Exit ? UK, c’est par ici.

Autres candidats ? Les conjurés de Visegrad ? Fiat voluntas vestra. Exite !

Voilà la théorie - la pratique européenne en est bien différente en cette année de grâce 2016. Foto: Screenshot Antoine Spohr

(Par Antoine Spohr) – «Merdum», d’ire, on en causerait latin comme au temps de l’Inquisition, en regrettant que l’Europe n’ait pas une langue vraiment commune. Ce titre, c’est à cause de cet «exit» qu’on lit désormais partout.

Pardon pour ce coup de gueule d’un Européen impénitent après des années de militantisme et même d’enseignement de l’EUROPE, y compris à des étudiants américains.

Dans une famille lointainement traditionnelle, fût-ce en Grande Bretagne devenue RU ou en Europe Centrale, triangle de Visegrad devenu quadrilatère (la Tchecoslovaquie s‘étant scindée à l’amiable) , le pater familias eût sans vergogne indiqué la porte aux récalcitrants, rétifs à l’ordre établi.

Expéditif, autoritaire et parfois tyrannique, certes. Mais nous n’en sommes plus là.

En démocratie, plus sérieusement, peut-on revendiquer après une appartenance ardemment voulue puis librement consentie avec des règles fixées par des traités dûment ratifiés , peut-on  chercher à tout prix des passe-droits, des privilèges, des exceptions nationales, des dérogations même à des piliers fondateurs comme la démocratie et la liberté de la presse, après d’autres plus innocemment économico-stratégiques ? Le peut-on sans mépriser tous les autres membres ?

Pour le Royaume-Uni, pas de «remain», juste le regret de l’avoir laissé entrer dès 1973. L’exception est difficilement supportable depuis le début mais, quand tout est calme entre nous, sur fond de guerre froide, on tolère.

Aujourd’hui, c’est l’intrus qui menace de se retirer et les autres s’affolent et cherchent à le retenir. Pur chantage car Cameron n’a pas de plan B. Il joue donc son avenir politique dans une perspective incertaine et de toute façon perturbée. Grave erreur de jugement pour son pays aussi ! Le Congrès des Trade Union (TUC), i.e. les syndicats, s’inquiète mais ne prend pas de position clairement. So british aussi ? Pour le moment.

«In or out, that’s all» ? Pas si simple. En cas de «out», pas moins compliqué que de retenir un empêcheur de garder unie une famille souhaitée soudée. Sans compter que l’Europe pourrait «récupérer» les meilleurs élèves europhiles comme les Ecossais (libérés) et pas qu’eux… tout en évitant une contagion, vers l’entourage de la mer du Nord, de ces caprices nationalistes, panacée imaginaire contre la crise. On verra, peut-être sans l’Union-Jack. On aime et respecte les Anglais mais parfois…

De même pour les états dits de «Visegrad» ou acceptation de cercles concentriques dissidents, si différents dans un grand ensemble qui y perdrait tout sens ?

Ici, il faut admettre que la conjoncture est quelque peu différente.

Les états dits de «Visegrad» (petite ville pittoresque sur le Danube, en Hongrie) s’y sont réunis de façon informelle dès 1991 après le démembrement de l’URSS afin de mieux se préparer à une intégration européenne. Adieu l’URSS, vive le Conseil de l’Europe (Hongrie en 1990, Pologne en 91 et Tchécoslovaquie en 93), antichambre de l’UE, voire de l’OTAN où ce fut rapide : pourparlers en 1997, adhésion en 1999. Allez comprendre cette précipitation post guerre froide !

Pour mémoire : ce fut un peu plus lent pour l’entrée dans l’Union Européenne : 1998 début des négociations ; 2002, le Conseil Européen (chefs d’Etat et de Gouvernement) accepte sans ambages, puis en 2003 signe les traités applicables dès 2004. Merci ! Merci qui, à qui et pour quoi ?

La paix définitive espérée ? Les retrouvailles de peuples si proches culturellement qui ne se sont affrontés que par erreur et qui veulent construire pour l’avenir une Europe puissante , politique, sociale et alors forcément économique ? Fédérale à terme ?

On peut rêver, non ? (Utinam, en latin [pourvu que ou fasse le ciel que] décidément, on a envie de retour en arrière jusqu’au grec ancien dans le prochain coup de gueule, si nécessaire).

Ce n’est pas la préoccupation des gouvernements hongrois, polonais, tchèque et slovaque qui refusent de concert les quotas européens de migrants à accueillir tout en accusant l’UE d’être incapable de réguler les flux et surtout d’être impuissante à en tarir la source. L’UE, qu’est-ce donc pour eux ? Sont-ils déjà sortis ? Non, puisque lorsqu’ un ministre autrichien préconise de leur couper la manne de l’Union, ils crient au chantage.

Indécent, révoltant quand on connaît le drame des réfugiés et les difficultés énormes que connaît la Grèce, en première ligne. Une aide européenne de 300 millions d’euros vient de lui être accordée, ad hoc. C’est bien, mais elle refuse pour autant de devenir un dépôt d’âmes. Est ce bien ce que j’ai entendu ? Ce serait beau !

Pour commencer, dans l’urgence, il faudrait, sous une forme ou une autre, donner à ce pays déjà éprouvé par ailleurs, même si cela est du à des fausses routes passées, tout ce qu’on pourrait retenir en dotation de l’UE aux récalcitrants contrevenant à la loi et à l’esprit de l’Europe tels que les pères fondateurs les ont voulus, à terme.

Une sorte de répartition au coup par coup, utile dans l’urgence mais funeste si cette méthode s’avère seulement occasionnellement nécessaire en oubliant la solidarité primordiale, pérenne.

Nous en sommes loin mais il faut persévérer, quitte à reconfigurer, à refonder, à réinitialiser s’il le faut, ce précieux projet, incontournable.

Tout cela est bien complexe : pour vous le démontrer, je vous propose de consulter le diagramme d’Euler et de l’utiliser en vous amusant à reporter l’aspect qui vous intéresse le plus précisément sur une carte muette. Fournis ici par Eurojournaliste qui ne fait pas encore dans les jeux du WE . Courage, c’est difficile.

Pour la Hongrie, lire l’article sans concession de Kaï Littmann.

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1 Kommentar zu Exit ? UK, c’est par ici.

  1. Le “gueuloir” de Flaubert était un laboratoire à chefs-d’oeuvre. Que cette saine et sainte colère suscite donc des actions salutaires : elles sont à portée de main pour le peuple européen. Car, à défaut de langue commune, l’Europe a les racines et la culture qui la font respirer ensemble, qui peuvent lui réveiller le coeur et redresser la tête. Puisse donc avec les euros l’hospitalité – venue d’Orient, à travers les millénaires et les mers, nous orienter comme douze étoiles dans la nuit – se répartir enfin sans peur ni refus sur notre vaste terroir réfractaire aux frontières : effectivement, même sans le savoir, l’EurOpe reste en mal de loyauté face à son nom devenu nôtre, mais impliquant surtout de “Larges-Vues” !

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