Fátima : -49,15% !

Le ciel se couvre sur Fátima et le pèlerin se fait rare... Foto: Heribert Bechen / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Jean-Marc Claus) – Alors que Marcelo Rebelo de Susa est officiellement proclamé Président de la République du Portugal en ayant obtenu 60,67% des suffrages exprimés, que plus de 75% des Portugais veulent se faire vacciner contre la Covid-19, le sanctuaire marial de Fátima déplore une chute de 49,15% des dons !

En ces temps de pandémie, le Portugal étant cruellement touché par la troisième vague du SARS-CoV-2, la démocratie et la science s’y porteraient mieux que la religion, ou plus précisément, certaines pratiques à caractère religieux. De quoi désespérer à titre posthume António de Oliveira Salazar, qui avait fondé sa dictature sur le « Triple F », Fado-Fátima-Football, car la Covid-19 met aujourd’hui à mal les trois disciplines !

Comme pour Saint Jacques de Compostelle du côté Espagnol de la Péninsule Ibérique, les pertes financières occasionnées par l’actuelle pandémie sont énormes. Que l’on partage ou non la dimension spirituelle de la chose, c’est au niveau bassement matériel de l’économie locale que cela se joue aussi.

Durant l’année 2020, la fréquentation du sanctuaire portugais est passée de 6,3 à 1,4 millions de pèlerins. La suppression des vols internationaux et la fermeture de la frontière avec l’Espagne n’ont pas facilité les choses. De mi-mars à fin mai 2020, Fátima était vide de pèlerins. Mais la pandémie a accru le nombre de « croyants virtuels », l’Église Catholique rattrapant à cette occasion son retard numérique par rapport à d’autres confessions.

La page Facebook du sanctuaire marial a connu une augmentation de 20% de ses abonnés, pour dépasser 1,2 millions. De 8 millions de minutes de vidéo visionnées en 2019, la page est passée à 67 millions en 2020. La chaîne Youtube dédiée a vu son nombre d’abonnés augmenter de près de 300%. Ainsi, à défaut d’accueillir des pèlerins, le « Santuário de Fátima » a assuré un service en ligne.

Très fréquenté par les Portugais(es) du Portugal, mais aussi ceux de la diaspora, soit un total 82 millions de visiteurs potentiels, ce lieu a une très grande importance dans le monde lusophone qui compte près de 220 millions de locuteurs. Si la tendance majoritaire des visiteurs est hispano-portugaise, le sanctuaire attire aussi des Italiens et des Polonais, ainsi que des Sud-coréens. Le nombre de visiteurs asiatiques était, jusqu’en 2020, en constante augmentation.

A titre d’exemple, côté français, le sanctuaire marial de Lourdes, six fois moins fréquenté que celui de Fátima, a dépassé les 8 millions d’euros de pertes sur un budget annuel de 30 millions. En Octobre 2020, la Semaine du Rosaire a rassemblé seulement 7,5% du nombre de pèlerins habituels. Cette crise sanitaire a, malgré les mesures gouvernementales de sauvegarde, une grande incidence sur les emplois dérivés.

Crise sanitaire, doublée d’une crise économique, qui n’a pas dans l’immédiat pour corollaire une crise de foi. Cependant la vie et l’activité des lieux de pèlerinage, comme celui de Fátima, étant fortement impactées par les conséquences de la pandémie, c’est une part non négligeable de la société qui en pâtit…