Expulsions – pas si évident que ça

Hier, l'Allemagne a expulsé 28 criminels afghans des prisons allemandes vers leur pays d'origine. Mais même cette expulsion d'un petit nombre de criminels condamnés était compliquée.

Un ODQT n'est pas encore une garantie que la personne concernée quitte effectivement le territoire. Foto: U.S. Immigration and Customs Enforcement / Wikimedia Commons / PD

(KL) – L’Allemagne se trouve actuellement toujours sous le choc des dernières attaques terroristes à Solingen et ailleurs, et le fait que ce genre d’attaque se produit presque quotidiennement, crée un climat d’insécurité généralisé qui risque d’influencer les élections régionales dimanche dans deux Länder allemands. Mais cette expulsion de 28 ressortissant afghans condamnés à des peines de prison en Allemagne, n’a rien à voir avec ces incidents récents. Car même l’expulsion de 28 ressortissants afghans a nécessité deux mois de négociations et a coûté pas mal d’argent.

28 expulsions sur un total de 44155 ressortissants étrangers frappés d’un ODQT (ordre de quitter le territoire), c’est peu. Souvent, les personnes concernées n’ont aucun mal à échapper aux forces de l’ordre et en ce qui concerne des pays d’origine comme l’Afghanistan ou la Syrie, organiser une expulsion relève presque du miracle. Car les pays d’origine de personnes criminelles, refusent généralement de les accueillir. Pour ces 28 personnes expulsées, l’Allemagne a du négocier pendant deux mois avec les Taliban, ce qui s’est fait par le biais du Qatar, car il n’est pas possible de négocier directement avec les Taliban. On ne connaît pas les termes de ce « deal », mais il est évident que l’Allemagne a du payer d’une façon ou d’une autre une compensation pour que les Taliban acceptent de « reprendre » ces personnes. Les 1000 € que l’Allemagne a offert à chacune des personnes expulsées hier depuis Leipzig, constituent sans doute le plus petit poste dans le coût global de cette expulsion.

Puisque cette expulsion avait nécessité deux mois de négociations compliquées, elle ne constitue pas une réaction « populiste » suite aux dernières attaques terroristes. Et elle est compliquée, non seulement sur un niveau logistique. Car désigner l’Afghanistan ou la Syrie comme « pays d’origine sûr », condition sine qua non pour pouvoir effectuer une expulsion, est pour le moins osé. En Afghanistan, les Taliban ont instauré un régime moyenâgeux qui poursuit sans merci toute personne qui ne correspond pas au cadre radical-islamiste mis en œuvre par ce régime qui était considéré comme une organisation terroriste, il y a peu. En Syrie, le Bachir Al-Assad est toujours au pouvoir et ses troupes et agents, après avoir tué de dizaines de milliers de Syriens, sont toujours en activité. Ajoutez à cela la présence de l’armée turque au nord de la Syrie, ainsi que celle de différentes milices, et du coup, il devient difficile de parler d’un « pays d’origine sûr ».

Autre question : ne vaudrait-il pas mieux de laisser des criminels originaires de ces pays purger leurs peines en Allemagne, pour les expulser juste après ? Il y a des chances à ce que ces criminels soient considérés comme des « héros » à leur retour, ayant infligé des torts aux pays « infidèles » que nous sommes.

Et après, l’effort pour expulser 28 des 44155 personnes frappées par un ODQT, est énorme et reste symbolique. Evidemment, face aux critiques qui fusent de tous les côtés, le gouvernement veut prouver par cette expulsion qu’il est en mesure d’agir et qu’il agit. Mais quid des 44127 autres personnes qui, après des procédures juridiques, devrait quitter le territoire ? Cette question risque de nous occuper encore longtemps…

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