(Spécial été 2022) – Europe – Russie : le divorce

Hier, la Russie a claqué la porte au Conseil de l'Europe et quelques heures après, le Conseil de l'Europe a voté dans les faits, l'exclusion de la Russie. Le divorce est consommé.

La Russie ne fait plus partie du Conseil de l'Europe. Après la chute de Poutine, elle pourra revenir. Foto: France Diplomatie - MEAE / Wikimedia Commons / PD

16 mars 2022 – Avant que le Conseil de l’Europe ne puisse virer la Russie, celle-ci se retire du Conseil et se met encore un peu plus hors-jeu.

(KL) – Hier, la Russie s’est encore une fois éloignée de l’Europe. Dans la journée, la Secrétaire Générale du Conseil de l’Europe, Marija Buric, a reçu officiellement la notification du retrait de la Russie du Conseil et ainsi, aussi de la Cour de Justice des Droits de l’Homme. Mais ce retrait n’intervenait que quelques heures avant le vote de l’Assemblée Parlementaire qui elle, votait un texte (216 votes pour, 0 contre, 3 abstentions) rédigé la veille, invitant la Russie de se retirer immédiatement du Conseil, autrement, le Conseil allait déclencher la procédure d’exclusion. Ce ne sera plus nécessaire, la Russie vient de quitter l’Europe.

Ce retrait a été justifié par des déclarations paranoïaques et désormais habituelles du gouvernement Poutine, reprochant au Conseil de l’Europe d’être devenu un instrument de manipulation et de propagande de l’Occident. « Les décisions discriminatoires concernant la Fédération de Russie nous obligent à quitter cette organisation », disait le ministre des affaires étrangères russe, Sergej Lavrov qui lui, a beaucoup baissé de niveau ces derniers jours. Jadis considéré comme un « Talleyrand bis », il n’est plus que le perroquet de Poutine et n’apporte plus rien au débat.

Mais jusqu’où la Russie veut encore s’isoler ? Est-ce que l’amitié de Érythrée, de la Corée du Nord, de la Syrie et de la Biélorussie (qui de toute manière, est déjà dirigée depuis un bon moment par Poutine qui en avait besoin pour placer ses troupes pour pouvoir attaquer Kiev) lui suffisent ? Est-ce que le fait que la Chine ne se retourne pas contre Poutine (il s’en est bien rassuré de la non-réaction chinoise avant son attaque sur l’Ukraine) lui suffit ? L’exemple du Brexit montre que même une « légère » isolation politique et économique peut déjà avoir des conséquences fâcheuses.

L’économie russe est endommagée pour les années à venir, d’autres conséquences économiques sont à venir. L’équilibre fragile des relations commerciales au niveau mondial est gravement perturbé et l’impact sera fort sur toutes les économies du monde. La guerre en Ukraine coûte des sommes pharaoniques au régime Poutine qui manque déjà d’argent, les obligations russes ne valent plus un kopeck et le classement de la Russie chez les agences de notation, se situe maintenant au niveau « junk », à deux doigts de la cessation du paiement. La dernière fois que la Russie a connu une telle crise, c’était en 1917.

En quittant le Conseil de l’Europe, la Russie a anticipé son limogeage de l’institution diplomatique de l’Europe. Un pays qui viole ouvertement les fondements même d’une telle organisation, n’y mérite pas sa place. Toutefois, la Russie ne cherche pas l’équilibre avec l’Europe, Poutine a décidé de s’attaquer à l’Europe, malgré le fait qu’il n’a strictement rien à gagner dans la démarche. Une nouvelle fois, il ne s’agit que du nationalisme poussé à l’extrême, un nationalisme dont on a connu les versions « light » avec Donald Trump et Boris Johnson. Poutine accepte des sacrifices énormes que son peuple doit faire, il détruit les 80 ans de relative paix en Europe, il veut réorganiser le monde selon ses phantasmes maladifs.

C’est bien que l’Assemblée plénière ait pris la décision d’inviter la Russie à quitter le Conseil de l’Europe. Pour le peuple russe, c’est dommage, car le Conseil y a mené de nombreux projets qui avaient communiqué les « valeurs européennes » aussi en Russie. Aujourd’hui, la Russie trahit ces valeurs (que l’on est toujours en droit de questionner, mais une « valeur » est non-négociable : on n’envahit pas son pays voisin pour y tuer de milliers de personnes) et sa présence au Conseil de l’Europe n’est plus tolérable.

Dans l’histoire de l’Europe, un nouveau chapitre s’ouvre et ce chapitre ne s’annonce pas mirobolant. La guerre en Ukraine s’intensifiera et Poutine est devenu paranoïaque. Il se comporte comme un nazi, tout en soupçonnant la présence de nazis partout ailleurs, il mène une guerre sanglante, s’auto-désigne comme « libérateur » et s’est manœuvré dans une voie sans issue. Au revoir, la Russie, on se retrouvera quand tu te seras débarrassée de ce dictateur.

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