Europe Centrale : le point sur le virus

Prague Foto: Petar Milosevic/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/4.0Int

(Marc Chaudeur) – Dans les pays de ce qu’on a pris coutume de nommer le Groupe de Visegrad (Pologne, Tchéquie, Slovaquie, Hongrie), le nombre de personnes affectées est plutôt restreint, le nombre de victimes létales aussi. Pourquoi un bilan aussi encourageant ?

Prises ensemble, les populations de ces 4 pays qui composent ce qu’on continue de nommer Europe Centrale correspondent à peu près à la population française. Mais le nombre de personnes touchées par le vilain virus est bien moindre, et c’en est assez impressionnant.

L’excellent Courrier d’Europe Centrale nous en livre quelques chiffres et quelques explications sans doute assez satisfaisantes, du moins pour 3 d’entre elles.

Les pays du « Groupe de Visegrad » ne totalisent que 0,4% des décès dans le monde (700 en tout sur 160 000), et 0,7% des décès de l’ensemble de l’Europe… Il faut cependant tenir compte de … l’incertitude de certains chiffres, liée aux raisons politiques que l’on devinera aisément. Le nombre de dépistage, cependant, n’est pas très élevé : il équivaut à celui de la France ou de la Grande -Bretagne, loin derrière l’Allemagne. La proportion des dépistages est proportionnellement plus élevée en République tchèque que dans les 3 autres pays.

Pourquoi ces résultats somme toute pas trop tragique, et globalement encourageant ? A cela, plusieurs raisons.

La première est particulièrement sensible dans ces pays dont 3 sur 4 sont dirigés par des gouvernements populistes : c’est la fermeture des frontières. Le COVID-19 a été bien évidemment introduit par des étrangers (il n’apparaît pas par génération spontanée comme au 19e siècle on croyait que faisaient les microbes…). Il fallait donc fermer les frontière. Cela heurte les sensibilités occidentales une nouvelle occasion excellente pour une certaine presse de crier haro sur le baudet en sous-entendant : regardez comme ils sont barbares, ces gens, et voyez comme nous, à l’Ouest, sommes ouverts et généreux – et une bonne partie des populations de ces 4 pays ; la Pologne est très clivée à cet égard, mais c’est efficace.

Par ailleurs, les populations se sont largement confinées dès avant la prise de décision officielle à l’égard du confinement. Peut-être est-ce dû à un sens de la responsabilité quant à l’hygiène et à la santé rendu plus aigu par les politiques et les sécurités sociales maigrelettes, voire très insuffisantes : on veille davantage à sa santé quand les autorités ne s’en chargent à peu près pas. Bien entendu, la situation des individus ne est d’autant plus grave quand ils tombent vraiment malades…

Ensuite, la réticence à porter un masque est infiniment moins importante qu’en Italie ou en France, peut-être (au moins en partie) pour la raison suggérée ci-dessus : il est moins grave de ne pas laisser admirer son frais minois que de tomber malade. A propos de frais minois, Susana Čaputova, la charmante dirigeante slovaque montre l’exemple, contrairement à Emmanuel Macron et à tant de dirigeants : elle n’apparaît jamais plus sans masque, comme on peut le constater notamment sur sa page facebook abondamment alimentée en messages et en images quotidiennes de discours et d’activités diverses, visites à de vieilles personnes méritantes et inaugurations de chrysanthèmes y comprises.

Certains analystes affirment, enfin, que la mobilité des populations, surtout rurales, est moindre qu’en Europe occidentale.Mais ce n’est pas beaucoup davantage qu’une supposition ; nous ne disposons pas en tout cas de chiffres suffisants pour confirmer cette assertion intuitive. Elle peut expliquer en partie, cependant, les grandes différences avec l’Autriche (presque 15 000 cas, 460 décès), pays d’Europe Centrale mais à l’histoire et à la culture différentes.

En somme, on hésiterait peu à citer les pays d’Europe centrale comme exemple : exemple d’une crise sanitaire gérée pas si mal du tout. Des données objectives initiales peuvent favoriser un probable dénouement heureux de la propagation du COVID-19 : la présence moindre de grands centres, hormis Budapest et Prague et la circulation moins intense des personnes. Mais cela n’explique pas tout. Nous sommes très loin, en tout cas, de certains situations catastrophiques que nous connaissons ou avons connues en Occident – Etats-Unis compris.

A consulter : https://courrierdeuropecentrale.fr

 

 

 

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