Européennes : en Allemagne

Un tableau modestement encourageant.

La répartition des sièges au Parlement Européen Foto: Kai Littmann/CC-BY-SA/Eurojournalist.eu

(Marc Chaudeur) – Lors d’une soirée au Parlement Européen qui ressemblait à une modeste annexe de Bruxelles – faute d’engagement de certaines autorités – on a pu prendre les résultats et l’ambiance de ces Elections. Un ton assez nouveau : la participation a été exceptionnelle. Et les résultats allemands sont particulièrement intéressants et encourageants.

Première constatation : la participation a été excellente (60%, un peu moins cependant qu’au Danemark voisin : 66 %!) La constatation sur laquelle tout le monde s’accorde, c’est que ces élections ont intéressé les citoyens allemands, qui ont beaucoup assisté aux débats télévisés et en ont beaucoup discuté. Schématiquement, on pourrait avancer que la droite et la gauche ont des résultats décevants : 28,8 % pour la CDU/CSU, 15,5 % pour la SPD. Ce sont les deux grands partis anciens, chenus, un peu dinosauriens ; à comparer, dans une certaine mesure, au PS et aux Républicains français.

Problème d’image et de représentativité plus que de pertinence politique ; problèmes de démocratie interne et de désignation des dirigeants et des candidats… Rappelons d’ailleurs que ces deux partis composent une coalition, la GroKo, et s’associent ainsi, dans l’esprit des électeurs, aux turpitudes de la démocratie allemande, pour le meilleur et pour le pire.

Plus précisément, la CDU/CSU arrive première de ces élections, mais avec une perte de 7 points par rapport à 2014, lors des précédentes élections du Parlement. Plus considérable est la déperdition du grand parti social démocrate, puisque la SPD connaît un déficit de 12 % par rapport aux précédentes, où il avait remporté 27, 3 % des voix.

L’AfD, le parti d’extrême-droite qui montait en flèche jusqu’à l’an dernier, n’a fait que (mais c’est déjà beaucoup trop, certes) 10,8 %. Il semble avoir trouvé son plancher indéfonçable : il arrive toujours un moment où ce genre de partis ne sait plus où dénicher des quidams suffisamment frustrés et aigris pour partager un programme de destruction de la démocratie. A moins d’une catastrophe économique ou autre, l’AfD ne fera sans doute plus de score significativement meilleur. C’est l’une des bonnes nouvelles d’hier. Il est intéressant d’observer à cet égard que si l’AfD fait un meilleur score qu’en 2014 (10,8 % contre 7%), il en fait un moins bon que lors des législatives de 2017, où il avait remporté plus de 12 % des voix.

La grande nouvelle, c’est le score impressionnant des Grünen, qui doublent le nombre de suffrages conquis en 2014, avec 20,6 % des voix (et 9 % des voix lors des législatives de 2017) ! La conjoncture favorable, ou plutôt la conjonction de facteurs favorables ont beaucoup joué en leur faveur, ainsi sans doute que la personnalité charismatique de leurs grands candidats, Ska Keller surtout, si chouchoute.

En effet, il est indéniable que les Allemands se montrent de plus en plus sensibles aux enjeux de l’environnement, du changement climatique notamment. Et que le vote écolo a aussi pour motivation le refus et la saturation qu’inspirent les grands partis de pouvoir susnommés (les Grünen auraient ravi 2 millions d’électeurs au SPD), surtout chez les jeunes : ce sont eux, estiment les statisticiens, qui ont le plus voté Grünen.

Le parti le plus à gauche de ces élections, Die Linke a, lui, ravi 5,4 % des voix : décevant, puisque pour diverses raisons, il peine à nouveau à apparaître comme le parti de la vraie gauche, de l’alternance par rapport à un SPD amorti, embourgeoisé depuis bien longtemps et assez peu mobilisateur. Même score exactement pour la FDP, le parti « libéral-démocrate » – mais ce dernier améliore ses résultats de 3,4 % en 2014.

Un tableau point trop sombre donc, même si le beau succès des Grünen continue à présenter en partie l’aspect un peu problématique de vote refuge de ceux qui ne savent à a quel sein politico-économique se nourrir…

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