EUCOR. Une Université en Cinq.

L’ambition d’une «Rhin Supérieur Vallée»

Avec 7 kilos d'or autour du coup, le recteur de l'Université de Strasbourg, Alain Beretz, a inauguré le Campus Européen. Foto: Eurojournalist(e)

(Par Antoine Spohr) – «Oberrheintal» en allemand comme cela pourrait se dire en anglais «Upper Rhine Valley» avec la connotation qui n’échappera à personne.

Une cérémonie officielle hier dans l’aula du Palais Universitaire de Strasbourg a concentré quelques centaines de têtes bien faites et bien pleines pour l’inauguration officielle de l’EUCOR : un gratin trinational d’universitaires pointus et de politiques auxquels il faut néanmoins attribuer quelque mérite, leur prestation étant souvent opportune.

Eucor : la Confédération Européenne des Universités du Rhin Supérieur est née en 1989 mais, à présent, elle a pris corps pour y abriter une âme jusque là un tant soit peu immatérielle.

Trinationale. Les universités du Rhin supérieur, i.e. celles de Strasbourg (Unistra) et de Haute-Alsace (Mulhouse et Colmar) ; celle de Fribourg en Brisgau et l’Institut de Technologie de Karlsruhe (Bade-Wurtemberg) et celle de Bâle, la voisine suisse ont désormais officiellement un statut partagé de GECT (groupement européen de coopération territoriale). En quelque sorte un Campus Européen.

Quelques chiffres pour identifier plus clairement cette «association» :

115 000 étudiants ; 15 000 chercheurs ; 11 000 doctorants et un budget total de 2 300 000 000 d’euros.

Une grande infrastructure de recherche sur le Rhin supérieur est à l’étude : un cœur commun pour tous ces satellites.

Le tout, comme le souligne le président de l’Unistra, Alain Beretz dans un périmètre d’une heure et demie de transport.

Mais pour faire vivre cet Eucor, le campus européen, le financement nécessite des accommodements spécifiques. Le secrétaire d’Etat français Thierry Mandon se dit prêt à prendre en compte l’étude de la méthode. La rectrice de l’université de Bâle, la délicieuse Andrea Schenker-Wicki, à l’humour chaleureux qui force aux sourires une assemblée très concentrée, rétorque que si la France montre l’exemple, les autres ne pourront que suivre.

Le «Rektor» de l’Université de Fribourg Hans-Jochen Schiewer ne peut qu’acquiescer, lui qui a montré une foi indéfectible dans ce projet transnational.

«La pensée n’a pas de limite» – Surtout pas pour tous ces scientifiques avides de trouver et en même temps contraints de partager pour aboutir, en dépit des langues qui, pour eux ne semblent constituer qu’un obstacle passager, vite dépassé.

Le commissaire européen à la Recherche, à l’Innovation et à la Science, le Portugais Carlos Moedas développe des arguments très «européens» et plus loin, humanitaires mondiaux. La communauté scientifique ne doit pas connaître de frontière et selon lui, le pire ennemi c’est «le nationalisme par définition étriqué et stérilisant». Il conseille néanmoins de procéder, sans précipitations, en accordant aux chercheurs le droit à l’échec qui ne doit en aucun cas empêcher de persévérer inlassablement. Eh oui ! Le succès, la solution , la trouvaille c’est pour quand ? On ne sait pas, on cherche… Cet homme là est à sa place à la Commission de Bruxelles car il connaît son sujet et visiblement, il travaille avec les universitaires qu’il semble bien connaître.

Tous les discours comme les interventions à la table ronde, méritent une analyse approfondie que nous ne manquerons pas de faire opportunément, nous contentant ici, dans l’urgence, à n’offrir qu’un aperçu succinct de cette cérémonie exceptionnelle, grave et émouvante aussi pour les profanes.

Avec la ponctualité suisse, l’insigne rigueur allemande et le raffinement décontracté français, on boit un cocktail délicieux, prometteur en ces temps sombres pour l’Europe. Une lueur bienvenue !

Pour la bonne bouche, en point final de la cérémonie, cette remarque d’une jeune fille doctorante, chercheuse polyglotte s’adressant aux étudiants massés au fond de l’aula.

«Si vous voulez poursuivre des études ou des recherches en Allemagne, n’y renoncez pas sous prétexte que vous ne parlez pas la langue, vous l’apprendrez vite».

1 Kommentar zu EUCOR. Une Université en Cinq.

  1. Oui, merci à l’EUCOR comme à Antoine Spohr de le rappeler – mieux, de le réaliser et de le diffuser : puisque DIE GEDANKEN SIND FREI, les idées sont libres – mieux, elles nous libèrent : des frontières comme des oeillères qui limitent, ligotent, asphyxient et aveuglent l’EurOpe née sous le signe, et avec la vocation, des Larges-Vues.

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