Facebook et Twitter – régulateurs de la démocratie ?

En bloquant les comptes de Donald Trump, les grands réseaux sociaux ont voulu empêcher de nouveaux appels à la violence. Mais est-ce bien leur rôle ? Les opinions sont partagées.

Ce n'est pas aux réseaux sociaux de jouer les régulateurs de la démocratie... Foto: geralt / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(KL) – Depuis des mois, le président américain Donald Trump avait infesté les réseaux sociaux avec des mensonges, des « fake news » et des incitations à la haine. Jusqu’à ce jour, il maintient que l’élection lui aurait été « volée » et il a stimulé le sentiment parmi ses 78 millions d’électeurs, d’être victimes d’une fraude massive qui prive leur vedette du « Oval Office ». Si toutes les allégations d’une éventuelle fraude ont été invalidées par les tribunaux, Trump avait continué à inviter ses disciples à ne pas accepter le verdict des urnes et ses appels à la haine avaient conduit tout droit à l’assaut sur le Capitol à Washington – et malgré les avertissements, Trump avait continué à diffuser ses mensonges. Par conséquent et en appliquant les règles en vigueur pour tout utilisateur de ces réseaux, Twitter et Facebook ont bloqué définitivement les comptes du futur ex-président des Etats-Unis. C’était nécessaire, mais est-ce bien leur rôle ?

Twitter et Facebook avaient raison, il fallait empêcher Donald Trump de causer davantage de dégâts, au milieu d’une tentative de coup d’état. Et non, les communications du président américain n’étaient pas couvertes par la « liberté d’expression », il s’agissait de l’incitation à des comportements criminels. Donc, il fallait agir et réagir immédiatement et Twitter et Facebook l’ont fait.

En vue des dernières années, toutefois, force est de constater que le rôle des réseaux sociaux dépasse toutes les bornes. Ce n’est pas aux grands réseaux sociaux d’agir comme régulateur démocratique, mais, comme le proposent différents observateurs, il faudra mettre en œuvre une instance « neutre » qui elle, décidera ce que l’on tolère et ce que l’on ne tolère pas sur les réseaux sociaux. Mais déjà la mise en œuvre d’une telle instance s’annonce difficile – qui siègerait dans une telle instance, libre de tout intérêt personnel, vraiment neutre ?

En tout cas, il faudra être vigilant de ne pas transformer nos sociétés en « démocratie Twitter », même si dans la pratique, c’est exactement ce qu’il se passe depuis 4 ans aux Etats-Unis. L’appel à des actes criminels n’est pas couvert par le droit à la « libre expression » et cela est valable autant pour le président américain que pour Jacques Dupont. Donc, la suppression des comptes de Donald Trump était une mesure tout à fait justifiée, pour éviter d’autres dérapages qui auraient pu mal tourner.

Mais pour l’avenir, il faudra réellement réfléchir – il est inconcevable que des entreprises privées aient un tel impact sur la démocratie. Facebook et Twitter sont des acteurs économiques qui poursuivent leurs propres objectifs commerciaux – ils ne peuvent donc pas assumer le rôle du « arbiter elegantiarum » dans nos démocraties. Toutefois, ils avaient raison d’empêcher Donald Trump de poursuivre son sale travail qui a failli pousser les Etats-Unis dans un coup d’état des plus dangereux. Mais demain, nous ne pourrons pas faire autrement que de revoir le rôle de ces réseaux dans la vie de nos démocraties – il faudra d’urgence créer des instances de contrôle neutre. Ce sont nos parlements qui doivent être les garants de la démocratie et non pas les réseaux sociaux.

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