Europe : le Walhalla des bailleurs (de fonds)

Toujours moins de démocratie dans les institutions européennes

Retour de l'Ancien Régime dans les institutions européennes ? Foto: NASA / Wikimedia Commons / PD

(Marc Chaudeur) – Une déconvenue de plus provenant des institutions européennes ces dernières semaines : le projet de listes transnationales a été saboté et rejeté lors des dernières élections… Un pas en arrière à l’égard de l’acquis important de 2014 : celui de l’élection des Spitzenkandidaten par lesquelles chaque famille politique désignait son candidat, et où le vainqueur des élections devenait président de la Commission européenne – et par là, somme toute, de l’exécutif européen. La démocratie recule. One step forward, two steps backward.

Le 7 février dernier, les conservateurs (majoritaires) ont torpillé cette belle intention et du même coup, la possibilité de tout choix démocratique du Président. Seuls les premiers ministres grec, italien, maltais et suédois  ont soutenu cette idée. La constatation s’impose, une fois de plus : Bruxelles fait preuve d’un mépris manifeste, et même affiché, à l’égard des citoyens-électeurs potentiels. « C’est trop difficile pour eux », diraient ces néo-aristos s’ils osaient parler franchement, en dehors de leurs salons feutrés.  Mais ils ne l’osent pas; peut-être par crainte que la révolte virtuelle ne se concrétise en révolution réelle ?

Une superbe contradiction de plus : alors même que les groupes politiques du Parlement européen ont empêché, le 7 février, la possibilité du choix de listes transnationales, ils proclament bruyamment, maintenant, leur volonté de maintenir la procédure d’élection par Spitzenkandidaten ! Comment interpréter ce ridicule tournicotis ? C’est que sans doute, ce petit monde va s’entendre pour désigner… le candidat du groupe des Conservateurs, pour le moment majoritaires !

La suite du feuilleton aux prochaines élections, donc. Il faut d’urgence s’inquiéter du caractère toujours moins clair des procédures et des décisions dans les institutions européennes.  En témoigne aussi le grenouillage autour de Mr Selmayr, ces derniers jours – que d’ailleurs, bien peu de journaux ont relevé. Chef de cabinet de Mr Juncker, Martin Selmayr, homme de cabinet, a été nommé Secrétaire Général de la Commission, en dépit de son inexpérience totale jusque-là de toute activité administrative; et cela, au bénéfice d’un joli saut carpé par-dessus la progression hiérarchique normalement imposée. Voilà qui est inédit, et qui constitue une véritable régression démocratique, surtout en ce que Selmayr cumule désormais les postes de conseiller de Juncker et celle de Secrétaire général !

Privilèges, favoritisme, mesures d’exception, décisions quasi-censitaires… Les pratiques de l’Ancien Régime (au sens français) semblent imprégner de plus en plus, voire envahir, le système de gouvernance européen. Il faut que les citoyens se réveillent et réagissent.

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