Fabian Picardo, l’européen du caillou

Se positionnant contre le Brexit, Fabian Picardo, qui refuse la souveraineté partagée avec l’Espagne, se tourne vers l’Europe sans pour autant rompre le lien avec le Royaume-Uni.

Fabian Picardo dans son bureau avec à sa droite, les drapeaux de Gibraltar, de l’Union Européenne et du Royaume Uni. Foto: InfoGibraltar / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – En avril 2020, Fabian Picardo tweetait que, quatre ans après le référendum sur le Brexit, il était toujours persuadé que ce n’était pas la bonne voie. Travaillant sans relâche à solutionner les problèmes posés par les conséquences de ce choix, il assurait ses concitoyens, très largement opposés au Brexit, qu’il ne les laisserait pas tomber.

Alors que Gibraltar doit se confiner pour cause de pandémie, mettre en lumière la dimension européenne de son actuel « Chief Minister », s’avère d’autant plus nécessaire car face à une catastrophe sanitaire et économique d’une telle ampleur, seule l’option d’une solidarité au sein de l’Union Européenne a du sens. Si tant est que les gouvernants des différent pays qui le composent, veuillent bien en prendre le chemin…

Début décembre 2020, Fabian Picardo plaidait pour l’intégration de Gibraltar dans l’Espace Schengen, mais sans pour autant rompre avec le Royaume-Uni. Il fait corps avec ses concitoyens en affirmant sa profonde nature britannique, la mettant en lieu avec le sang coulant dans leurs veines à tous. Du sang bleu à l’instar de celui de la noblesse, serait-on tenté d’avancer, mais ce bleu pourrait aussi être celui de l’Europe.

En tous cas, il rejette l’option d’une souveraineté partagée entre le Royaume-Uni et l’Espagne. Arancha Gonzalez Laya, Ministre des affaires Étrangères du gouvernement de Pedro Sánchez, avançant la recherche de solutions pragmatiques permettant de « préserver la prospérité partagée », il ne peut être aux yeux du « Chief Minister » de Gibraltar question de partager la plus infime particule de souveraineté.

Gibraltar doit demeurer dans le giron du Royaume-Uni, mais hors Brexit ! Une équation des plus insolubles en l’état actuel des choses. S’appuyant sur l’exemple de principautés telles que Monaco, San-Marin, le Liechtenstein et le Vatican, Fabian Picardo trouve que la libre circulation entre Gibraltar et les pays de l’Union Européenne procède d’une logique évidente à ses yeux.

Ce qui, sans être totalement hors de sens, ne relève pas du même rapport de forces et se joue dans un contexte totalement différent. Le particularisme gibraltarien procède d’une double-culture, parfaite synthèse de la britannicité et du mode vie méditerranéen, comme le souligne excellemment Fabian Picardo. Ce qui n’est pas comparable avec Monaco, San-Marin, le Liechtenstein et le Vatican.

Avec une économie reposant sur le secteur tertiaire, Gibraltar dépend tant des près de 15.000 frontaliers espagnols, que de l’Espagne elle-même. Le caillou n’étant pas extensible, l’expansion de ses entreprises et de son urbanisme ne peut se faire sans le bon vouloir des autorités espagnoles voisines. Ainsi, l’Europe est maintenant autant inscrite dans l’ADN gibraltarien que la double culture mise en avant par Fabian Picardo.

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