Étranges parallèles…

L'actuelle crise sanitaire nous renvoie, le meilleur côtoyant le pire, à des scenarii remontant aux deux guerres mondiales.

La France bleu-blanc-rouge, pays de la répétition de scenarii en noir et blanc... Foto: Geek3 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – En ces temps de crise sanitaire, procédant d’une évidente crise du capitalisme et précédant une inévitable crise économique, nous assistons, dans la vie sociale de notre pays, à la répétition de scenarii remontant aux deux guerres mondiales. Quand, le 16 mars 2020, d’un air se voulant martial, Jupiter annonçait que nous étions en guerre, il n’était, cette fois-ci, pas dans la Lune. En mesurait-il alors toutes les conséquences, notamment sur le quotidien du petit peuple ? Permettez-moi d’en douter plus que fortement.

Commençons par de bonnes nouvelles et juste à titre d’exemple : la commune dans laquelle je vis. Le boulanger-pâtissier s’arrête préventivement de travailler. Le boucher-traiteur s’approvisionne en pâtons surgelés et, parallèlement à son activité habituelle, assure des fournées du lundi au samedi. Vital, car le pain, au delà de sa fonction nutritive, est aussi porteur d’un symbole fort et en temps de crise, nous avons aussi besoins de symboles. Comme l’homme ne vit pas de pain seulement (sic), le nouveau conseil municipal, dont l’installation a été reportée au 15 mai 2020, fédère les producteurs locaux pour organiser la vente de primeurs et de lait, avec possibilité de livraison à domicile pour les personnes malades ou ne pouvant se déplacer. En clair, la solidarité s’organise et les élus, pas encore installés, jouent déjà pleinement leur rôle. Voilà qui, toutes proportions gardées, a comme un petit air de Conseil National de la Résistance.

Malheureusement, il n’y a pas que de bonnes nouvelles. Un mouvement de zoom arrière élargissant mon champ de vision, je vois des citadins partis, en totale inconscience, se confiner dans leurs résidences secondaires, pensant qu’il n’y en aurait que pour une quinzaine de jours. Scènes d’exode, comme durant la Seconde Guerre Mondiale, alors qu’aucun bombardement ne menace Paris ! On s’en va la fleur au fusil, comme lors de la Première Guerre Mondiale. A ceci près que les citadins, et notamment les Parisiens, ne sont pas montés au front mais ont, en se repliant à l’arrière, très largement contribué à la diffusion du virus sur l’ensemble du territoire. La grande presse en a parlé, mais très peu car, médiatiquement, il s’avère plus payant de braquer les projecteurs sur les péquins du 93, qui ne restent pas confinés dans leurs cages à lapins. Pourtant, ils ne vont pas exporter le virus à Cabourg, eux…

Mieux encore, pendant que certain(e)s, sur le front, se battent et tombent, d’autres chantent et dansent à l’arrière, passant leur temps de la manière la plus agréable qui soit, tout en se désolant que leurs commandes d’objets non-essentiels, auprès d’une fameuse multinationale de vente par correspondance, mettent du temps à arriver. Scénario 14-18, qui faisait halluciner les poilus lorsqu’ils rentraient en permission… Mais pire que cela, contrairement à cette époque où l’effort de guerre consistait à approvisionner les troupes, nous nous retrouvons en plus dans le scenario 39-45, c’est à dire arnaques, trafics, bientôt marché noir et déjà ostracisation de certaines catégories de personnes, dont les soignant(e)s, stigmatisé(e)s à cause de… leur engagement dans la lutte !

Nous assistons, en cette période de crise sanitaire inédite, depuis la pandémie grippale improprement nommé espagnole en 1918, au surgissement de ce que l’homo occidentalis est capable de générer de pire. De pire, mais aussi de meilleur, notamment quand on voit,   des traiteurs et des restaurateurs fournir gracieusement des repas aux équipes soignantes, des bénévoles fabriquer des masques, des entreprises offrir leurs stocks de protections individuelles aux hôpitaux. La solidarité et l’esprit d’équipe l’emporteront-ils sur l’égoïsme et l’individualisme ? Les prochaines semaines le détermineront…

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste