Europe : comment la faire exister ?

Construire l’Europe, oui, mais comment ?

Taureau grec antique Foto: Jebulon/Wikimédia Commons/CC-BY-SA PD

(Marc Chaudeur) – Un tableau contrasté… La participation assez forte des citoyens européens lors des dernières élections a montré que les Européens croient possible une démocratie européenne. Mais à l’opposé, les emberlimistouflages au moment du choix du Président (de la Présidente) ont montré que cette démocratie n’est pas réelle ! Alors, que faire pour la sortir de son cocon un peu flétri ?

Sans doute, trois points essentiels importent surtout. D’une part, la réalisation effective de cette démocratie dans les institutions et dans les pratiques. Ensuite, une plus grande justice pour tous les membres de l’ Union, c’est-à-dire, une bien plus grande égalité entre les Etats – justice ne va jamais sans égalité, comme on devrait ne jamais l’oublier. Et enfin, un point qui se rattache étroitement au second : comment lier plus solidement ces deux parties de l’UE que sont l’Ouest et le Centre-Est ?

Le premier point, nous l’avons évoqué récemment dans un précédent article (https://eurojournalist.eu/la-democratie-en-europe/) : il serait tout à fait nécessaire de donner à l’expression « démocratie participative » son sens le plus effectif et le plus noble. Pour ce faire, on pourrait réunir à Strasbourg, tous les mois par exemple, un forum de citoyens européens qui exercerait son influence sur les instances européennes de décision, à commencer par le Parlement. Un secrétariat se chargerait de l’organisation de ce forum. Voilà qui rendrait à Strasbourg sa signification démocratique forte et véritable !

Ensuite, pour ce qui est de l’égalisation et de la justice : on sait qu’il existe un base commune fort bien pensée pour asseoir les minimaux sociaux dans l’ensemble de l’Union : ce qu’on appelle le Socle européen des droits sociaux de Göteborg (établi le 17 novembre 2017), dont la préoccupation majeure est d’empêcher autant que possible des fléaux comme le dumping social. Bien évidemment, il faut le vouloir ; il faut que les dirigeants mettent la main à la pâte et cessent de se limiter à la pratique d’ incantations magiques devant des bâtons d’encens – et engager dans cette réalisation des crédits conséquents.

Il s’agit d’ailleurs là d’un des volets principaux dont Emmanuel Macron (et bien d’autres avant lui, depuis Jean Monnet) concevait l’instauration d’un budget européen. Ce qui a été mis en place le 21 juin 2019, mais avec quelles restrictions ! L’ours est devenu un petit veau, et le fameux budget européen s’est rétréci en peau de chagrin. (v. l’article de Maxime Vaudano dans Le Monde du 17 juin de cette année). Nous devons ab-so-lu-ment prendre le veau par les cornes et l’étirer jusqu’à ce qu’il redevienne le taureau qui symbolise la belle Europe.

Et enfin, le point sans doute le plus difficile : comment recoller les bords de la faille qui ne cesse de grandir entre l’Ouest et «l’Est» ? Il faut essayer d’envisager des projets communs, qui permettraient de transcender les différends et les suspicions réciproques. Oui, mais c’est difficile… Quels projets, alors même que les idéologies s’opposent sur des points quasi irréconciliables ? Certains auteurs comme Fabien Chevalier, président de l’association Sauvons l’Europe, à tendance social-démocrate, préconisent la création d’universités européennes – une proposition que Macron avait formulée déjà. Ce serait le creuset d’une culture politique commune, et de bien des choses essentielles à construire et qui ne l’ont jamais été. Une proposition insuffisante, mais intéressante.

Tout reste donc à faire. La popularité des élections du 26 mai est allée de pair avec l’exhibition peu agréable d’une absence de respect du suffrage populaire, et les personnalités en place montrent que rien n’a encore changé malgré les bonnes intentions affichées dans les milieux de ceux qui profitent le mieux des institution européennes. Il faut construire l’Europe à partir d’aujourd’hui !

 

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