Eudald Carbonell, pour une révolution évolutive

Interviewé par le quotidien El Diario, l'archéologue catalan Eudald Carbonell livre une intéressante analyse de la Covid-Crise.

La révolution ne sera pas télévisée, mais la technologie pourra l'aider. Foto: DTM / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(Jean-Marc Claus) – Ayant plusieurs cordes à son arc, Eudald Carbonell, associe histoire, anthropologie et géologie à sa démarche d’archéologue étudiant l’évolution de l’espèce humaine. Pour lui, comme il explique dans une interview parue dans El Diario, la mondialisation, canal par lequel s’est développée la pandémie de Covid-19, est une erreur. Cette crise sanitaire est un sérieux avertissement, car ne pas prendre de décisions pour changer de modèle risque d’entraîner l’effondrement de l’espèce. La sursaturation des services de soins intensifs, que nous avons vécue et vivons encore, constitue une modélisation de ce qui peut se produire au niveau planétaire, quand la société se trouve face à l’incapacité de mener une vie normale.

Loin d’être collapsologue, et encore moins complotiste, Eudald Carbonell avance la nécessité de passer de la mondialisation à la planétisation. Un concept qu’il défend depuis une quinzaine d’années, substituant la diversité à l’uniformité et le progrès au développement. Ce changement de système doit être basé sur une démarche guidée par la connaissance, et non les intérêts politiques ou géopolitiques. Il parle d’interdépendance dans la diversité et se place dans une perspective de « revolución evolutiva », soit à l’exact opposé de ce qui s’est produit lors de la révolution industrielle, dont on ne compte plus les pertes humaines. Révolution évolutive s’appuyant sur la technologie qu’il nous incite à employer pour faciliter la sociabilité. Le langage (au sens psychanalytique) et la technologie (au sens initial), nous ont rendus humains. Ainsi, écarter la technologie reviendrait à nous priver d’un ressort essentiel, à un nécessaire changement de cap pour aller vers plus d’humanité.

Eudald Carbonell dit clairement que le capitalisme n’apporte pas de réponses aux problèmes qu’il crée. Parallèlement, il fait aussi la critique du socialisme dont il attribue l’effondrement au fait que nous n’avons pas les capacités suffisantes pour fonctionner dans un système rationnel. Cette absence, ou pour le moins ce déficit de rationalité qui empêche l’instauration d’un système basé sur l’interdépendance et la redistribution à l’ensemble de la planète. Cette absence, ou pour le moins ce déficit, de rationalité qui nous conduit à élire les dirigeants « los más imbeciles ».

D’après lui, à l’issue de la crise, il y a fort à craindre que les gens se laissent aller à glisser dans le monde d’avant. Cependant, Eudald Carbonell n’exclut pas que se soit créé, dans la conscience critique de l’espèce, un substrat propre à générer une vague de nécessaire changement. Une conclusion qui laisse de la place à l’espoir car venant tout de même lier la gerbe d’une analyse implacable et d’une critique radicale. Mais peut-on reprocher à un chercheur de son envergure de livrer un examen aussi méthodique de la situation ? Certes non, à moins de s’entêter à penser que cette crise sanitaire n’est qu’une péripétie, dans un monde où tout va pour le mieux…

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