Excès xénophobes – la honte allemande

Selon un sondage, 83% des allemands ont honte des attaques xénophobes à Bautzen, Clausnitz et ailleurs. Ce qui ne les empêche pas de voter pour des partis qui prônent exactement cette haine.

A l'époque, c'étaient les synagogues qui brûlaient - aujourd'hui, ce sont les centre d'accueil pour réfugiés. Le mécanisme est le même. Foto: Wikimedia Commons / PD

(KL) – Un sondage effectué pour la première chaîne de télévision allemande ARD a donné un résultat surprenant, mais encourageant. 83% des sondés disent avoir honte des attaques xénophobes contre des réfugiés et des structures d’accueil. Si ce chiffre est impressionnant, il se situe 4 points en dessous du résultat d’un même sondage effectué au mois de septembre dernier. Les images choquantes de Bautzen et de Clausnitz ont laissé des traces, sans pour autant réveiller les allemands. Nous nous approchons de plus en plus d’une ambiance de la «République de Weimar» qui avait précédé l’arrivée des nazis au pouvoir en début des années 30 du siècle dernier.

Si toute l’Allemagne se pose la question sur ce qui se passe actuellement en Saxe, fief des xénophobes et néonazis en Allemagne, l’état de choc après les incidents à Bautzen et à Clausnitz n’a rien changé à l’attitude des allemands. A Bautzen, une foule surexcitée avait applaudi l’incendie d’un centre d’accueil, en empêchant les pompiers d’éteindre le feu. Les images diffusées ressemblaient aux vieilles photos de la «nuit de cristal», lorsque les nazis avaient brûlé les synagogues en Allemagne. A Clausnitz, une foule toute aussi surexcitée avait tenté d’empêcher l’arrivée d’un car transportant des réfugiés et la police s’était prise violemment aux réfugiés qui refusaient de quitter le bus. Etrangement, la police n’était pas intervenue pour disperser les xénophobes en délire, mais avait brutalisé femmes et enfants.

Ajoutez à cela un séisme politique avec la dégringolade des partis traditionnels, la montée de nouveaux partis d’extrême-droite, la violence de la rue dans le cadre de mouvements comme la «Pegida», une situation géopolitique des plus instables – et vous constaterez que presque tous les ingrédients ayant mené au nazisme sont à nouveau réunis. Ce qui n’a pas encore eu d’incidence sur le discours politique qui, à l’approche d’échéances électorales, est toujours un discours de haine et d’exclusion.

Bon, les allemands ont honte. 76% des sondés voudraient que le monde politique condamne ces actes avec fermeté au lieu de tenter d’en profiter pour ramasser quelques votes à droite. 58% estiment que les autorités ne font pas assez pour protéger les réfugiés. Et 77% souhaiteraient que l’Europe se mette d’accord pour résoudre cette situation ensemble – mais les allemands sont réalistes : seulement 32% pensent qu’une telle solution européenne serait possible. Et finalement, 63% pensent aujourd’hui qu’il faille limiter le nombre de réfugiés qui arrivent en Allemagne.

L’analyse de ces chiffres est frustrante – les citoyens et citoyennes n’ont plus confiance en les capacités européennes de trouver une solution commune, les gens demandent une limitation du nombre de réfugiés (et si on commençait par stopper les bombardements dans les pays d’origine de ces réfugiés ?), et la honte allemande n’a aucune incidence sur la volonté des allemands de voter lors des prochaines élections pour un parti de l’extrême-droite, l’AFD, qui lui, voudrait donner l’ordre de tirer sur des réfugiés qui tentent de franchir la frontière.

Voilà le paradoxe allemand – on a honte des excès xénophobes, mais on vote pour des partis qui prônent exactement cette haine qui conduit à ces violences. C’est ce qui s’est passé dans les années 20/30 du siècle dernier et force est de constater que l’éducation nationale allemande doit d’urgence revoir le programme des cours d’histoire. Car visiblement, les allemands ont déjà oublié le chapitre le plus noir de leur histoire.

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