cadre de la nouvelle « loi anti-casseurs », on peut arrêter et incarcérer n’importe qui sous n’importe quel prétexte – mais cela est de plus en plus inquiétant.

Incarcérer des jeunes pour des raisons politiques, cela fait penser à une autre époque qu’on avait espérée révolue. Si l’expression d’une position critique vis-à-vis du pouvoir en place suffit pour se retrouver en prison, c’est que la démocratie se porte mal. Que l’on partage les opinions politiques des uns et des autres, ce n’est pas le sujet. Mais il est inconcevable d’incarcérer des jeunes pour le seul délit de défendre une position politique qui dérange.

Il convient donc de demander la libération immédiate de ces trois jeunes gens et de leur permettre de rentrer chez eux. Les autorités françaises ne doivent pas réellement craindre de les revoir d’aussi tôt – la France se transforme actuellement en un pays que tous ceux qui n’applaudissent pas aveuglement la politique actuelle, éviteront à l’avenir.

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